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Rencontre avec le créateur du DivX

C’est à partir d’un pro gramme de Microsoft que Jérôme Rota, un jeune Français féru d’infographie et de vidéo, a bricolé le format DivX. Portraits de l’inventeur et de son invention.

Le format de compression DivX est à la vidéo ce que le MP3 est à l’audio : il permet de réduire considérablement la taille d’un fichier de vidéo numérique, tout en lui conservant une bonne qualité. C’est donc un format idéal pour la diffusion et les échanges sur Internet, ou le stockage de vidéos numériques personnelles.D’abord cantonné au milieu des ‘ rippers ‘, ces personnes qui font des copies ­ pas toujours légales ­ de DVD-Vidéo, le format DivX est maintenant devenu un standard. Mais d’où vient-il ? Son histoire commence à l’été 1999, dans le sud de la France. Jérôme Rota, un jeune intermittent du spectacle passionné d’infographie et de vidéo, cherche un moyen pour présenter son travail numérique. A l’époque, les graveurs de DVD sont encore rares. Et un CD ne propose pas assez d’espace pour stocker telle quelle une vidéo numérique avec une qualité satisfaisante.Plutôt que de faire une copie sur cassette VHS (avec une qualité désastreuse) ou sur une cassette Betacam SP (un support professionnel très coûteux), Jérôme s’intéresse à un algorithme de compression ­ ou codec ­ développé par Microsoft, le Mpeg4 V3. A l’époque en version bêta non finalisée et accessible à tous, ce codec permettait de réduire la taille des vidéos tout en gardant une qualité acceptable.Jérôme convertit alors toutes ses vidéos. Mais peu de temps après, Microsoft modifie son codec : il n’est plus utilisable gratuitement, et toutes les vidéos encodées avec la version bêta ne sont plus lisibles. Jérôme ne baisse pas les bras, et fort de ses connaissances informatiques (il est titulaire d’un DUT), il modifie quelque peu le programme pour pouvoir lire de nouveau ses vidéos. Le codec DivX était né.

Plébiscité par les internautes…

Jérôme communique sa trouvaille à trois amis avec lesquels il tchate sur Internet. Le cercle des initiés va très rapidement s’agrandir. Au bout de quelques mois, on parle du DivX partout. Et des milliers de personnes s’échangent le codec et l’utilisent à travers le monde. Le phénomène DivX est lancé. L’inventeur améliore le code du DivX, et suit de près les développeurs venus de tous horizons qui travaillent aussi sur le programme, notamment pour l’appliquer aux ordinateurs fonctionnant avec d’autres systèmes que Windows, comme Mac OS ou Linux.Début 2000, six mois seulement après l’invention du DivX, Jérôme est contacté par un Américain, Jordan Greenhall, qui est fortement intéressé par ce codec. Il demande à son inventeur ce qu’il veut en faire, et l’idée de fonder une société outre-Atlantique émerge très rapidement. Il rencontre alors son interlocuteur pour mettre au point un ‘ business plan ‘ : définir ce que devra faire cette société, comment elle fonctionnera et comment elle pourra subsister.Le business plan établi, il faut encore trouver les fonds pour monter la société ­ qui s’appellera DivX Networks ­,ainsi que les ingénieurs qui travailleront à l’évolution du codec. ‘ C’est bizarrement le recrutement des ingénieurs qui a été le plus dur au début. A l’époque, peu d’informaticiens de talent s’intéressaient aux formats de compression vidéo, ce qui n’est plus le cas aujourd’hui ‘, explique Jérôme.C’est aussi à ce moment qu’il décide de réellement sortir de l’anonymat, en donnant une interview au très célèbre Wall Street Journal. Judicieuse opération, quand on cherche des fonds ! La société est montée en trois mois, et l’inventeur du DivX s’établit dans le sud des Etats-Unis, à San Diego. Sa société compte quatre personnes au début, on dénombre aujourd’hui plus de 150 salariés !Même si l’essor du DivX a été fulgurant, Jérôme a toujours gardé la tête sur les épaules, et su donner une saine orientation à son codec. Il explique ainsi n’avoir pas cédé aux sirènes de Napster, un réseau essentiellement utilisé à l’époque pour échanger des fichiers audio piratés.

…puis consacré par les constructeurs

Jérôme est fier d’avoir réussi à imposer son format, là où le géant Microsoft n’a pas encore réussi avec son format de compression WMV.‘ Quelques constructeurs de lecteurs DVD, comme Kiss Technology, ont demandé le droit d’intégrer DivX dans leurs platines, pour se démarquer de la concurrence, raconte Jérôme. Ensuite sont venus les constructeurs asiatiques spécialisés dans les lecteurs à bas prix. Quand les grands constructeurs comme Philips, Pioneer et même Sony en ont eu marre de perdre des places sur les linéaires des grands magasins, ils ont à leur tour intégré cette technologie. ‘ Une consécration

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Frédéric Boutier