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Philippe Herbert (Partech) : ” L’investissement à contre-cycle est payant “

Le directeur associé du capital-risqueur français explique pourquoi il parie sur des niches de profits télécoms, en Israël ou en Europe.

Vous venez de recruter Amir Ami, le fondateur de Radvision, une société israélienne de télécommunications, afin d’asseoir votre présence dans ce pays. Le moment est-il bien choisi ?Tout à fait. Avec la reprise de l’Intifada, les capital-risqueurs américains ont déserté la place, nous laissant le champ libre. Il faut savoir que, étant donné la taille du marché local, toute start-up israélienne a d’emblée des ambitions internationales, ce qui n’est pas pour nous déplaire. Je n’irai pas jusqu’à dire qu’intervenir là-bas ne nous fait pas prendre un risque supérieur, mais c’est notre métier, et l’investissement à contre-cycle est payant. Et puis, nous ne prévoyons que trois investissements en Israël sur la trentaine de notre fonds.La crise des télécoms n’en finit pas. Allez-vous maintenir, là aussi, une politique à contre-cycle ?Plus que jamais. Pendant les années d’euphorie, les opérateurs sont sortis de leur domaine de compétence : ils ont voulu élargir leurs champs d’activités. Ils ont par exemple créé des portails. Mais la crise les a obligés à faire des coupes drastiques, à se recentrer sur leur c?”ur de métier. Les start-up ont ainsi retrouvé leur raison d’être. Quand elles développent un produit innovant correspondant à un réel besoin du marché, elles deviennent forcément intéressantes pour nous. Et puis, si les opérateurs souffrent, quelques niches n’en paraissent pas moins prometteuses, comme le wireless [sans fil, ndlr], ou l’univers de la sécurité.Vous comptez donc investir cette année ?Nous l’avons fait. Nous avons participé au tour d’amorçage de 1,5 million d’euros de Total Immersion, un fournisseur d’applications vidéo. Nous avons remis au pot de Redux, un développeur israélien de processeurs réseau. Nous voulons réaliser sur l’année environ deux opérations par associé, soit six financements.Où en le quatrième fonds de Partech, fort de 350 millions d’euros ?Il est investi à 40 %. Nous ne prévoyons pas de lever de fonds avant la fin de l’an prochain. Aujourd’hui, nous provisionnons plus d’argent pour les refinancements. Pour chaque euro investi, nous en provisionnons un autre, soit deux fois plus qu’avant.Certains entrepreneurs se plaignent du durcissement de vos conditions, de la longueur des opérations… Qu’en est-il exactement ?Si les opérations sont plus longues à se finaliser, c’est parce que les due diligence [vérifications d’usage avant la conclusion définitive d’une opération, ndlr] prennent plus de temps : nos audits techniques, juridiques et comptables n’ont pas changé, mais nous attendons de voir si lentrepreneur est capable de respecter les premières échéances de son business plan. Quant aux clauses de liquidation préférentielles, elles ne sont pas plus dures chez nous que chez les autres. Et il est normal que nous prenions des garanties.

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Hélène Puel et Agathe Remoué