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Comment la norme 802.11ax va révolutionner nos connexions Wi-Fi

Dans moins d’un an, le protocole 802.11ax sera normalisé. Il pourra alors être utilisé dans les routeurs, ordinateurs et autres smartphones. Il promet d’optimiser intelligemment nos connexions Wi-Fi, notamment grâce à des technologies issue de la 4G.

Ce sera la prochaine évolution du désormais indispensable Wi-Fi. Le protocole 802.11ax est en pleine phase de normalisation qui devrait se terminer dans 9 à 12 mois. Mais les discussions entre partenaires sont déjà bien engagées et les principes généraux de fonctionnement de cette nouvelle norme actés. Quels seront les avantages du 802.11ax par rapport à la dernière norme en date, le 802.11ac ? Et surtout quelles technologies seront utilisées pour y parvenir ?

Les débits seront-ils meilleurs ?

Oui, mais la philosophie générale du 802.11ax n’est pas de rechercher des pics de débits supérieur aux normes actuelles. « On pourra atteindre environ 4,6 Gbits/s, comme sur le 11ad par exemple », nous explique Laurent Fournier, directeur général de Qualcomm France. Très active sur la norme, la société vient récemment d’annoncer deux puces compatibles : la QCAA6290 pour les points d’accès et la l’IPQ8074 pour les terminaux.

Mais ce sont surtout dans les conditions difficiles que le 11ax est le plus utile : « Dans une zone de faible couverture d’un appartement par exemple, on a ainsi mesuré qu’on pouvait passer d’un débit de 2 à 3 Mbits/s à 5 à 6 Mbits/s, explique Laurent Fournier. Selon les conditions de couverture on peut ainsi gagner entre 20 et 30 % de débit supplémentaire ».

Quelles sont les technologies employées ?

Le 802.11ax repose sur quatre principes, tous employés dans une optique d’optimisation du débit de connexion des utilisateurs.

  1. L’OFDMA
    En bon français : « Orthogonal Frequency-division multiple access ». L’OFDMA est une technologie directement inspirée de la 4G actuelle. Ici, l’idée maîtresse est de moduler les débits en fonction de ce dont a besoin l’utilisateur.
    Si dans le même foyer quelqu’un discute avec un ami par chat, un autre surfe sur le Web et qu’un dernier regarde Netflix en 4K, les débits nécessaires ne sont évidemment pas comparables. « Avec l’ancien système OFDM, le débit alloué restait fixe même si l’on ne faisait transiter qu’un petit paquet de données. Sur ces trois utilisateurs, chacun disposait ainsi d’un camion de la même taille plus ou moins rempli. Avec l’OFDMA, on utilise qu’un seul camion bien rempli pour servir les trois utilisateurs », illustre Laurent Fournier.
    Du coup, on libère de l’espace disponible sur la bande passante pour les utilisateurs qui en ont vraiment besoin. 
     
  2. Le MU-MIMO
    On connaît déjà le MIMO (Multiple Input Multiple Output), qui consiste à multiplier les antennes, aussi bien sur les routeurs que les récepteurs. Le préfixe « MU » ajoute la notion d’utilisateurs multiples (Multiple Users). Par rapport aux normes actuelles, on passera ainsi de 4×4 antennes à 8×8 antennes permettant de desservir huit utilisateurs à la fois. Ainsi, chacun d’entre eux bénéficiera de son antenne dédiée, déterminée en fonction de là où il se trouve dans la pièce. « Les appareils de chacun des utilisateurs remonteront pour cela des informations qualifiantes sur l’état de leur connexion, détaille Laurent Fournier. Et cela aussi bien en download qu’en upload ».
    Cela améliore donc clairement la couverture, puisque c’est l’antenne la mieux adaptée à la position de l’utilisateur dans la pièce ou le logement qui sera utilisée. 
     
  3. L’Uplink resource scheduler
    « Imaginez un policier qui régule la circulation pour laisser entrer ou non les voitures sur le rond-point de l’Etoile. C’est exactement le rôle du scheduler », explique Laurent Fournier en une nouvelle analogie routière.
    Là encore hérité des normes 4G, ce principe permet d’organiser et prioriser les données uploadées par chaque utilisateur, alors qu’ils étaient auparavant en compétition frontale pour envoyer leurs données vers le routeur. 
    C’est donc la fin des embouteillages vers le routeur, les flux de connexions sont mieux organisés et ne bouchonnent plus comme auparavant. 
     
  4. Target Wakeup Time (TWT)
    Voilà une dernière trouvaille astucieuse pour limiter les perturbations entre les différents réseaux Wi-Fi. « Si le point d’accès n’est pas sollicité, il va se mettre en veille pour ne plus émettre. Cela réduit le niveau moyen d’interférences », analyse Laurent Fournier.
    Cela évitera que le réseau Wi-Fi de l’appartement de votre voisin viennent perturber le vôtre lorsqu’il ne l’utilise pas.

Quand seront commercialisés les premiers appareils compatibles ?

Avec une norme pas encore finalisée, difficile de répondre exactement à cette question. Il faudra entre 9 et 12 mois pour y parvenir. Les premiers routeurs intégrant le 802.1ax devraient donc être disponibles entre la fin 2018 et le début 2019, tout comme les modèles d’ordinateurs portables ou tablettes compatibles.

En revanche, le délai risque d’être plus long du côté des smartphones : « Il faut pour cela intégrer le 802.11ax directement à nos SoC et il n’est pas certain que la norme soit prête à temps pour que cela soit possible pour le successeur du Snapdragon 835 », conclut Laurent Fournier. Il faudra donc s’armer d’encore un peu de patience pour espérer une connexion Internet plus rapide.

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Jean-Sébastien Zanchi