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Processeurs 64 bits : pour quoi faire ?

Après les serveurs et les stations de travail, c’est au tour des ordinateurs personnels de s’équiper de processeurs 64 bits, en lieu et place des traditionnelles puces 32 bits. Evolution nécessaire ou invention marketing ?

Les processeurs de demain dès aujourd’hui, c’est la promesse d’AMD et d’Apple, avec respectivement l’Athlon 64 et le Power PC 970 d’IBM, la puce qui équipe les Power Mac G5. Ces processeurs 64 bits sont plus rapides avec les logiciels actuels et, selon leurs promoteurs, devraient atteindre des performances inégalées avec les programmes qui leur seront spécifiquement destinés. Bref, ils seraient ré-vo-lu-tion-naires ! Quoi qu’il en soit, leur lancement fera date, car ils s’inscrivent en rupture avec les processeurs 32 bits qui équipent les ordinateurs de bureau depuis plus de vingt ans. Les premiers représentants du genre, lancés au début des années quatre-vingt, furent en effet le Motorola 68000, pour les Mac, et l’Intel 80386, pour les PC.

Les premiers processeurs 64 bits remontent à plus de dix ans

L’Athlon 64 et le Power PC 970 d’IBM, il faut le souligner, ne sont pas les premiers processeurs 64 bits. Ce titre revient à l’Alpha de Digital Equipment et au R4000 de Mips, apparus en 1992. Depuis, le 64 bits a conquis le monde des gros serveurs et des stations de travail des ingénieurs avec les Sparc de Sun, les Power d’IBM, les PA-Risc de HP et l’Itanium d’Intel. Il s’est même aventuré dans l’univers des consoles de jeux dès 1996 avec la N64 de Nintendo, équipée d’une version spécifique du R4000 de Mips. Et avec son Emotion Engine, la PS2 de Sony lancée en 2000 dispose même d’un c?”ur de 128 bits !Mais que signifient réellement ces chiffres ? Pour le comprendre, il faut savoir que les processeurs ne travaillent qu’à l’intérieur de petites zones de mémoire spécifiques nichées au c?”ur de leurs unités de traitement : les registres. Chacun de ces registres est caractérisé par sa taille, c’est-à-dire le nombre de bits qu’il peut contenir. Le Motorola 68020 et l’Intel 80386 furent les premiers microprocesseurs à disposer de registres de 32 bits. Ceux de leurs prédécesseurs, comme le 68000 qui équipait l’Atari ST et les premiers Mac, par exemple, n’en comptaient que 16. D’ici à penser que l’Athlon 64 et le PowerPC 970 d’IBM sont les premiers processeurs pour PC de bureau équipés de registres de 64 bits, il n’y a qu’un pas… qu’on se gardera de franchir ! En fait, aujourd’hui, le Power PC 750FX des Power Mac G4 ainsi que les Athlon XP, les Celeron et les Pentium 4 disposent déjà de registres de 128 bits spécialisés dans les traitements multimédias et de 64 bits ou 80 bits pour les calculs mathématiques.Ce qui fait la spécificité des nouveaux processeurs d’AMD et d’IBM, c’est le passage en 64 bits d’un type particulier de registres : les registres ‘ généraux ‘. Ces derniers servent essentiellement à deux choses : gérer les accès à la mémoire centrale et… réaliser les opérations qui n’ont pas besoin de plus de 32 bits pour s’exécuter ! Il s’agit là d’un incroyable paradoxe : dans l’immédiat, l’augmentation de la taille de ces registres à 64 bits ­ une opération qui implique la révision de A à Z des bus internes au processeur et de toutes ses unités de calcul arithmétique et logique ­ ne sert à rien ! C’est le prix à payer pour garantir la compatibilité de ces nouveaux processeurs avec les logiciels actuels.

Quels gains pour l’utilisateur ?

Le changement de taille de ces registres laisse quand même entrevoir deux bénéfices possibles. Le premier, c’est de permettre aux ordinateurs de travailler efficacement avec plus de 4 Go de données (voir ‘ 40 bits, pour gérer plus d’informations en mémoire ‘, page précédente). A condition de disposer d’un système d’exploitation adapté, c’est-à-dire qui mette en ?”uvre les instructions exploitant l’adressage mémoire sur plus de 32 bits. C’est déjà le cas de certaines versions de Linux pour les PC à base d’Athlon 64. Microsoft sortira une version de Windows compatible en septembre prochain. Du côté d’Apple en revanche, aucune date n’a été communiquée pour la sortie d’un Mac OS 64 bits.Le second avantage, c’est qu’il deviendra possible de confier aux registres généraux 64 bits quelques-uns des travaux normalement dévolus aux registres 128 bits, afin de désengorger ces derniers. Les développeurs sont partagés sur les gains de rapidité que l’on peut en escompter. Cela suppose par ailleurs une recompilation des logiciels, ainsi que la réécriture des éventuelles routines écrites directement en langage assembleur. Une ou deux tâches que les éditeurs de logiciels ne semblent pas pressés d’entreprendre…

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Eric Larcher