Ce jeudi matin, un groupe d’une quinzaine de personnes emplit la salle du club informatique parisien de l’Association Valentin-Haüy (AVH). Deux chiens d’aveugle accourent vers elles, avides de caresses et de nouvelles rencontres. “Chaque premier jeudi du mois, nous organisons une journée portes ouvertes pour faire connaître notre club et nos formations aux infirmières, aux assistantes sociales et aux travailleurs sociaux”, commente Philippe Savoye, alerte ingénieur retraité qui consacre bénévolement ses matinées à superviser l’activité des clubs informatiques de l’AVH. Leur but : initier à l’usage du micro-ordinateur des handicapés visuels, qu’ils soient malvoyants ou aveugles.Basé au siège de cette association reconnue d’utilité publique et financée uniquement par des dons et des legs, le club informatique parisien est aussi le plus important. “Nous disposons ici de neuf postes informatiques bien isolés phoniquement dans des boxes et équipés avec une synthèse vocale, de quatre plages Braille et de trois scanners associés à un logiciel de reconnaissance de caractères”, précise son responsable, Giorgio Canderan, à qui sa très basse vision ne laisse distinguer que des silhouettes.La formation se déroule sur huit cours, à raison d’un par semaine, et coûte 80 euros, un prix presque symbolique, destiné à “responsabiliser l’élève”. Son contenu, à la carte, est défini en fonction des besoins et des acquis du stagiaire. Elle donne droit à fréquenter le club pour s’y entraîner durant six mois, ce qui explique qu’il accueille une cinquantaine de personnes par semaine. “Bien que nous ne fermions le club que trois semaines en été, nous avons en permanence une liste d’attente d’au moins 60 personnes”, relève Giorgio Canderan. Le stagiaire type serait plutôt une femme ; “peut-être parce que les hommes admettent plus difficilement leur handicap. En 2000, nous avons formé 240 stagiaires, autant que l’ensemble des clubs informatiques de province, qui possèdent rarement plus de trois postes adaptés.”Tous bénévoles, les deux tiers environ des 30 formateurs sont voyants, le dernier tiers comprend des malvoyants et quelques aveugles. A l’instar de ceux des clubs de province, ils ont été formés par Jean-Michel Thomas, le responsable informatique de l’association (salarié), également chargé de son site Web. Ce jeudi, il enseigne à deux futurs formateurs du club de Troyes. L’AVH n’en a pas fini de remplir sa mission : selon une enquête de l’Insee menée fin 1999 dans l’Hexagone, 3,1 millions de personnes déclarent une atteinte visuelle, 55 000 d’entre elles sont aveugles et 225 000 souffrent d’une cécité partielle
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