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Open source et brevets : un cocktail dangereux

L’industrie informatique est en pleine contradiction. D’un côté, ses leaders, à l’exception bien connue de Microsoft, se font les avocats du modèle open source. De l’autre, ce sont ces mêmes leaders qui sont
les champions de la détention de brevets. Un paradoxe qui montre la mutation profonde et déconcertante de ce secteur.

L’open source n’est pas seulement le terrain d’un affrontement idéologique entre ses partisans et ses détracteurs. C’est également une arme marketing formidable, que les plus grands fournisseurs emploient de
façon habile. Mais aussi, de plus en plus souvent, de façon ambiguë.L’exemple le plus frappant réside dans la stratégie du premier fournisseur informatique mondial. Fervent supporter de l’open source, IBM est aussi l’entreprise qui dépose, depuis dix ans, le plus grand nombre
de brevets aux Etats-Unis, tous secteurs économiques confondus.Selon l’USPTO, l’organisme en charge de l’enregistrement des brevets outre-Atlantique, Big Blue s’est vu enregistrer 3 415 inventions pour la seule année 2003. Une situation très étrange. Pourtant,
il arrive habilement à ne pas défrayer la chronique, dans le climat très tendu qui entoure la question de la brevetabilité des logiciels. Un débat qui oppose notamment ses partisans aux supporters du logiciel libre.Très récemment, Big Blue s’est même payé le luxe d’inviter Sun à ouvrir le code source de Java, dont ce dernier est propriétaire. On peut se demander quelles sont ses intentions ! Si Sun s’engageait dans une telle
voie (sa position officielle devrait être connue dans les jours qui viennent), la coexistence entre brevets et open source deviendrait encore plus ‘ farfelue. ‘ Car certaines ‘ briques ‘ du code
source sont susceptibles d’être protégées par un brevet empêchant, en l’état actuel des choses, d’en faire des implémentations ‘ libres ‘.IBM, de son côté, prend le risque de se voir demander, à terme, de verser ses logiciels dans le domaine du logiciel libre. Même s’il l’a déjà fait dans le secteur du développement logiciel, en donnant ses technologies à sa communauté
Eclipse, est-il prêt à faire don de sa gamme de produits Websphere ?A moins que sa réelle stratégie ne soit de banaliser le secteur entier du logiciel, pour s’imposer davantage grâce à sa première activité, la vente de services informatiques.Au moins, la position, discutable certes, de Microsoft de breveter ses inventions et de s’opposer au modèle du logiciel libre a le mérite d’être claire.* Chef d’enquête à 01 InformatiqueProchaine chronique le jeudi 1er avril

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Ludovic Arbelet*