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Une cérémonie pour primer le non-respect de la vie privée

Administrations, entreprises et collectivités locales se voyaient primées, hier soir, lors de la cérémonie des Big Brother Awards, pour leur ” mépris du droit fondamental à la protection de la vie privée “.

Gyrophare, camouflage militaire, caméras omniprésentes… Tout était bon pour suggérer le totalitarisme orwellien dans le décor du très underground Flèche d’Or Café (XXe arrondissement de Paris), où se tenait, hier soir, la seconde édition des Big Brother Awards (BBA).Une atmosphère quelque peu surréaliste, complétée par une fouille de policiers à l’extérieur, le port de masques d’une partie du public et l’animateur évoquant la présence des Renseignements généraux dans la salle.Le jury, constitué de militants, comme Sébastien Canevet, juriste spécialiste du droit de l’Internet, Christine Tréguier, de LSIjolie (collectif contre le projet de loi sur la société de l’information), ou Emmanuelle Cosse, d’Act-Up, récompensait des organismes s’étant distingués par leurs atteintes à la vie privée.Les grands gagnants : le gouvernement et les parlementaires, distingués par un Prix spécial ” Pour l’ensemble de leur ?”uvre “. C’est l’adoption particulièrement diligente de la loi sur la sécurité quotidienne (LSQ), qui entérine notamment la conservation des ” traces numériques ” des internautes par les FAI pendant un an, qui leur vaut cette distinction.L’administration pénitentiaire s’est vue primée pour une utilisation jugée abusive des caméras dans les prisons. Les BBA ont également épinglé la Cegedim ?” leader européen de l’information médicale à destination des labos pharmaceutiques peu connue du grand public. D’après Emmanuelle Cosse, d’Act-Up, elle s’est distinguée par la collecte auprès des médecins d’une somme de renseignements sur leurs patients, par le biais du réseau Sesam-Vitale.Plusieurs dispositifs jugés attentatoires aux libertés individuelles furent aussi pointés, comme la carte Navigo, un système de ticket électronique prochainement mis en place par la RATP, susceptible, d’après Anne-Lise Martenot, du collectif Souriez vous êtes filmés, “d’identifier et tracer des voyageurs dans leurs déplacements quotidiens”.Dans la catégorie collectivités locales, Mantes-la-Jolie (Yvelines) était épinglée pour son projet de vidéosurveillance dans le quartier du Val-Fourré, financé sur des fonds européens destinés à la réhabilitation.Et la Direction de l’action sociale de l’enfance et de la santé de Paris (Dases) n’a pas échappé à une ” mention spéciale ” pour l’attribution de bons de transport aux Rmistes… à condition qu’ils acceptent dêtre fichés.

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Capucine Cousin