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L’Equipe TV fait son Tour

Avec un PC portable et une liaison ADSL, L’Equipe TV fabrique l’actu du Tour de France. Nous avons suivi son ‘ contre-la-montre ‘ numérique à l’arrivée de l’étape de Chartres.

Tour de France 2004, jeudi 8 juillet, étape de Chartres. La glorieuse échappée de Thomas Voeckler se termine en jaune, mais une autre course démarre autour de lui : le contre-la-montre des journalistes. En une fraction de seconde, une vague de caméras submerge les cyclistes. Face à l’armada de France Télévision (600 personnes, 4 hélicos, 2 avions relais, 7 motos et 3 cars régie), L’Equipe TV aligne un matériel beaucoup plus modeste : caméra DV, PC portable et connexion ADSL. Son objectif : diffuser quelques petites interviews en différé, puis un journal à ses abonnés câble et satellite. Seulement voilà, pour peaufiner les interviews, fini le banc de montage ‘ cut ‘ à 30 000 euros avec écrans vidéo et lecteurs de bandes. Un simple PC portable le remplace, équipé d’un logiciel de montage professionnel ­ Avid X-press Studio. Qu’y perd-on ? ‘ Rien ‘, s’étonne lui-même Christophe Robin, l’homme qui a orchestré le passage sur petit braqué. ‘ Le montage PC est plus puissant, plus souple, plus rapide et moins cher : ce PC a coûté 6 000 euros, logiciels inclus. ‘ Autre argument : ‘ Il ne pèse que 6 kilos, contre 40 kilos pour le banc cut. ‘ L’Equipe TV a aussi économisé sur ses transmissions : ‘ Les journalistes doivent envoyer leurs vidéos au siège de L’Equipe TV pour que nous les diffusions. Auparavant, nous louions un faisceau satellite quotidien de 18 h 30 à 18 h 40. Nous l’avons troqué contre une connexion ADSL Wi-Fi. 13 000 euros d’économie. ‘ Et l’ADSL permet d’envoyer des reportages à n’importe quelle heure. Une liberté que les journalistes apprécient, même s’ils travaillent plus de dix heures par jour

17 h 30

Les coureurs passent la ligne d’arrivée. Stephane David et son cameraman tentent de les intercepter. Dans la cohue, ils parviennent à interviewer quatre cyclistes, dont Thomas Voeckler, le nouveau maillot jaune. La caméra de L’Equipe TV ? Une DVCam Sony 570, la version professionnelle de notre caméscope DV familial : mêmes cassettes, même format, mais un rendu d’image nettement supérieur, qui justifie son prix de 30 000 euros. Dans le sac à dos, une DVCam de secours, la Sony 170, plus compacte, ne coûte que 5 000 euros.

18 h 15

Stéphane a terminé ses interviews. Il enregistre son journal, debout, dos au podium. Eric Boyer lui prête main-forte : l’ancien coureur analyse l’étape, tandis que Stéphane annonce les reportages à suivre… qui ne sont pas encore montés ! Il y en aura deux : l’interview du maillot jaune, que Stéphane montera 20 minutes plus tard, et le résumé d’étape, en cours de préparation dans les locaux de L’Equipe TV grâce aux images de France Télévision.

18 h 30

Stéphane empoigne la caméra et pique un 100 mètres jusqu’à la salle de presse. L’interview du maillot jaune doit être diffusée au plus vite, pour suivre de près le direct de France Télévision : c’est le principe de base de L’Equipe TV. Heureusement pour Stéphane, les caméras DV sont légères : celle-ci ne pèse que 6 kg. Les excellentes Betacam SX de la chaîne fournissent de meilleures images, mais pèsent deux fois plus lourd.

18 h 35

Installé dans un gymnase réservé aux 800 journalistes, Stéphane tire un câble FireWire de la caméra vers le PC. Il faut 60 secondes pour transférer une minute de vidéo sur le portable. Le montage virtuel permet de garder en permanence une vision d’ensemble de l’interview. Et de sauter du début à la fin d’une vidéo sans rembobiner. Le PC ? Un portable HP musclé : Pentium M à 1,7 GHz, 512 Mo de mémoire vive et écran de 1 200 x 1 080 pixels.

18 h 40

Il faut aller vite : Stéphane ne pourra pas fignoler son montage. Il se contente, notamment, de couper les moments creux de l’interview du maillot jaune pour n’en garder qu’une minute. Le logiciel de montage ­Xpress Studio, d’Avid­ dispose d’outils de colorimétrie pointus, d’effets d’incrustation et même d’un générateur de cercle jaune, qui permet d’attirer l’attention du téléspectateur sur une partie de l’image. Le temps presse. Stéphane lance DVonSat, un logiciel qui code la piste son de l’interview en WMA, et le flux vidéo en Mpeg4… un codec comme le DivX ! Mais la qualité d’image est bien meilleure : à 6 Mbit/s, seul un ?”il averti fait la différence avec une vidéo brute. L’excellence a un prix, 2 000 euros la licence, et un poids : 45 Mo pour une minute de vidéo.

18 h 50

La vidéo est parée pour l’envoi par Internet. Stéphane se connecte à l’ADSL Wi-Fi de France Télécom, facturé 5 000 euros pour la durée du tour. 256 kbit/s garantis. La vidéo remonte au siège parisien de L’EquipeTV en 25 minutes. Stockée sur un serveur de 4 téraoctets, elle est vérifiée puis diffusée peu avant 20 heures. Elle sera suivie d’autres interviews, montées le soir même par Stéphane. Sa journée sachèvera vers 21 heures.

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Nicolas Six