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Benoît Danard (CNC) : ‘ Les Français téléchargent 1 million de films par jour ‘

Le Centre national de la cinématographie (CNC) a mené une étude sur le comportement des internautes qui téléchargent des films. Benoît Danard, chef du service des études et des statistiques du CNC, estime cependant que les chiffres
recueillis ne permettent pas de mesurer l’impact financier du piratage.

01net. : Quel est l’impact du piratage des films sur l’industrie du cinéma ?Benoît Danard : Comme pour la musique, le piratage des films commence à prendre des proportions importantes, et même s’il est encore difficile de mesurer le manque à gagner, on sait que ça ne rapporte rien. Or
l’industrie du cinéma est une industrie de prototypes. Pour faire un film, il faut multiplier les financeurs ?” des producteurs, des chaînes de télévision françaises et étrangères, des éditeurs, des banquiers, des aides
publiques ?” et les engager sur des montants beaucoup plus importants que pour produire un disque. Une fois le film terminé, c’est la loterie. Depuis des décennies, le cinéma est une industrie financée par les 20 % de films qui
marchent. En France, le financement des 500 films qui sortent chaque année est assuré par les 100 qui font les meilleures entrées. Si le piratage menaçait la rentabilité de ces films, les financeurs réduiraient ou annuleraient leurs
investissements.Quel est le profil des internautes qui pratiquent le téléchargement de films ?Ce sont majoritairement des jeunes, entre 15 et 24 ans, essentiellement des hommes. Ils sont collégiens, lycéens ou étudiants et appartiennent à la catégorie sociale supérieure (CSP+). Ils sont répartis dans toute la France. Ils
sont mieux équipés en informatique que la moyenne et possèdent plus souvent des lecteurs DivX de salon.L’arrivée de ce type de lecteur a-t-il un impact sur le piratage ?Le DivX a tendance à se banaliser. En janvier 2003, il y avait un seul modèle de lecteur DVD compatible DivX, un an plus tard, il y en a vingt et un. 2003 a été l’année de la banalisation du lecteur pirate. Il existe un vrai
danger de ‘ contamination ‘ en raison de la multiplication des supports.Quelle est l’ampleur du téléchargement illégal ?D’après notre étude, 19 % des internautes déclarent avoir téléchargé des films gratuitement. Ce qui représente 3 millions de personnes. Seuls 4 % des internautes déclarent avoir payé pour télécharger des films,
soit environ 600 000 personnes. Dans plus de 8 cas sur 10, ils téléchargent depuis leur domicile. On leur a demandé combien de films ils avaient téléchargés durant le dernier mois, la moyenne se situe à 11 films. Ce qui fait un total de
31 millions de films téléchargés en un mois. Soit encore 1 million de films chaque jour.Et qu’en font-ils ?Sur 11 films téléchargés dans le mois, ils n’en ont visionné que 4. En général, les internautes qui téléchargent des films les visionnent une première fois sur l’écran du PC, seuls. Si ça ne leur plaît pas, ils
détruisent le fichier. Sinon ils le montrent à leurs proches sur un lecteur de salon. Dans la moitié des cas, ils ne prêtent pas le film, et quand ils le prêtent c’est à des proches.Quels types de films téléchargent-ils ?Les internautes déclarent qu’ils téléchargent des films récents plutôt qu’anciens et américains plutôt que français. Mais quand nous leur avons demandé ce qu’ils avaient téléchargé durant les 30 derniers
jours, nous nous sommes aperçu qu’il y avait plus de films français. Nous avons établi une sorte de palmarès à partir des 5 derniers films téléchargés par les internautes. Sur 340 films cités, Le Monde de Némo
arrive en tête, suivi de Matrix, Revolution et du Seigneur des Anneaux. Sur les 60 premiers de la liste, un film sur quatre est sorti en 2004. Et parmi ces derniers, 35 % étaient des films
français. On a parfois des surprises, comme de trouver dans le top 60 La grande vadrouille ou Les tontons flingueurs. Ils ne téléchargent pas que des films, c’est parfois des concerts, des spectacles
ou même des émissions de télévision.Quelles sont leurs motivations ?Elles sont nombreuses. D’abord, c’est un phénomène à la mode, ils ont envie de faire comme les autres. Ensuite, c’est un jeu. Ils ont aussi l’envie de se soustraire au système marchand, de faire des
économies. Il y a également la curiosité. Ils estiment aussi que c’est un usage normal, une contrepartie de ce qu’ils paient à leur FAI. C’est enfin une façon de se valoriser auprès de leurs proches. Dans l’ensemble, ils
ont un grand sentiment d’impunité.Les récentes interpellations que l’on a pu voir au journal de 20 heures n’ont-elles pas un impact ?Ils déclarent être sensibles aux campagnes de communication sur les risques liés au piratage. Plus de 70 % disent être prêts à payer pour pouvoir télécharger des films de bonne qualité qui puissent être téléchargés plus
rapidement.NB : l’étude réalisée par Médiamétrie entre le 15 mars et le 15 avril 2004 a porté sur un échantillon de plus de 3 000 internautes.Voir lintégralité de notre dossier

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David Prud'homme