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Fini le travail payé, place au travail payant !

Certains éditeurs de logiciels ont trouvé un filon en or pour réduire leurs dépenses : faire tester leurs logiciels par une communauté d’utilisateurs et… leur vendre ensuite ces mêmes logiciels.

Ils sont souvent bien sympathiques, ces logiciels libres, régulièrement enrichis par les suggestions et les contributions des utilisateurs. On s’y sent ainsi à mille lieues des ‘ grands ‘ logiciels
monolithiques et fermés de Microsoft, Symantec, Corel ou autres éditeurs.En gros, c’est un peu le Woodstock de l’informatique ! Dommage que certains faussent le jeu et veuillent à la fois le beurre et l’argent du beurre. Car, si la plupart des éditeurs se contentent de recueillir de leurs utilisateurs
des suggestions de nouvelles fonctions, d’autres s’appuient sur la bonne volonté et l’enthousiasme de ces mêmes utilisateurs pour essuyer les plâtres de préversions de logiciels qu’ils leur feront ultérieurement payer.Un exemple significatif de cette pratique douteuse m’a été décrit par une collaboratrice régulière de l’Ordinateur Individuel. Il s’agit de Meedio, un logiciel qui, par l’intermédiaire d’une interface entièrement
configurable, permet de lire et d’organiser sa bibliothèque multimédia.Pour l’essentiel, Meedio transforme un PC en un système de home cinéma. Il se trouve que Meedio est le successeur ?” payant – d’un autre logiciel, MyHTPC qui, lui, était gratuit. Or, de l’avis des utilisateurs, Meedio
apporte peu de choses par rapport à son prédécesseur.Qu’un logiciel gratuit à ses débuts devienne payant, cela n’a rien de choquant. Les auteurs d’un programme, après l’avoir distribué gracieusement tant qu’il n’existait qu’à l’état de prototype, ont besoin de moyens pour développer et
améliorer leur logiciel.En revanche, il est franchement abusif qu’un éditeur compte sur une communauté d’utilisateurs pour mettre au point son logiciel avant de le vendre. Ainsi, Meedio Essential, le module de base,
est vendu 62,40 ?. Mais il n’est même pas complet, le module télévision de Meedio initialement annoncé pour le mois d’août dernier se faisant toujours attendre.L’éditeur diffuse ‘ gracieusement ‘ à ses clients enthousiastes une version pré-release (autrement dit provisoire) boguée et à peine fonctionnelle. Bien entendu, les heureux bénéficiaires de cette
avant-première auront le droit de passer ultérieurement à la caisse, au moment de la sortie définitive du produit.Et cette sortie n’est pas pour demain, l’éditeur ayant même annoncé,
sur son forum, qu’il ‘ laissait à la communauté des utilisateurs le soin de décider le moment où la version provisoire deviendrait une version quasi
commercialisable ‘
. On n’est pas plus prévenant !Peut-être ces mêmes clients seront-ils alors sollicités pour assurer gratuitement la promotion du logiciel, sa traduction dans diverses langues, voire le transport des boîtes de logiciels chez les distributeurs pendant qu’on y
est !Si, un jour, Meedio ouvre un restaurant, je m’abstiendrai d’y aller dîner. J’aurais en effet trop peur qu’on m’envoie faire la plonge, avant la fin du repas, en m’expliquant que cela va m’occuper pendant que l’on
prépare mon dessert.Et sans m’accorder la moindre remise sur l’addition, bien entendu…* Rédacteur en chef adjoint de l’Ordinateur IndividuelProchaine chronique vendredi 4 février

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Etienne Oehmichen*