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Les majors font leur loi

La justice française doit décider du sort des premiers internautes accusés d’avoir téléchargé illégalement des chansons. Mais les majors rêvent de châtier elles-mêmes les pirates en polluant leurs ordinateurs.

Traqués, condamnés, déconnectés : jamais les adeptes du peer-to-peer n’ont été autant menacés. C’est ainsi que s’est ouvert, en décembre, le premier procès d’un internaute soupçonné de téléchargements illégaux sur
Internet… ou plutôt de partages illégaux. Car si Alain Oddoz admet avoir récupéré des chansons, il nie les avoir mis à la disposition des autres. Sa défense s’est articulée autour du droit à réaliser des copies privées pour son usage
personnel, même quand on ne possède pas les ?”uvres originales. Il argue donc que télécharger serait légal, mais pas partager. Le jugement du 2 février devrait faire date.Mais l’arsenal mis en place par les maisons de disques ne se limite pas aux procès ­ souvent risqués en termes d’image tant les peines encourues sont lourdes. S’appuyant sur la nouvelle loi pour la confiance dans l’économie numérique,
elles ont sorti une arme plus légère : la déconnexion. Depuis décembre, une dizaine d’internautes français se sont ainsi vus couper leur accès au Net sans sommation, pour avoir abusé de KaZaa ou d’eMule. Du jour au lendemain, ils se sont
retrouvés sans Internet, les juges, saisis par les maisons de disques, ayant ordonné la résiliation de leur contrat. Ce genre d’opérations coup de poing permettrait de calmer les ardeurs des pirates les plus actifs. Sauf que rien ne leur interdit de
se réabonner ensuite ailleurs… Pour renforcer encore leur arsenal, les majors ont imaginé pire : de faux fichiers musicaux remplis de logiciels espions. Depuis un mois environ circulent, sur les réseaux P2P, des fichiers infectés au
format Windows Media. Un simple double-clic, et ils lancent une flopée de fenêtres de publicités, changent la page d’accueil du navigateur, voire téléchargent d’autres spywares ou adwares. Pour réaliser sa basse besogne, la société Overpeer ­ à
l’origine de l’opération ­ a utilisé une brèche dans le système de protection par DRM de Microsoft. La faille pourrait permettre de loger des virus dans des fichiers musicaux, une opération jusqu’alors impossible. En voulant endiguer le piratage,
les maisons de disques ont peut-être ouvert une nouvelle voie aux pirates. C’est ce que l’on appelle un effet boomerang…

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Marc de Suzzoni