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Roberto Zaccaria, président de la RAI : ” Le gouvernement n’est pas clair sur la privatisation de la RAI “

Le patron des chaînes d’État critique Silvio Berlusconi qui n’a pas donné d’indications précises sur la manière de préparer la fin de l’audiovisuel public.

Êtes-vous favorable à la privatisation de la RAI comme l’a évoqué, fin décembre, le président du Conseil italien Silvio Berlusconi ? Ne serait-ce pas plus clair pour un pays qui se retrouve avec un chef du gouvernement à la fois dirigeant du groupe audiovisuel privé Mediaset et patron du réseau public ?Je n’ai pas l’impression que notre gouvernement ait les idées claires à ce propos. Qu’il s’agisse de privatisation totale ou partielle, il n’y a pas dans l’immédiat une prise de position réelle. De notre côté, nous avons décidé de privatiser les secteurs techniques de la RAI en créant un holding ouvert aux capitaux privés, en laissant de côté le core business, à savoir les chaînes et les journaux télévisés. Nous avons voulu procéder par étapes afin d’identifier les différentes composantes de la RAI et en évaluer les coûts et bénéfices pour estimer globalement le secteur public.Est-ce que la politique entre en ligne de compte dans un tel choix ?Le conseil d’administration de la RAI n’a reçu aucune indication, aucun mandat venant du gouvernement ou du parlement sur la privatisation. Nous avons donc improvisé sur ce point précis, en créant un holding et en mettant plusieurs divisions sur le marché. Nous aurions voulu “mieux faire” et nous “jeter” sur la Bourse. Mais c’est là une opération délicate compte tenu de l’instabilité des marchés et de la conjoncture politique et économique. Les institutions actionnaires de la télévision publique ont fait preuve d’un manque global de stratégie, car, au sein même du gouvernement, certains disent blanc et d’autres noir.La crise du marché publicitaire pénalise-t-elle fortement la télévision publique par rapport au privé ?Certainement. La RAI a enregistré une augmentation de la publicité de 11,5 % en 2000 et une baisse de 12 % en 2001. Un schéma habituel car les hausses sont souvent suivies de chutes brutales. Certes, nous avons été favorisés, puis-qu’en 2000, les Jeux olympiques nous ont rapporté 10 milliards de lires (5,16 millions d’euros) en publicité et la Coupe d’Europe de football, 46,5 millions d’euros. Des chiffres impressionnants, qui s’expliquent par le fait que la RAI est la seule télévision publique en Europe à avoir l’exclusivité sur les grands événements sportifs, alors qu’en France, en Grande-Bretagne et en Allemagne, les droits sont répartis entre deux chaînes. La privatisation pose deux problèmes : l’indépendance des responsables de haut niveau et l’origine des financements. La question est simple : faut-il privatiser la RAI globalement ou partiellement ? Ne devrions-nous pas réfléchir à une fragmentation du capital entre plusieurs propriétaires. Allons plus loin : qui peut aujourd’hui en Italie “se payer” la RAI ? Il suffit de voir ce qui s’est passé pour la Sept, estimée dit-on à 258 millions d’euros. La télévision publique italienne vaut au moins 1,3 milliard d’euros par chaîne, voire plus. Il y a donc un problème à la fois politique et économique car les fauteurs de la privatisation, qui sont aujourd’hui au pouvoir, voudraient d’abord savoir qui va bien pouvoir acheter la RAI. Ce qui bloque à la base toute possibilité d’action.Approuvez-vous la fusion entre les bouquets Telepiu et Stream ?En tant que PDG de la RAI, je suis l’un des partenaires de Telepiu dans lequel nous avons une participation. Mais d’un autre côté, la meilleure solution pour Telepiu est un accord avec Stream. C’est l’unique possibilité compte tenu de la situation actuelle, qui est désastreuse pour les télévisions par satellite. En l’état actuel des choses, il semblerait qu’il n’y ait pas de place pour deux bouquets sur le marché italien. Mais l’idée d’avoir sur le marché une seule télévision payante avec des comptes en équilibre n’est guère réjouissante, car elle barrerait la route à l’audiovisuel public. En tant que concurrent de la télévision par satellite, j’estime qu’une fusion entre les bouquets Telepiu et Stream est à long terme négative pour la télévision publique, qui constitue un contrepoids important en Europe face au secteur privé.Comment vous positionnez-vous par rapport au net ?Comme les autres. Même si nous sommes un peu plus lents. Nous ne sommes pas partis avec des plans industriels qui ont dû être redimensionnés en cours de route. Nous avons agi avec mesure et prudence. C’est pour cela que le portail RAI Net a donné d’excellents résultats. Actuellement, nous sommes présents sur toutes les plateformes, les téléphones, les bandes larges et les satellites digitaux.Si vous aviez une baguette magique, quel serait votre premier geste ?Abattre les plafonds publicitaires qui nous pénalisent par rapport au privé pour libéraliser le marché publicitaire dans le public. La publicité est l’une des ressources les plus dynamiques qui n’a rien à voir avec les abonnements. Et qui ne justifient pas les limitations imposées dans le public ! Le coût de la redevance annuelle (93,8 euros) est l’un des plus bas en Europe et selon les sondages, nous avons eu 48 % de part d’audience. Malheureusement, tant que les plafonds publicitaires ne seront pas retouchés, nous sommes plus ou moins bloqués.

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Ariel F. Dumont, à Rome