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HBS, aux commandes des transmissions audiovisuelles

Le ” diffuseur hôte ” coordonne l’ensemble des moyens techniques et des infrastructures qui vont produire et acheminer les images et les commentaires des compétitions aux quatre coins du monde. Il a dû persuader les opérateurs locaux de télécoms de collaborer avec les télévisions.

C’est l’ancien responsable de la couverture audiovisuelle de la Coupe du monde de 1998 en France que le groupe allemand Kirch a choisi pour prendre en charge la logistique de la retransmission des compétitions qui se dérouleront en mai et juin en Corée du Sud et au Japon.Ce choix n’est pas fortuit, car Francis Tellier, diplômé de Supélec et de Dauphine, a déjà assuré, avec succès, le planning des opérations de couverture des JO d’Albertville et la direction générale de TVRS98, la structure temporaire qui fit connaître au monde la saga des Bleus.L’équipe multinationale de HBS, basée à Boulogne (92), a reproduit un dispositif déjà éprouvé, mais rendu plus complexe par un déploiement dans deux pays séparés par la mer, et sur vingt sites, soit le double de la Coupe précédente. “Le schéma est resté le même, car les télévisions y sont habituées, et les évolutions techniques ont peu d’impact sur l’architecture générale”, explique Francis Tellier, p.-d.g. de HBS. Le dispositif de couverture audiovisuelle mis en place par HBS sur chaque stade (20 à 25 caméras, des dizaines de consoles, pour les commentateurs, et des liaisons de coordination) est centralisé sur site dans une Production control room (PCR), qui délivre ses signaux à un Technical operations centre (TOC). Ce nodal reçoit également des éléments produits localement par des chaînes qui veulent enrichir et personnaliser leur programme.

Un dispositif scindé en deux parties

Le TOC assure ensuite la transmission de tous les signaux par câble optique, avec une liaison de secours par satellite, jusqu’à l’International broadcast centre (IBC), d’où partent toutes les liaisons internationales. Pour la Coupe 2002, le dispositif technique est scindé en deux parties presque symétriques, avec dix stades et un IBC par pays ?” l’un à Yokohama, au Japon ; l’autre à Séoul, en Corée, ce dernier ayant un rôle prépondérant.Chaque IBC comprend des installations de production (studios) et de postproduction (salles de montage), louées à des diffuseurs importants. Celui de Séoul ?” 21 000 m2 sur six niveaux ?” héberge des chaînes comme TF1, les Allemands d’ARD/ZDF, les Italiens de la RAI, les Mexicains d’Azteca, ou encore, les Américains de DirecTV. Sa salle de contrôle principale supervise tous les signaux entrants qui transitent ensuite vers la salle des télécoms, point de départ des liaisons internationales.“Pour la première fois, le diffuseur hôte prend en charge l’organisation du transport des liaisons de contributions internationales (world international feeds), explique Francis Tellier. Pour cela, nous avons conclu des partenariats avec PanAmSat, la filiale de télécoms spatiales de Hughes Electronics (groupe General Motors), ainsi qu’avec l’Union européenne de radiodiffusion (UER), qui dispose de capacité spatiale sur les réseaux AsiaSat et Eutelsat.”Ainsi, les Européens feront transiter leurs signaux en deux bonds, avec un relais par Nicosie (Chypre). Des routes de secours sont prévues, qui empruntent aussi les câbles optiques sous-marins dont les performances permettent désormais l’acheminement sans problème de la vidéo codée en numérique avec un haut degré de qualité.La mise en place du dispositif ne s’est pas faite sans mal : il a fallu négocier avec des opérateurs de télécoms locaux qui n’avaient pas l’habitude de collaborer avec les télévisions. Si l’accord de partenariat a été vite conclu avec Korea Telecom, l’opérateur historique du pays du Matin calme, il n’en a pas été de même dans l’empire du Soleil levant. “Bien que sponsor officiel de la Coupe du monde, NTT n’a pas montré d’intérêt pour une collaboration technique”, déplore Francis Tellier, qui n’a signé avec Japan Telecom qu’en juillet 2001.

Une mise en place délicate

Cette filiale à 66 % du groupe Vodafone est née en 1984 d’une diversification des chemins de fer nippons. Elle dispose d’un imposant réseau interurbain en fibre optique et d’accès aux câbles sous-marins effectuant la liaison Japon-Corée, dans laquelle est aussi impliqué Korea Telecom. C’est d’ailleurs par cette voie, que seront rapatriés vers Séoul les signaux centralisés à l’IBC de Yokohama. “La principale difficulté rencontrée dans nos négociations avec les opérateurs de télécoms fut de leur faire intégrer la prestation de codage dans leur proposition de transmission par fibre, raconte le patron d’HBS. Finalement, nous les avons persuadés de s’occuper de la gestion des codeurs, que nous avons aussi agréés (Sony pour Japan Telecom, Scopus pour Korea Telecom). Les opérateurs ont pris à leur charge le raccordement des stades de leur pays et l’investissement dans les têtes de réseaux, qui sont configurées dans quatorze conteneurs afin de pouvoir être transportées d’un site à l’autre. Pour la première fois, la transmission depuis les stades jusqu’aux IBC est faite en MPeg-TS (Transport stream) à 20 Mbit/s et sous protocole STM1″, complète-t-il.Un autre souci est apparu, en Corée, lorsque HBS a demandé des liaisons RNIS pour réaliser les circuits audio des commentateurs de radio et les voies d’ordres entre réalisateur et techniciens sur site. “Pour les Coréens, le RNIS fait déjà partie du passé. Ils sont les champions de l’ADSL et n’ont concédé que quelques lignes en amont de l’IBC de Séoul. Tous les autres circuits en provenance des stades ont été réalisés en liaison spécialisée “quatre fils” traditionnelle”, admet Francis Tellier.Les différents équipements conçus et gérés par HBS sont désormais fin prêts. Ils reçoivent leurs derniers aménagements et commencent à accueillir les techniciens qui, pendant presque deux mois, vont vibrer en coulisse aux exploits des trente-deux équipes nationales qui s’affrontent.

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Philippe Pélaprat