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Roland Montagne (Idate) : ” Seul l’ADSL permet de toucher rapidement le grand public “

Analyste à l’Idate et responsable d’une étude sur les marchés européens du haut débit, Roland Montagne fait le point sur le marché français. Même si la crise ralentit le déploiement des différentes technologies, il reste optimiste pour les années à venir.



01net. :

Pour quelles raisons l’ADSL est, et selon vous, restera la technologie haut débit prédominante en France ?
Roland Montagne : C’est principalement pour une raison d’infrastructure existante. Seul l’ADSL permet de toucher rapidement le grand public. Sur les 500 000 clients haut débit que France Télécom prévoit pour la fin de l’année, 60 % devraient être des clients résidentiels. En outre, comme l’ADSL profite du réseau RTC, les sommes à débourser ne sont pas considérables. Ce qui est d’autant plus important que les opérateurs ne sont plus financés par les marchés. Pour la boucle locale radio [BLR], par exemple, le développement se fait ex nihilo, ce qui ne permet pas une approche massive du marché.
La déroute des marchés boursiers semble avoir retardé l’accès du haut débit pour tous…
C’est un peu ça. Les opérateurs considèrent qu’il vaut mieux attaquer le marché des entreprises en attendant de pouvoir faire plus. La BLR est devenue une technologie qui cible quasi exclusivement les PME et PMI. Les câblo-opérateurs développent petit à petit des offres pour séduire les professionnels. Et même sur l’ADSL, les opérateurs alternatifs se sont finalement concentrés sur les offres destinées aux professionnels. Alors que cette technologie est essentiellement résidentielle.
Que faut-il pour que le haut débit soit accessible au grand public ?
En premier lieu, il faut que les prix baissent. Aujourd’hui, les abonnés au câble ou à l’ADSL sont de gros consommateurs d’Internet qui ont migré vers une offre plus confortable. Mais pour toucher le public de masse, il faut développer de nouveaux usages, comme la téléphonie, la vidéo à la demande, et de nouveaux services multimédias. Sur ce dernier point, la question reste ouverte, on ne sait pas trop. Aujourd’hui, seul le câble permet de diffuser ce genre de services.
Alors pourquoi n’y a-t-il que 200 000 abonnés à des offres couplant télévision et accès à Internet par câble ?
L’historique du plan câble pèse encore lourd. La couverture n’est pas très importante. Et dans le contexte économique actuel, les opérateurs renoncent au déploiement massif. Ils s’emploient tous à valoriser leurs réseaux, en les optimisant. Par exemple, Noos a prévu d’investir d’ici à 2003 1,2 milliard de francs pour remettre à niveau ses réseaux et 2,2 milliards de francs pour couvrir une zone de 500 000 personnes supplémentaires dans la proche région parisienne.
Malgré cela, vos prévisions restent optimistes. Vous prévoyez un parc d’abonnés haut débit compris entre 5,3 et 7,9 millions de foyers en 2006…
Nous avons élaboré deux scénarios. La fourchette basse correspond à un contexte économique ne permettant pas une reprise des investissements. Au contraire, la fourchette haute prend en compte un contexte boursier favorable, entraînant une baisse des prix, et l’établissement d’une concurrence saine. Dans le premier cas, les abonnés haut débit représenteront 75 % du total des abonnés RTC, tandis que, dans l’hypothèse haute, ils lui seront supérieurs de 25 %.
A quelles technologies haut débit restez-vous attentifs ?
D’abord aux technologies mobiles. Mais on ne pourra pas parler de haut débit sur les réseaux mobiles avant 2005. Nous continuons à suivre la diffusion par satellite. Je suis aussi très intéressé par les PON [Passive Optical Networks, NDLR] qui permettent le déploiement de fibres optiques jusqu’au domicile des particuliers [France Télécom aussi puisque l’opérateur s’apprête à lancer une expérimentation à grande échelle, NDLR]. B2, en Suède, ou Fastweb, en Italie, ont déjà déployé leur propre boucle locale dans quelques villes. Fastweb, par exemple, propose des connexions de 10 Mbit/s moins chères que de lADSL !

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Propos recueillis pas Frantz Grenier