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La TNT est-elle condamnée ?

Concurrencée par les box et les services OTT, la TNT n’est plus le moyen principal d’accéder à la télévision en France. Ses fréquences pourraient être récupérées par les opérateurs, comme le suggère le gendarme des télécoms.

C’est un tabou qui vient d’être levé. Le président de l’Arcep, Sébastien Soriano, a clairement posé la possibilité de tirer un trait sur la TNT dans les colonnes des Echos. « Le modèle de la TNT est à bout de souffle », a-t-il déclaré. Il a même glissé, plus loin : « il est inéluctable que les fréquences TNT basculent du côté des télécoms ». Des déclarations qui font suite à un communiqué de presse publié la veille et où l’Autorité préconise de mettre fin à la régulation de la télévision numérique terrestre parce qu’il n’y a plus qu’un seul acteur dominant, TDF, à pouvoir diffuser des chaînes sur tout le territoire.

La TNT est utilisée par une minorité de Français

Il est vrai que la TNT suscite une désaffection croissante de la part des téléspectateurs. L’Arcep a d’ailleurs pris soin de publier à l’appui de son argumentation un petit graphique éloquent. En bleue, la courbe descendante de la TNT. En rouge, la croissance des box. Les deux se croisent.

Modes de réception de la télévision
Arcep

Des chiffres tirés de l’Observatoire du CSA et qui montrent que si la TNT conserve un taux de pénétration de 55%, cette technologie n’est plus utilisée que par 24% des foyers comme mode de réception unique. Les constats tirés par Médiamétrie sont analogues. Selon l’institut, la proportion des foyers utilisant la TNT est passée de 59,6% en 2012 à 51% en 2017. Aujourd’hui, les box atteignent les 60% et le satellite 23,4%.

La réception de l'IPTV, du satellite et de la TNT en 2012 et 2017.
Médiamétrie

Par ailleurs, les services OTT sont en constante augmentation. 11% des foyers -soit 2,9 millions- affirmaient posséder un boîtier OTT (Apple TV, clef Chromecats, etc..), et 21% des internautes s’étaient déjà abonnés à une offre de SVoD en 2017.

La conclusion de Sébastien Soriano paraît donc logique : plutôt que de maintenir une plate-forme qui coûte de l’argent pour une minorité de gens, autant transférer les fréquences aux opérateurs télécoms qui voient le trafic mobile exploser et font face à une raréfaction du spectre. Ces derniers ne se feraient en effet pas prier pour récupérer des fréquences de la TNT et les mettre à profit dans le déploiement de la 5G.

La suppression de la TNT pose problème

Mais les choses ne sont pas si simples, ce dont convient d’ailleurs le président de l’Arcep. Tant que la couverture numérique du territoire n’est pas achevée, il demeure indispensable de maintenir la TNT qui est reçue, elle, par 97% de la population. Rappelons que l’objectif du gouvernement reste que tous les foyers français soient éligibles à du  « bon haut débit » (au moins 8 Mbit/s) d’ici 2020 et du très haut débit d’ici 2022 (au moins 30 Mbit/s). Nous en sommes encore loin. Aujourd’hui, le THD ne représente que 26 % des abonnements en France.

Enfin, la disparition du modèle de la TNT ferait émerger de nouveaux problèmes. En échange de leurs fréquences gratuites, les chaînes sont soumises à des obligations de couverture mais aussi de financement de la création audiovisuelle. Qui remplira ce rôle à leur place ?
Autre sujet délicat, le prix à payer pour les simples utilisateurs. Rappelons en effet que la TNT ne nécessite la plupart du temps que d’acheter un téléviseur pour y avoir accès. Si l’on se repose à l’avenir sur les opérateurs pour diffuser les chaînes, il faudra y ajouter le coût d’une box et d’un abonnement fixe…

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Amélie Charnay