Passer au contenu

Semiconducteurs : les investisseurs sont trop pessimistes

Le pessimisme actuel des investisseurs va indirectement provoquer des tensions sur les délais de livraison de semiconducteurs durant deux ans.

Les cours de Bourse des sociétés de semiconducteurs ne sont pas très élevés actuellement. A cela une raison : les investisseurs ont peur.Peur que la reprise actuelle ne soit qu’un feu de paille ; peur que rien ne soit jamais plus comme avant ; peur que l’éclatement imprévu d’une autre bulle ne vienne à nouveau les ruiner. Et les p-dg des
sociétés de semiconducteurs ne sont pas tentés de les rassurer : si jamais il se trompaient, ils seraient les premiers à perdre leur poste…Or, contrairement à ce que l’on pourrait imaginer, cette attitude va aggraver le phénomène de pénurie de semiconducteurs qui s’est engagé fin 2003.Analysons bien les annonces d’investissements actuelles : toutes portent sur des usines de semiconducteurs 300 mm… qui ne pourront en aucun cas entrer en pleine production avant 2006, même si les annonces
évoquent 2005.Ce genre d’annonce a un avantage pour les p-dg concernés : il permet de limiter les investissements à payer en 2004 ?” on commence toujours par des plans et le béton ?” tout en montrant que la société
assure son avenir ; il permet aussi de tout stopper en 2005 à moindres frais si le contexte devenait moins favorable.Moyennant quoi, sur le court terme, les investissements dans les bâtiments en place se limitent au strict nécessaire ?” sous-entendu ils ne tiennent pas compte d’éventuelles actions de surstockage que pourraient
décider les acheteurs au vu de l’allongement des délais.Une situation qui rassure les actionnaires mais qui fait vivre toute la chaîne d’approvisionnement sur les nerfs : elle sait qu’elle est à la merci d’un rien pour que les prix s’envolent et que les
rationnements arrivent.Rappelons-nous : en 1998 et 1999, les investissements en équipements de semiconducteurs ont atteint respectivement 21,5 Md$ et 25 Md$ ; en 2002 et 2003, ils ont été de 19,5 Md$ et 21,5 Md$ ; les
premiers ont provoqué la pénurie de 2000 ; comment les seconds pourraient-ils éviter celle de 2004, du moins pour les produits de technologie récente ? En outre, en nombre de pièces, la demande 2004 sera supérieure à celle de 2000. Même
s’il ne devait pas y avoir de surchauffe !

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Jean-Pierre Della Mussia*