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TV en 3D : l’ADSL ne suffira pas

La télé en relief passera-t-elle par les tuyaux du haut-débit ? Rien n’est moins sûr, disent les principaux acteurs du marché. Free se veut plus optimiste.

Avec l’arrivée de la TV en 3D, la bonne vieille technologie ADSL s’approche de ses limites. Le triple play et la TV HD ont déjà creusé de fortes inégalités entre les foyers « éligibles » et les autres. Avec la 3D : ce sera encore pire.

La technologie 3D diffuse deux images au lieu d’une afin de créer un effet stéréoscopique. Conséquence : le débit requis est en théorie deux fois supérieur à celui de la 2D. En pratique, les techniques de compression 3D permettent de réduire ce gonflement de la bande passante à environ 1,5 fois.

Rien n’empêche donc de diffuser de la 3D avec un débit de seulement 8 Mbit/s. C’est le minimum requis par Orange dans le cadre de son canal événementiel 3D lancé à l’occasion de Roland-Garros.

Free estime également qu’il n’y a « pas de problème pour recevoir des flux 3D sur l’ADSL : la 3D ne change rien par rapport à la 2D en terme de débit. Si l’abonné est capable d’avoir le multiposte chez lui alors il aura la 3D avec la même qualité d’image. » L’opérateur ne donne pas plus de détails techniques mais rappelons que le multiposte signifie au moins deux canaux en simultané pour recevoir la TV sur plusieurs téléviseurs, donc a priori au moins 8 Mbit/s.

De la 3D au rabais

Source : Tactis
Source : Tactis – Source : Tactis

Sauf que pour atteindre une qualité d’image optimale, c’est-à-dire en haute définition sans pixelisation intempestive, 8 Mbit/s ne suffisent pas. Numericable défend ainsi un minimum de 15 Mbit/s pour « assurer une qualité d’image viable en 3D ». Le cabinet de conseil Tactis partage cet avis. « La 3D en haute définition réclame de 15 à 20 Mbit/s minimum pour chaque canal afin d’assurer une qualité de service satisfaisante », assure Stéphane Lelux, son président. En-dessous de ce seuil, les images sont en définition standard ou risquent fortement de pixeliser (voir tableau ci-contre).

Or, le marché ne serait pas prêt à faire de concession. « Je ne pense pas que les clients veulent faire machine arrière en terme de qualité d’image », estime ainsi Jean-Pierre Lacotte, président du HD Forum, consortium rassemblant une soixantaine de sociétés du marché de la HD.

Pascal Dormal, directeur du développement de Numericable partage cet avis et précise qu’il y a « un vrai inconfort visuel à regarder des images 3D avec une qualité insuffisante ». Il rappelle que Numericable et d’autres industriels (1) viennent de créer ce mois de mai la « 3D-HD Alliance », dont l’objectif est de promouvoir la 3D en qualité HD.

Trop peu d’élus en ADSL

L’ADSL2+ permet théoriquement d’atteindre 25 Mbit/s. Mais en pratique, pour être proche des 20 Mbit/s, il faut être très près du répartiteur de France Télécom, c’est-à-dire à quelques centaines de mètres. Autant dire que peu de foyers sont éligibles.

Selon Tactis, moins de 20 % des foyers métropolitains peuvent ainsi accéder à des débits supérieurs à 8 Mbit/s. « Dans ces conditions, il n’est pas raisonnable commercialement d’envisager une offre 3D massive par l’ADSL », conclut sans détour son président, Stéphane Lelux.

La fibre et le satellite à la rescousse

Deux autres modes de diffusion sont, sans conteste, mieux adaptés à la 3D. Le premier est la fibre optique, qui permet déjà d’atteindre jusqu’à 100 Mbit/s. Même s’il teste actuellement la 3D sur ADSL, Orange nous confie ainsi que « le développement commercial de la TV 3D est associé à notre plan de déploiement de la fibre optique ». Un avis partagé par Numericable, de loin le plus avancé en terme de déploiement fibre. « Il est probable que certains opérateurs tenteront de faire passer la 3D sur des débits relativement faibles. Mais l’avenir de la 3D passera par une large bande passante, comme celle permise par la fibre », explique Pascal Dormal. Numericable entend proposer des contenus HD 3D à l’automne prochain, sous la forme de programmes en VOD.

Autre solution de prédilection pour la 3D : le satellite. « Le satellite possède des débits plus que suffisants pour la 3D, avec l’avantage d’être accessible sur l’ensemble du territoire », indique ainsi Joseph Guégan, directeur général adjoint de Canal+, en charge de la technologie et des systèmes d’information. La chaîne prépare également des contenus 3D pour la fin de l’année. 

« Le satellite est déjà prêt pour la 3D », confirme Lydia Gaillard, responsable projet broadcast au sein d’Eutelsat. Elle rappelle que les débits peuvent atteindre 60 Mbit/s sur un répéteur (canal de distribution satellite) et qu’une chaîne de démonstration 3D existe déjà depuis 2009 sur Eutelsat. Cette chaîne serait d’ailleurs utilisée par bon nombre de vendeurs d’écrans 3D en boutique.

Quid de la TNT, principal canal de diffusion de la TV numérique ? Selon nos informations, le spectre hertzien étant une ressource très rare : il n’est pas question, pour l’instant, de l’utiliser pour la 3D. Après la fin de la TV analogique, programmée pour 2011, une partie du spectre sera récupéré. Mais elle sera d’abord dédiée aux nouvelles chaînes HD et à la future TMP.

(1) La 3D-HD ALLIANCE regroupe Cisco, Nagravision, Panasonic,  Numericable et Sagemcom.

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Christophe Guillemin