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Un drôle de souffle dans l’industrie informatique

Les pratiques commerciales des fournisseurs sont parfois pour le moins surprenantes : enchères inversées, opérations de croissance externe, rembourrage du catalogue produits, tout est bon pour ne pas faire reculer ses marges et son
titre en Bourse.

Souffle, soupir, gémissement… ? Non, il ne s’agit pas de la vente au rabais de petites filles de moins de huit ans dans les souffleries de verre, en Inde, dont l’espérance de vie se dégradera très rapidement…
mais d’informaticiens de la Vieille Europe que l’on vend à perte par le biais d’Internet. Il s’agit de matière grise spécialiste d’informatique vendue comme des pots de yaourt par l’intermédiaire d’un système en ligne d’enchères inversées.Nouvelle stratégie de marketing ? Logique industrielle oblige, dit-on. On parle de gain de temps pour la mise en relation des donneurs d’ordres et des fournisseurs, d’opportunité pour les fournisseurs de gonfler leur portefeuille
de clients, de rentabilité, d’optimisation du taux d’intercontrats. Que sais-je encore ?On dit haut et fort que l’information est de plus en plus stratégique et que les hommes qui la gèrent, la structurent, l’optimisent et l’exploitent sont indispensables. Pourtant, on met la matière grise aux enchères, on la joue à quitte
ou double, parfois on l’externalise, mettant au placard, le temps de la transaction, la question délicate de l’éthique de ce genre de pratiques, sans parler de la perte éventuelle de compétences et d’expertise.Peut-être pire encore à long terme, les fournisseurs de l’industrie informatique, devenus le jouet de la concurrence et des directions d’achats intraitables, continuent leur folle course à la croissance externe. Pour ne pas chuter, pour
garder des résultats acceptables, ils n’hésitent pas à racheter des acteurs (éditeurs, SSII ou cabinets de conseil) susceptibles de leur permettre d’élargir leur expertise, d’enrichir rapidement leur catalogue de produits, et d’offrir aux
entreprises clientes ces fameuses solutions ‘ de bout en bout ‘ que l’on plaquera à la colle forte sur leurs systèmes d’information.Petits ou grands, Atos Origin et Schlumberger/Sema, Micropole-Univers et Cross Systems, EMC et Documentum, Cap Gemini Ernst&Young et peut-être bientôt Transiciel… Mais la visibilité du marché, pour ces fournisseurs qui
grossissent à coup d’acquisitions et qui auront du mal à absorber la nouvelle matière grise acquise, ne se compte aujourd’hui qu’en quelques mois.Quant à la durée de vie de certains profils d’informaticiens, devenus des doublons par la faute d’une nouvelle acquisition, elle diminue de jour en jour. D’accord, nous n’en sommes pas à la faible durée de vie des petites souffleuses
de verre, en Inde, dont l’état des poumons rendra le verdict au bout de quelques mois…* Chef d’enquête à 01 Informatique

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Clarisse Burger*