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Pour 3,5 milliards de dollars, IBM s’offre PricewaterhouseCoopers

En rachetant la onzième société mondiale de services et de consulting, Big Blue distance le numéro deux, EDS. Les modalités exactes du rachat resteront incertaines jusqu’à fin septembre, sous réserve du respect des règles boursières en vigueur aux États-Unis.

Depuis le rachat de Tivoli, après celui de Lotus, on pensait qu’IBM serait rassasié. D’autant que les difficultés rencontrées au cours de ces fusions n’incitent pas à l’optimisme et que, depuis plusieurs trimestres, le géant diminue régulièrement le nombre de ses employés (15 600 départs, ces 18 derniers mois, sur 320 000 salariés). L’apport théorique de trente mille employés nouveaux venus de PricewaterhouseCoopers (PwC), dans IBM Global Services, paraît donc aller à l’encontre de la cure d’amaigrissement entamée sous la présidence de Lou Gerstner.

Une véritable aubaine ?

Mais, pour certains observateurs, IBM se sépare de nombreux techniciens de maintenance et d’administration, spécialistes de matériels parfois obsolètes, pour embaucher des consultants spécialisés en intégration logicielle. On manque toujours de bons spécialistes de programmes d’e-commerce et d’ingénieurs en télécommunications, dit-on dans les SSII, alors que les offres d’emplois paraissent gelées, faute de projets.Avec le rachat de PwC, IBM double le nombre de clients SAP et Siebel, et devient le principal intégrateur mondial de PeopleSoft, ces trois éditeurs affichant les plus belles progressions de ces cinq dernières années, selon le GigaGroup. De plus, le prix payé par Big Blue (3,5 milliards de dollars) pour cette acquisition ne représente que 71 % du chiffre d’affaires de PwC annoncé au 30 juin pour l’année 2002, sans tenir compte des milliers de clients prestigieux comme BP ou Amoco. PwC travaillait néanmoins en collaboration étroite avec plus de mille deux cents partenaires, qui auront leur mot à dire. Si on se réfère aux 18 milliards de dollars proposés en 2000 par HP pour le rachat de PwC, on pourrait croire à une véritable aubaine. Mais, après les effondrements de cet été, chacun se méfie des bilans et, surtout, des engagements hors bilans que toute firme pourrait masquer. À l’époque, l’échec de HP avait valu à Carly Fiorina, sa p.-d.g., une vague de critiques, les services et logiciels étant considérés comme des investissements à forte marge.Du côté de PwC, l’absorption “sans conditions” s’explique en partie par le dernier projet avorté de la firme, qui prévoyait une nouvelle dénomination, Monday, pour relancer son image et, surtout, pour attirer les investisseurs. L’IPO (entrée en Bourse), qui était censé lever 9 milliards de dollars, a fait long feu, la crainte créée par la faillite d’Enron ayant fait des ravages. Pour le GigaGroup, ce rachat pourrait en entraîner d’autres : EDS, Oracle et Sun ayant toujours été des partenaires stratégiques de PwC, ils vont peut-être essayer de diminuer les risques en verrouillant de nouveaux partenaires.Avec 180 000 employés dans le service et un chiffre d’affaires attendu de 39 milliards de dollars, IBM secoue le marché des intégrateurs et du service, même si l’impact en France est moins important qu’aux États-Unis.

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Thierry Outrebon