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Port numérique

Pôle majeur du trafic maritime français, le Grand Port du Havre concentre les technologies informatiques de pointe.

Fondé par le roi François 1er au XVIe siècle, “ Le Havre de Grâce ” n’a cessé de se développer pour devenir à l’aube du XXIe siècle le Grand Port Maritime du Havre, premier port français pour le trafic de conteneurs et deuxième, derrière Marseille, pour le tonnage total. Chaque année, ce sont 7 500 navires et plus de 2,2 millions d’EVP (conteneurs équivalents à 20 pieds, soit environ 30 m3) qui entrent et sortent. La gestion du trafic, et plus largement la centralisation de l’ensemble des informations relatives au fonctionnement et à la sécurité des installations portuaires, relève de la vigie, la tour de contrôle du port. C’est ici que parviennent toutes les données en provenance des différents systèmes informatiques et des capteurs (radars, sonars…) répartis sur le site. L’informatique est également largement mise à contribution pour la formation du personnel : simulateurs de conduite de portique, de cavalier, de manœuvre portuaire, de pilotage sont fréquemment utilisés par les entreprises qui travaillent sur place, dans le but d’optimiser l’enseignement et d’améliorer la sécurité des hommes et du matériel. Le Grand Port Maritime du Havre poursuit sa mutation. Port 2000, son extension, dont les travaux ont débuté en 2001, permet d’ores et déjà d’accueillir les plus gros porte-conteneurs du monde le long de ses 7,5 kilomètres de quais. À terme, il pourra traiter trois fois plus de conteneurs qu’aujourd’hui.

Le trafic portuaire en temps réel

Les navires de plus de 400 tonneaux (soit 30 m de long environ) sont identifiables grâce à leur dispositif AIS (Automatic Identification System). Les informations aussi diverses que le type, le pavillon, la position, la vitesse ou le cap sont accessibles librement. Le site www.marinetraffic.com, basé sur la cartographie Google Maps, affiche en temps réel la position de tous les navires présents sur le globe, en se basant sur ses données AIS. Les informations sont étonnamment précises. Vous pourrez même découvrir des photos du navire, prises par des amateurs, ainsi que toutes les données techniques le concernant.

Le simulateur de chariot-cavalier

Le centre de formation de la GMP (Générale de Manutention Portuaire) dispose, depuis 2006, d’un simulateur de conduite de chariot-cavalier. Cette grue mobile, dont la cabine est située à 14 m de hauteur, est utilisée pour déplacer les conteneurs sur les quais. La formation d’un chauffeur dure quatre semaines. Les deux premières s’effectuent uniquement sur le simulateur développé par l’américain GlobalSim. L’appareil se compose d’une cabine de projection montée sur un système de vérins à six degrés de liberté qui permet de simuler les secousses de la cabine lors du freinage ou des changements de direction. L’affichage est assuré par dix écrans Plasma, dont deux placés au sol. L’instructeur suit un programme de formation clairement établi dans lequel il peut intégrer des modifications afin d’évaluer la réaction de l’élève. En outre, il dispose d’un écran de contrôle qui lui permet de surveiller les gestes du stagiaire. L’affichage, la synchronisation des images et la gestion du simulateur sont assurés par un cluster de 14 PC.

Le simulateur de manœuvre

Développé par Transas, le simulateur de manœuvre portuaire forme les pilotes qui montent à bord des navires entrant ou sortant des ports du Havre, de Fécamp et d’Antifer pour conseiller le commandant. Le simulateur permet de recréer des incidents et de tester les réactions des pilotes face à un événement imprévu. Durant l’exercice, l’instructeur peut modifier la vitesse et la direction du vent et des courants ainsi que la météo. Les installations portuaires ont été modélisées en 3D à partir de plus de 22 000 photos de la zone du Havre. Un réalisme tel que les pilotes éprouvent la même fatigue qu’en mer. en outre, bien que la passerelle soit fixe, l’impression de mouvement, en cas de forte houle, est troublante. Cette sensation est due aux écrans de projection qui couvrent l’intégralité du champ de vision, supprimant tout repère fixe.

L’écluse François 1er

Lors de son inauguration en 1971, l’écluse François 1er était la plus grande au monde, avec 400 m de long pour 67 m de large et 24 m de profondeur. elle relie la mer à la zone industrielle du Havre, et peut accueillir certains des plus grands porte-conteneurs au monde, comme le MSC madeleine et ses 349 m de long pour 43 de large. Le fonctionnement de l’écluse a connu de nombreuses modifications au cours du temps. Aujourd’hui, toutes les opérations sont automatisées. Deux pilotes de manœuvre accompagnent le commandant des navires de plus de 320 m lors du passage de l’écluse. Afin de garantir la plus grande précision, les pilotes utilisent, depuis 2006, une valise de positionnement GPS différentiel développée par marimatech. Cet équipement, composé de deux récepteurs GPS reliés à une console de commande connectée en Wi-Fi à un PC portable, offre une précision de guidage de l’ordre du décimètre. Ce système permet au pilote de vérifier en permanence la position et le cap du navire, et d’en informer son collègue en charge de la manœuvre.

La vigie

Chaque année, environ 7500 navires font escale au port du Havre. Aucun d’entre eux ne peut pénétrer dans la zone portuaire sans avoir rempli, au minimum 24 heures avant l’escale, une déclaration d’intention via le site Havre-Port.net, l’extranet du GPMH. Cette déclaration renseigne la vigie, sur la nature du navire, son chargement, les éventuels dangers qu’il peut représenter pour la sécurité ou la sûreté, mais aussi les coordonnées de son interlocuteur au port. Une fois que les navires arrivent à proximité du Havre, ils sont pris en charge par la vigie dont la salle d’observation culmine à 45 m. Les radars enregistrent la position, le cap et la vitesse de tous les bateaux présents dans la zone. Ces données sont numérisées et associées aux coordonnées fournies par le système d’identification automatique du navire. Les informations sont centralisées dans les serveurs et diffusées sur les écrans des contrôleurs, qui les utilisent pour assurer la fluidité du trafic et veiller à la sécurité des embarcations et des installations portuaires. Certaines des informations de la déclaration d’intention remplie par les professionnels peuvent être consultées librement sur le site www.havre-port.fr à la rubrique Exploitation portuaire, Mouvements du jour. Vous trouverez le nom des bateaux, leur provenance, leur pavillon, leurs heures de départ et d’arrivée…

Contrôle des fonds marins

La vedette hydrographique Hyphos contrôle durant l’année l’état des fonds marins et lutte contre l’ensablement causé par les marées, la houle et les courants. Un hydrographe plonge d’abord “ une sonde de célérité ” qui mesure la vitesse réelle du son dans l’eau depuis la surface jusqu’au fond. Celle-ci varie suivant la température ou la salinité. Les mesures s’effectuent ensuite grâce à un sondeur multifaisceau qui couvre un angle de 150° sous la coque, ce qui permet à la vedette de balayer une large zone en un seul passage. Pour éviter toute fausse mesure due au tangage, roulis et pilonnement en mer, une centrale inertielle analyse les mouvements de la plate-forme et fournit ces informations au système informatique embarqué. Le logiciel Qloud génère une image 3D du fond à partir des données du sondeur. La précision est suffisante pour permettre aux hydrographes de détecter tout élément insolite et contrôler les travaux de nettoyage. Une journée de mesure génère environ 8 Go de données, qui seront notamment utilisées pour créer les cartes destinées aux différents acteurs du port (Capitainerie, drague…).

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Philippe Fontaine