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Test photo de l’iPhone X : de solides performances dans un format compact

Apple a assuré les fondamentaux pour son iPhone X avec un piqué d’image et une gestion des couleurs en nette amélioration. Mais c’est surtout son second module caméra et son format plus compact qui en font une arme de choix pour les photographes.

Si Apple a perdu la domination technique en photographie ces dernières années – autofocus, définition, modes pros, etc. – l’iPhone reste cependant le terminal préféré de nombre de photographes et enthousiastes. Pour plusieurs raisons : la cohérence des couleurs, l’écosystème iOS (les apps sont de qualité), etc. Et depuis l’arrivée de l’iPhone 7 Plus, pour le second module caméra. Cet équivalent 56 mm f/2.8 donne l’avantage à l’iPhone dans le domaine du portrait notamment.

Avec son super processeur, son écran Oled et une optique 56 mm un poil plus lumineuse (f/2.4), l’iPhone X se place en fleuron photographique d’Apple. Pourtant, ce n’est pas la technique qui nous a séduit dans un premier temps, mais un détail qui semble trivial : les dimensions du terminal.

Enfin le double module dans un format compact !

Adrian BRANCO / 01net.com

Une fois n’est pas coutume pour un smartphone dédié à la photo, ne commençons pas par la qualité d’image, mais par l’ergonomie matérielle, un point où l’iPhone X brille. Car sans être un nain, l’iPhone X est un terminal plus compact que ses concurrents haut de gamme type Galaxy S8 Plus (et Note 8 a fortiori), Mate 10 pro et même ses « grands » frères les iPhone « Plus » toutes générations confondues. La mode des grands écrans ayant depuis longtemps perverti tout le haut du panier des smartphones. Depuis l’iPhone 7, il fallait opter pour la grande version « Plus » pour profiter du second module caméra, un appareil certes capable mais plus encombrant et moins facile à manipuler rapidement que la version « normale ».

A.B. / 01net.com

En intégrant le meilleur de son savoir-faire photographique dans un terminal plus compact, Apple va plaire aux photographes qui aiment voyager discret et léger. C’est une « simple » évolution ergonomique qui a un impact capital : comme sa prise en main est plus agréable, on a tendance à le sortir plus rapidement et donc plus volontiers, ce qui invite à faire plus d’images. Pour nous, c’est un des arguments massue du terminal qui éclipse bien des limites techniques. 

Un peu plus de chaleur

Comme pour l’iPhone 8 (Plus ou pas), l’iPhone X profite d’une nouvelle gestion des couleurs. Sans retrouver la superbe de ses séries 5/6, Apple est quand même revenu du rendu un peu trop désaturé de l’iPhone 7 à des couleurs plus chaudes, plus agréables.

Apple conserve la palme de la meilleure cohérence de couleur selon les scènes, quand certaines marques asiatiques ont plus de mal à garantir la même qualité d’interprétation selon les éclairages.

Même en basses lumières, l’interprétation de l’iPhone X est pertinente et produit des images naturelles – jamais d’images trop bleues à cause d’un néon par exemple.

Bon niveau de détails

Affichées à 100% sur notre écran 27 pouces 2560×1440 pixels, les images produites par l’iPhone X sont plus granuleuses que celles de la concurrence. Un défaut ? Pas tant que ça : si on note un usage plus marqué des aplats par rapport à un HTC U11, par exemple, au final, le rendu d’image s’avère très bon grâce au traitement logiciel. En gros, les algorithmes d’Apple ont trouvé un excellent équilibre entre le lissage, qui diminue le bruit numérique inhérent aux petits capteurs et le niveau de détails, très élevé, de par une bonne gestion des microcontrastes. Appliqué à un meilleur capteur et une meilleure optique, ce traitement d’image serait vraiment extraordinaire. Dans le cas de l’iPhone X, il permet déjà de produire de bonnes images, des clichés plus riches en détails et qui ont plus de punch que ceux de la génération iPhone 7. 

