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Et le papier devint électronique

Abandonner le papier au profit d’un écran souple, c’est ce qu’autorisera l’e-paper, qui servira de support pour la presse, avant de remplacer progressivement les étiquettes et les affiches. Mais, d’ici là, des progrès restent à
accomplir.

Dans une petite décennie, les quotidiens traditionnels, ceux qui salissent les doigts, auront peut-être disparu, supplantés par la feuille de papier électronique, ou e-paper, en anglais. Une fine feuille en
plastique capable d’afficher, avec la même lisibilité que celle qu’offre le papier traditionnel, les articles que le lecteur aura préalablement téléchargés sur Internet par le biais d’un ordinateur ou d’une borne Wi-Fi…Des journaux croient déjà en l’avenir de ce nouveau support. En 2008, le quotidien les Echos devrait être disponible sur papier électronique ; et le New York Times et USA
Today
, aux Etats-Unis, ou encore Nikkeï, au Japon, préparent des projets similaires. La technologie est prête, ou presque. L’objectif poursuivi : conserver les qualités du papier imprimé traditionnel en évacuant
ses principaux défauts. Pour mériter son appellation, le papier électronique doit donc être léger, fin (moins de 1 mm d’épaisseur) et suffisamment souple pour être roulé. En outre, son affichage doit rester lisible dans des luminosités
ambiantes variées, quel que soit l’angle de vision de l’utilisateur.Tous les prototypes d’e-paper présentés depuis l’an dernier répondent à ces impératifs mais, si les quatre principales techniques de fabrication sont toutes prometteuses (voir les encadrés), de très nombreux progrès restent à
accomplir. Les chercheurs doivent encore améliorer la souplesse et la solidité de leurs prototypes. Il faut également qu’ils augmentent les dimensions de l’image (de 5 à 25 cm de diagonale, aujourd’hui) ainsi que sa netteté, et qu’ils
accélèrent la vitesse d’affichage des procédés. Ils devront en outre privilégier les technologies permettant d’afficher le contenu de la page sans alimentation électrique (jusqu’à sa mise à jour).

Les premiers journaux sur e-paper en 2008

Les premières feuilles électroniques apparaîtront sans doute début 2007. Au format carte de crédit, elles n’afficheront que deux couleurs et serviront, par exemple, à indiquer les prix dans les magasins, une application en cours de
test au Japon. En 2008, les premiers journaux sur feuilles électroniques feront leur apparition ; au format A4, ils seront vraisemblablement en noir et blanc. Ensuite, il faudra attendre quelques années pour que le papier électronique adopte la
couleur, et quelque temps encore avant qu’il n’affiche des vidéos. Enfin, aux alentours de 2015, il remplacera peut-être le papier grand format des affichages publicitaires, mais aussi les étiquettes des produits de consommation courante (paquets de
biscuits, canettes de soda, jouets…), qui s’animeront alors de petits clips vidéo.

Le papier à particules

Développé dans les années 90 par des chercheurs du MIT (Massachusetts Institute of Technology), ce procédé est aujourd’hui le plus abouti. L’e-paper est ici composé de milliers de microcapsules juxtaposées, chacune d’elles contenant
un liquide transparent dans lequel baignent des particules noires et blanches chargées d’électricité : négative pour les noires, positive pour les blanches. Aussi, pour afficher des ‘ pixels ‘, on
applique une tension négative à la base de certaines capsules, les particules noires, rejetées à la surface, deviennent visibles. Et inversement pour les particules blanches.Cette technologie est aujourd’hui développée par E-Ink. Elle devrait permettre de bientôt afficher sur du plastique, du verre, du ‘ vrai ‘ papier, etc. E-Ink est notamment associée à
Plastic Logic, dont le papier noir et blanc devrait servir de support à l’e-version des Echos, prévue pour 2008. De son côté, l’anglais Bridgestone travaille sur un e-paper à base de particules (en partenariat avec Hitachi),
mais qui flottent dans l’air et non dans un liquide. Avantage : des temps de réponse très courts (0,2 ms pour Bridgestone contre 400 ms pour E-Ink !), qui en font une technique prometteuse pour la vidéo.

Le papier à cristaux liquides

Certains chercheurs utilisent les cristaux liquides, déjà exploités dans les écrans LCD, pour fabriquer du e-paper. Soumis à un champ électrique, ces cristaux ont en effet la propriété de s’orienter dans la même direction, et ainsi de
dévier la lumière ambiante. Le papier électronique de Fujitsu est composé de trois strates. Dans la première, les cristaux liquides sont orientés de façon à refléter (ou non) les rayons lumineux dont la longueur d’onde correspond au rouge ;
dans la deuxième, au bleu ; et dans la dernière, au vert. Fuji affirme que cette technologie permet de réfléchir (et donc ‘ d’utiliser ‘) 50 % de la lumière ambiante. Les prototypes
d’aujourd’hui ne mesurent qu’une dizaine de centimètres de diagonale. L’e-paper de Fuji Xerox emploie aussi des cristaux liquides mais, au lieu de réagir à des impulsions électriques, les cristaux, recouverts d’un film photosensible, s’orientent
selon la lumière qu’ils reçoivent. Aujourd’hui, les premiers PAE-Papers (Photo-Adressable Electronic Paper), en couleurs, ne dépassent pas le format A6 (148 x 105 mm) et requièrent l’emploi d’un appareil
spécifique pour faire apparaître les contenus. Mais les chercheurs espèrent agrandir le format des feuilles et rendre possible leur mise à jour par une simple apposition sur un écran de PC !

Le papier à diodes

Universal Display, une entreprise financée, entre autres, par le département de la Défense américaine, a présenté en février 2005 une feuille Foled (Flexible Oled) souple, de 10 cm de diagonale, pouvant
afficher une vidéo en couleurs (photo ci-dessous). A l’instar des écrans Oled, ces feuilles sont constituées de diodes électroluminescentes organiques qui produisent leur propre lumière lorsqu’elles sont soumises à une tension électrique.

Le papier à huile

L’electrowetting display technology, développée par Philips, tire son nom (en anglais, wet signifie ‘ humide ‘) du procédé utilisé. Ici, en
effet, l’unité élémentaire d’affichage est constituée d’une microcapsule remplie d’eau au fond de laquelle s’étend de l’huile colorée. Au repos, l’huile colorée couvre toute la surface, mais quand on la soumet à un champ électrique, elle se
rétracte, dévoilant ce qui se trouve au-dessous, en l’occurrence une couche blanche : un point blanc, éclairé par la lumière ambiante, apparaît alors, éclairant à son tour, par réflexion, les unités d’affichage colorées adjacentes. Cette
technologie permettrait d’obtenir des temps de réponse de 10 ms, bien adaptés à la vidéo. Pour l’heure, le format des prototypes présentés se limite à quelques centimètres de diagonale, et les pixels sont encore grossiers…

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Anne Lindivat