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Ah, qu’il est beau, le débit plus haut !

Avec l’arrivée du haut débit à 512 kbit/s, nous avons eu l’impression d’entrevoir le paradis. Il faut dire qu’on venait de loin, avec nos modems à…

Avec l’arrivée du haut débit à 512 kbit/s, nous avons eu l’impression d’entrevoir le paradis. Il faut dire qu’on venait de loin, avec nos modems à 57 kbit/s. A tel point que certains fournisseurs d’accès nous ont même proposé du 128 kbit/s ; c’était moins cher et déjà bien suffisant ! Pourtant, il n’aura pas fallu plus d’un an pour que le 512 soit déjà en voie de ringardisation. Pour le même prix, on vous propose aujourd’hui un débit doublé (1 024 kbit/s, voire quadruplé (2 048 kbit/s).On ne va évidemment pas se plaindre. Mais on peut se demander à quoi tient une évolution aussi rapide. Progrès technique fulgurant… ou simple marketing ? La question se pose d’autant plus que plusieurs pays européens ont ignoré l’étape 512 pour proposer d’emblée du 1 024. Et que le passage d’un débit à l’autre ne demande aucune intervention chez vous. Un simple coup de téléphone et on vous ouvre le robinet ! En fait, les experts s’accordent à dire que pour passer de 128 kbit/s à 2 Mbit/s, la technique intervient peu. Le débit est déjà dans les tuyaux ; tout n’est qu’affaire de vannes. En revanche, fournir plus de bande passante coûte quand même un peu plus cher. Il était donc plus intéressant de vendre aux premiers arrivants un débit limité pour un prix relativement élevé. Et c’est une fois de plus France Télécom, fournisseur exclusif des autres fournisseurs lors des débuts de l’ADSL, qui a dicté sa loi. Les opérateurs du câble ­ qui peut fournir encore plus ­ lui ont emboîté le pas, leurs marges bénéficiaires étant mal en point. Le dégroupage est venu rapidement bouleverser ce bel édifice. Profitant des brèches ouvertes dans le monopole, quelques trublions ont décidé de casser les prix dans les zones dégroupées, en attendant de pouvoir le faire dans toute la France. Ou presque… Car les Français ne sont plus égaux face aux télécommunications ; alors que l’internaute des villes se voit dérouler un tapis rouge, l’internaute des champs doit ronger son frein. Question de rentabilité. Mais au-delà de cette inégalité qui choque nos principes républicains, force est de constater que la concurrence a du bon, puisque les prix baissent aussi dans les zones non dégroupées. Le plus choquant, c’est qu’on justifie toujours des prix élevés par des arguments techniques qui, sous les coups de la concurrence, disparaissent miraculeusement en quelques mois…

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Bernard Montelh