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Qu’est-ce qui fait bouger la “penny stock” Dalet ?

Boudé depuis son introduction, le titre a affiché, deux semaines durant, la plus forte hausse de la cote française.

Emblématique et symptomatique des nouvelles pousses du Nouveau Marché : telle est la situation de Dalet, éditeur de logiciels pour les médias et les nouveaux médias ?” internet, télévision interactive, mobiles multimédias ?” et désormais leader européen dans les grandes radios, avec 30 % de parts de marché des logiciels de gestion et de diffusion de contenus.Emblématique, car Dalet est née dans la tête de jeunes diplômés de l’école Centrale et de HEC, passés par les campus universitaires américains. L’entreprise, pionnière de l’audio numérique, a été créée grâce au capital-risque. Nous sommes en 1996. Le fonds américain Windcrest Partners mise alors sur l’avenir de l’éditeur de logiciels et finance sa première augmentation de capital.

Inévitable capital-risque

Très vite, le carnet de commande de l’entreprise s’étoffe. Dalet a surfé sur la vague des nouvelles technologies en imposant ses solutions dans tout l’univers des médias. Les références clients d’origine (ABC, CBS, Voice of America, etc.) fleurissent sur les communiqués de presse de cette jeune entreprise parisienne dont les analystes financiers soulignent qu’elle n’a pas vraiment de concurrent franco-français.Mais comment grossir à l’international tout en conservant son identité ? Comment porter son dévolu sur une entreprise allemande comme ANN, cheval de Troie pour conquérir le plus grand marché européen des médias ? Dalet est trop petite, trop récente pour s’introduire en Bourse. Pour elle, le guichet obligatoire est celui du capital-risque. L’essai est vite transformé : en 1997, Galileo Partners, l’un des plus importants fonds de capital-risque français, ainsi que l’investisseur américain Smith Barney Traveler et la Compagnie financière Edmond de Rothschild sont au rendez-vous, comme ils le seront deux années plus tard. “Notre idée était de financer cette entreprise dont le but était d’accompagner les médias traditionnels dans leur passage au monde numérique“, résume un ancien actionnaire de Dalet.Le titre Dalet est aussi symptomatique des start-up du Nouveau Marché, car il n’a rien gagné à son entrée en Bourse en juin 2000. Certes, la société a levé lors de son introduction quelque 33 millions d’euros (216,5 millions de francs). Mais ensuite, elle a dû affronter les bourrasques, les investisseurs en Bourse étant moins patients que les capital-risqueurs. Il est vrai que la communication de l’entreprise a été plutôt désastreuse. Au cours du premier semestre 2001, la direction financière a dû se résoudre à annoncer soudainement une baisse de son chiffre d’affaires (7,8 millions d’euros contre 10,3 pour l’exercice précédent).La perte nette de l’entreprise représente alors 1,2 fois le chiffre d’affaires. L’action en Bourse rejoint le club très peu prisé des “penny stocks” en touchant son plus bas annuel à 1,4 euro. Le titre est alors complètement délaissé par la communauté financière : en moyenne, ce sont à peine 10 actions qui changent de main quotidiennement ! Pourtant, l’entreprise est forte d’une trésorerie de 17 millions d’euros. Mais rien n’y fait pour séduire les investisseurs !

Brusque retour en grâce

Aujourd’hui, Dalet affiche la plus forte hausse de toutes les valeurs de la Bourse de Paris (90 %, après avoir gagné 150 % en deux semaines).En termes de stratégie industrielle, rien ne peut expliquer une explosion de cette ampleur. Mais d’un point de vue boursier, deux hypothèses peuvent la justifier. D’abord, la rumeur a couru, récemment, d’un retrait de la cote. Ne pouvant séduire les marchés, avec une cotation qui ne dépasse pas 3 euros depuis six mois, l’entreprise aurait pensé à revenir aux sources de son développement, autrement dit, au capital-risque. Éventualité démentie par la direction du groupe.Plus vraisemblable est l’anticipation d’une opération financière sur le groupe. Son capital est en effet très éclaté, aucun investisseur n’en détenant plus de 11 %. L’hypothèse doit donc être prise au sérieux, car, du côté des chaînes de télévision comme des groupes de radios, il n’y a pas lieu, pour le moment, danticiper une reprise des investissements.

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Jean-Pierre Savalle