Haro sur les hautes sensibilités

Apple a confiance dans sa stabilisation (jusqu’au 1/4s) tout en ayant peur de monter dans les hautes sensibilités. Peur ? C’est la seule explication que nous avons trouvé en constatant qu’aucun de nos clichés de nuit ne dépasse les 250 ISO en grand angle et 400 ISO au téléobjectif. Ce qui fait que les résultats sont assez variables selon la stabilité… du photographe.

A titre de comparaison, des terminaux comme le U11 ou le Mate 10 Pro n’ont pas peur d’aller jusqu’à 1600 ISO, une sensibilité qui induit plus de bruit mais qui permet de récupérer plus de détails dans certains scènes grâce à des vitesses d’obturation plus rapides. Pour être sûr de produire l’image que vous voulez en basses lumières, mieux vaut donc débrayer l’appareil à la main en passant par une application tierce (lire plus loin « Application simple et efficace (mais parfois trop limitée) »).

Bokeh naturel décevant, trop de flare

Si Apple compte sur son mode portrait logiciel, nous avons quand même évalué le bokeh c’est à dire la qualité naturelle du flou d’arrière-plan des deux optiques. Et images à l’appui, vous pouvez constater que c’est un peu décevant : quand un HTC U11 et Huawei Mate 10 Pro offrent des transitions régulières et des sujets hors focus doux, les deux modules caméras de l’iPhone 10 produisent des arrière-plans bien plus granuleux et bien moins esthétiques. Ces limites expliquent sans doute l’intérêt qu’Apple trouve dans le traitement logiciel du mode portrait. Mais en tout état de cause, en mode « naturel », les flous d’arrière-plan produits par les optiques plus lumineuses (f/1.7 pour le U11, f/1.6 pour le module caméra grand angle du Mate 10) sont de bien meilleure qualité. Sans doute parce que les optiques sont de meilleure qualité, tout simplement. 

Cette hypothèse de l’optique moins performante se vérifie quand on évalue son comportement face au flare, un défaut optique qui génère des halos quand une forte source lumineuse est dans le champ de vision de l’optique. Or, dans notre test, le comportement face au flare des 4 dernières générations d’iPhone (6S Plus, 7 Plus, 8 Plus, X) est tout simplement identique. Constatez par vous-même comment réagit le Mate 10 de Huawei : quand les iPhone offrent une énorme baisse de contraste et une image envahie par un halo très puissant, le module caméra principal du champion de Huawei gère ça comme… un champion. La raison de cette domination ? Une meilleure qualité optique, que ce soit en termes de formulation optique (type des lentilles et leur agencement) et/ou des traitements de surfaces plus efficaces. Nous sommes vraiment surpris qu’Apple ne progresse pas plus dans ce domaine.

AF satisfaisant, mais pas fulgurant

L’autofocus de l’iPhone X est très convenable. Oui, simplement convenable : l’application se lance assez vite et le déclenchement est généralement rapide. Ce sont ces « assez vite » et « généralement rapide » qui nous empêchent de le célébrer. Car si c’est très bien pour le commun des mortels, la concurrence Android a dépassé depuis un petit moment Apple dans le domaine de la célérité. Les Galaxy S7 et S8 sont des excités qui réagissent comme un vendeur sous amphétamines – en clair, ils ne ratent quasiment jamais l’action – même un terminal comme le OnePlus 5 est lui aussi plus véloce que le terminal d’Apple.

La preuve en image avec ces deux clichés ci-dessus pris sur le vif en mode « je sors mon appareil de la poche et j’essaie d’avoir la scène ». Dans le cas de l’homme qui marche derrière le scooter, on a déclenché juste avant que sa jambe ne se lève mais l’appareil a, lui, déclenché trop tard et le pied est désormais posé derrière le Vespa. Même chose avec le tram : au déclenchement, le museau du véhicule est toujours dans mon cadre, mais l’iPhone X rate de peu le moment « décisif ».

Ce qui est assez surprenant, c’est qu’Apple semble avoir renoncé à son parti pris du temps des iPhone 4/5 où les terminaux de la marque, alors les plus rapides du marché, sacrifiaient la netteté pour tenter d’avoir le bon moment.

