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Quand les avocats se mettent au “knowledge”

De l’assemblage artisanal, avec ciseaux et colle, ils sont passés au copier-coller des traitements de texte. Les avocats devront-ils demain se mettre à internet et à…

De l’assemblage artisanal, avec ciseaux et colle, ils sont passés au copier-coller des traitements de texte. Les avocats devront-ils demain se mettre à internet et à l’e-business ? C’est ce que semblent penser nombre de cabinets, notamment anglo-saxons.Un des vecteurs privilégiés de cette évolution est le knowledge. Le terme est à la mode, mais que recouvre-t-il en réalité ? Le knowledge, ce sont bien sûr les ” bibles ” de contrats-type, les avis juridiques antérieurs, mais c’est aussi le savoir diffus qui fait le plus souvent l’objet d’une transmission orale entre avocats, voire même le savoir-faire tacite appris par la pratique.

Actualiser les savoirs

L’objectif du knowledge est de mettre en forme ces différents savoirs, de les organiser d’une manière intelligible et utile pour les avocats, et de s’assurer qu’ils restent constamment à jour. Comme chacun le conçoit aisément, la mise à jour la plus fiable est celle qui est faite ” au fil de l’eau ” par les utilisateurs eux-mêmes. Dès lors sont exprimés le paradoxe et la difficulté du knowledge : pour qu’il soit efficace, il faut qu’il soit ” maintenu ” par les professionnels eux-mêmes. Mais cette exigence s’oppose à la pression interne toujours plus forte exercée sur les professionnels pour qu’ils accroissent leur temps facturable, ainsi qu’à la pression externe exercée par les clients. Si l’on ajoute que le critère de détermination du prix de la prestation des avocats le plus couramment utilisé est encore aujourd’hui le temps passé ?” malgré une évolution vers le travail au forfait ?” on mesure l’ampleur de la tâche.Implanter une fonction knowledge dans un cabinet d’avocats relève dès lors d’un véritable défi, car c’est bel et bien un changement de culture radical qu’il s’agit d’opérer. Pour y parvenir, la seule solution consiste à fédérer les équipes autour d’un projet qui leur facilite la vie ?” ce qui, pour des avocats, signifie pour l’essentiel gagner du temps ?” et améliore la satisfaction des clients.La technologie internet peut aider considérablement, en autorisant la création de petits sites, correspondant chacun à un besoin du client : créer une entreprise, conseiller une société en difficulté, mettre en place un plan de stock-options, par exemple. Chaque site permet aux professionnels de chacun des différents domaines du droit concernés de trouver aisément les outils qui lui permettront de réaliser la mission. Ces outils se présenteront bien sûr sous la forme traditionnelle de modèles commentés, mais également sous la forme de ” notes de méthodologie “?” permettant de mieux comprendre les besoins de son client dans le contexte particulier de la prestation concernée par le site ?” et de ” notes de knowledge “, pointant succinctement sur les principales difficultés techniques du sujet, et renvoyant par des liens hypertexte à des explications plus détaillées ou à des documents pertinents, qu’il s’agisse de jurisprudence, de consultations antérieures, de textes de loi ou d’articles de revues spécialisées, ou encore de sites internet.Cette organisation du savoir, fondée sur la prise en compte des besoins du client plutôt que sur les modes d’organisation interne traditionnels, par pôles de compétences juridiques, présente le double avantage : d’une part, elle entraîne une meilleure cohésion des équipes, rassemblées autour d’un objectif commun, concret et modulable ; d’autre part, elle prépare l’avenir en préfigurant ce que pourrait être le cabinet virtuel de demain.
*avocat au barreau des Hauts-de-Seine, directeur associé d’Andersen Legal

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Me Valérie Tandeau de Marsac*