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La télémédecine embarque dans l’A380

Airbus propose, comme équipement optionnel dans son nouvel avion, une valise médicale connectée au sol par liaison satellite.

A priori, les six personnes qui embarqueront mercredi 27 avril lors du vol inaugural de l’Airbus A380 ne souffrent d’aucune maladie. Cette ‘ certitude ‘ diminuera fortement lorsque l’avion transportera
550 passagers voire même 800. ‘ Entre le nombre de passagers qui augmente et la longueur des vols, un problème médical est de plus en plus envisageable ‘, affirme le docteur Nicolas Poirot, du
Medes, l’institut de médecine et de physiologie spatiales de Toulouse, filiale du Cnes (Centre national d’études spatiales).Cette problématique a poussé Airbus à travailler sur la possibilité d’équiper son nouveau gros porteur d’un poste médical à distance. La société a fait appel au Medes, qui a développé une station portable de télémédecine, permettant la
prise en charge de malades dans des lieux isolés.Cette station portable regroupe dans une valise, les instruments médicaux nécessaires à un premier diagnostic. ‘ Avec cette valise, une hôtesse pourra mesurer la tension du passager, son taux d’oxygène dans le
sang, faire un test de glycémie ou encore un électrocardiogramme ‘,
explique le docteur Nicolas Poirot. Un appareil photo numérique est également à disposition.L’ensemble des capteurs sont reliés à un ordinateur portbale équipé du logiciel Lotus Notes, choisi pour sa robustesse mais également ses fonctions de signature électronique et de cryptage des données, explique le Medes. Ce mini-dossier
médical est transmis via le terminal de communication satellite, relié à Inmarsat, à un centre de régulation médicale au sol. Là, un médecin peut alors intervenir à distance en donnant des ordres ou en demandant plus d’informations.

Des obstacles financiers

Le concept existe depuis 1999 et est utilisé
depuis fin 2001 en Guyane notamment. De premiers essais pour l’équipement des avions avaient eu lieu, au moment des vols de qualification de l’Airbus A340/600 en 2002.Le travail sur l’A380 a permis d’améliorer la station portable notamment en terme de taille, d’ergonomie, de réseaux électrique et de télécommunications. En effet pour que le système soit efficace, il faut pouvoir transmettre les
données dans de bonnes conditions. ‘ Le débit dans les avions était trop faible, limité à 2 400 bit/s, explique Olivier Tournebize, responsable du projet au Medes. Mais il va passer à
64 kbit/s dans les nouveaux appareils. ‘
Les obstacles à l’installation d’un poste médical seraient plutôt financiers. En effet, si le coût d’une valise est très faible par rapport au prix d’un Airbus, l’installation implique d’avoir du personnel de vol formé, dont il faut
réactualiser la formation tous les ans. ‘ Si vous formez une centaine de personnes, cela revient très cher à l’entreprise ‘, explique Olivier Tournebize.‘ Il faut aussi que la compagnie accepte de sacrifier un espace pour pouvoir installer le passager malade et effectuer un bilan dans de bonnes conditions ‘, ajoute le docteur Louis Lareng,
président de l’Institut européen de télémédecine. La pression pourrait venir des autorités internationales de l’aviation civile. ‘ Aujourdhui, les règlementations sont très légères sur ce point, obligeant simplement à avoir
une trousse médicale à bord, mais cela pourrait changer ‘,
estime le docteur Nicolas Poirot.

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Karine Solovieff