Application simple et efficace (mais parfois trop limitée)

L’application Photo des iPhone a peu évolué récemment. Le système de menus glissant d’un coup de pouce est maintenu et Apple se contente de rajouter des items au fur et à mesure de leur introduction. Les petites évolutions concernent les filtres de couleurs – il faut presser l’icône en haut à gauche pour choisir un filtre et cliquer à nouveau pour faire disparaître les filtres – et les différents modes portraits « intelligents » (ou pas, on verra plus loin). Cette simplicité est une force pour une bonne partie des utilisateurs – photographes compris – jusqu’à ce qu’on se plaise à vouloir maîtriser la bête. Et là c’est un peu le drame puisqu’il n’existe aucun moyen de débrayer les paramètres tels que la vitesse (pour générer des flous de mouvement volontaires, des filés, etc.), l’obturation ou les ISO. Ou de passer de Jpeg à HEVC. Sans même parler de la qualité vidéo qui se règle toujours au fond des paramètres système !

Contrairement à la compétition Android haut de gamme, Apple ne propose pas une application qui puisse coller aux besoins des pros et autres enthousiastes qui souhaitent aller plus loin, se reposant donc intégralement sur la communauté des développeurs d’applications. C’est un choix. 

Portrait « éclairage de scène »: un échec temporaire ? 

Portrait

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L’iPhone 8 Plus et X apportent avec eux une version améliorée du mode portrait logiciel, dans lequel le terminal modifie l’interprétation de la lumière autour du sujet de manière plus ou moins importante. Le plus impressionnant – sur le papier – est le mode éclairage de scène qui découpe le sujet pour simuler une prise studio sur fond noir. 

Les images promotionnelles sont très belles, celles des « vrais » photographes aussi… Mais en fait ce n’est pas du tout ce que l’on obtient dans des situations normales, en témoignent nos clichés de test. Tous nos clichés de test. La vérité c’est que le mode portrait est toujours imparfait – sur ce jouet pour enfant (voir ci-dessous), l’iPhone n’arrive même pas à distinguer le plan où se situe l’oreille du personnage. Et si on ajoute la fonction « éclairage de scène », les résultats vont du passable au nul. 

La seule solution pour obtenir des résultats valables c’est de shooter avec une lumière assez douce – les forts contrastes induisent encore plus d’erreurs – le tout sur un fond vraiment uniforme et homogène. Comme dans un studio en somme…

L’iPhone 7 Plus avait introduit un mode « portrait » avec soutien logiciel qui améliorait le flou d’arrière-plan, un mode qui était assez mal géré et qui a progressé au fil des versions. Espérons qu’il en soit de même pour cette nouvelle itération. Mais en tout état de cause, Apple déçoit en grande partie à cause de sa communication très forte sur le sujet… et parce qu’Apple ne nous a pas habitué à sortir des technologies en version (vraiment) beta.

A.B. / 01net.com

L’iPhone X est un excellent terminal photographique. Mais peut-être pas pour les raisons dont nous parle Apple : le niveau de détail est bon sans être le meilleur, l’autofocus n’est pas le plus vif et le mode portrait « éclairage de scène » est loin d’être convaincant. Non, ce qui fait de l’iPhone X un bon appareil photo c’est d’abord son très bon rendu des couleurs quelle que soit la scène (cohérence), une application simple et efficace même si elle est limitée. Mais c’est surtout la conjugaison de deux modules caméra, l’un grand angle l’autre petit téléobjectif dans un format si compact qui nous a séduit : plus besoin de se coltiner une encombrante version « Plus » pour faire de beaux portraits ou isoler efficacement les sujets.
En offrant une bonne partition photo et deux focales intéressantes dans un appareil compact et équipé d’un bel écran, Apple produit un « photophone » qu’on peut (et veut !) rapidement sortir de sa poche pour produire des images : ça vaut toutes les dominations techniques du monde. Mais il est vraiment dommage que la marque fasse payer cela au prix fort.

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