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Un drapeau noir tissé dans le réseau

Les pirates, ou hackers, font trembler dans les chaumières. Normal, c’est une sale engeance vouée au crime informatique. Enfin, c’est ce qu’on voudrait nous faire croire. A tort ! Nombreux sont ceux qui rendent service en dévoilant les défauts de sécurité des logiciels et des réseaux.

Le piratage informatique est un mouchoir que les médias agitent volontiers pour affoler le bon peuple. Les hackers refont surface quand e-pédophiles et e-nazis ne font plus recette. Le pirate ? Quelle cible facile et magnifique ! Cet infâme adolescent en rupture de ban, fort de ses nuits blanches, de ses sodas et de son PC connecté au Net, mettrait à lui seul en péril Internet et la démocratie. Vous y croyez, vous ?Un court plongeon historique évite de mélanger torchons et serviettes. La brève histoire des hackers, telle qu’elle a été traduite et résumée d’un ouvrage de Eric S. Raymond, rétablit certains faits essentiels. Le hacker des débuts est juste un génie de l’informatique. On lui doit Unix, le langage C, les premiers logiciels GNU… Des bricoles qui servent toujours !Bien sûr, chacun emploie son intelligence à bon ou à mauvais escient. Quelques bidouilleurs de talent ?”uvrent non pour le bien de la communauté mais pour assouvir leur nihilisme ou leur envie de s’en mettre plein les poches sans effort. Quand Microsoft part en guerre contre ces vilains, plus de 38 000 sites Web sont mis hors ligne pour soupçon de copie illégale de logiciels. Normal ou presque, ce serait mieux que ce soit avéré et non un simple soupçon.De là à mettre tous les pirates dans le même panier… Il faut un Lance Spitzner, responsable de la sécurité chez Sun Microsystems, pour déclarer que le réseau Honeynet sert à “collecter des informations sur l’ennemi”. Notre homme doit ignorer que Sun a été fondé par un groupe de hackers échappés de l’université de Berkeley. Ses homologues, en général, apprécient les pirates, au moins ceux qui respectent l’éthique défendue par des communautés libertaires comme 2600 ou le Chaos Computer Club.Curieux ? Oui, mais compréhensible : un bon pirate sait trouver les défauts d’un système informatique, il aide donc par ses recherches à rendre les réseaux plus sûrs. Ce qui différencie les uns des autres ? Le hacker déteste la société libérale qui veut que tout se vende. Le responsable de la sécurité, souvent un pirate reconverti, a renoncé à cette liberté de pensée contre des chèques pleins de dollars. Mais ils continuent de collaborer.La meilleure démonstration ? La neuvième édition de la DefCon, qui s’est tenue à Las Vegas du 12 au 15 juillet, a rassemblé Antik Fadia. J’espère que ce sera un best seller : mieux vaut parler de ce que l’on connaît plutôt que de fantasmer.

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Michaël Thévenet