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Netflix : « Nous voulons offrir un service meilleur que le piratage »

Le service de SVoD ne propose qu’une partie de son catalogue depuis son lancement ce 15 septembre en France. Avec l’idée de monter en puissance après avoir observé les habitudes des utilisateurs. Interview de Ted Sarandos, le directeur des contenus de Netflix.

Ted Sarandos est l’un des piliers de Netflix, où il travaille comme directeur des contenus depuis 14 ans. Il a officié auparavant chez des distributeurs vidéo américains et est reconnu comme l’un des meilleurs experts de ce marché.

01net : Etes-vous satisfait du catalogue que vous proposez aux Français ?

Ted Sarandos : Très satisfait, oui. Je précise qu’aujourd’hui nous ne lançons que la moitié des programmes dont nous disposons en France. Il va donc grossir tous les jours. Mais avant, nous devons observer la façon dont les Français regardent les films et les séries, quelles sont leurs recherches en ligne et comment ils font leur marché. On va analyser toutes ces données et alors, seulement, on pourra ajouter des programmes progressivement pour que le catalogue soit plus représentatif de ce que les Français veulent et l’adapter au marché local.

Mais la plupart des séries originales que nous possédons, nous les proposons en France. Notre intention n’est pas de développer un catalogue spécifique à chaque pays mais de l’adapter, donc nous essayons au maximum de proposer ce qui est disponible pour chaque territoire, avec en plus des programmes locaux et des licences globales comme Gotham, par exemple. Au niveau des exclusivités, nous diffusons pour la première fois en France la série Fargo. Et en 2015 le spin-off de Breaking Bad : Better Caul Saul dont nous sommes le distributeur exclusif en Europe.

Votre offre française comporte combien de titres ?

Nous ne publions pas de chiffres sur ce sujet en France ni ailleurs.

Le pourcentage de séries et films alors ?

Non plus. Ce que je peux vous dire, c’est que nous voulons faire quelque chose de bien pour tout le monde, que tout le monde y trouve son compte. Donc il faut qu’on propose un mélange de télévision américaine, internationale et française. Le catalogue va évoluer organiquement, il y aura de plus en plus de choix pour tout le monde chaque mois.

Est-ce que ça a été difficile d’obtenir les droits des productions françaises ?

C’est difficile dans chaque territoire national. Cela dépend du pouvoir des chaînes de télévision, de l’historique local et des pratiques commerciales. Donc c’est toujours délicat d’obtenir des droits. Vous devez arriver à tirer votre épingle du jeu et à naviguer entre les pratiques commerciales du pays, les régulations locales et l’appétit des différentes chaînes.

Quelles sont vos relations avec les représentants des ayant-droits comme la SACD, par exemple ?

Très positives. Nous arrivons maintenant à un point où nous allons enfin pouvoir obtenir des sélections de films de plus en plus récentes. En tous cas, nous l’espérons. Comme tout le monde, on a d’abord commencé par faire un gros stock de séries TV parce que c’est le point d’ancrage le plus facile pour attirer le consommateur. Il y a eu un basculement culturel majeur du cinéma vers les séries TV partout dans le monde. Quand les gens parlent à table dans un dîner, ils parlent plus volontiers d’une série que d’un film je pense. Cela a beaucoup à voir avec les modèles de distribution et la façon dont les gens ont accès immédiatement aux séries TV, s’ils sont excités à ce sujet, etc..

Vous avez décidé de produire une première série française. Pouvez-vous nous en dire plus ?

C’est difficile de comparer le projet à quoique ce soit d’autre. Mais vous savez, l’univers de Marseille est très coloré et très intéressant, au même titre que House of cards l’a été pour notre première série originale en anglais. Nous prévoyons de produire des séries TV de qualité supérieure à ce que l’on a vu à la télévision française avec des réalisateurs de cinéma, des écrivains très expérimentés à la télévision, avec des producteurs très expérimentés. Et je pense que les gens seront impressionnés, pas seulement en France mais dans le monde entier.

Vous allez produire d’autres séries françaises ?

Nous l’espérons. Nous allons mettre en place une équipe pour produire une première grande série et en cas de succès, nous en lancerons beaucoup d’autres. Netflix a rencontré beaucoup de succès en construisant une audience partout dans le monde pour des programmes de langue française. C’est impressionnant de penser au nombre de spectateurs qui regardent des productions françaises populaires comme Engrenages ou Les Revenants [des séries Canal +] qui ont été de gros succès sur le câble partout aux Etats-Unis, mais encore plus sur Netflix en nombre de vues. Donc je pense que c’est très important que nous observions la culture française, et c’est encore plus important que nous puissions offrir une grande plate-forme globale mondiale pour des programmes originaux venant de France.

Comment voyez-vous l’avenir de la télévision ?

Je pense que la télévision du futur sera plus en phase avec la génération du « à la demande » créée par Internet. En fait, il y a une demande des consommateurs sur internet pour avoir tout ce qu’ils veulent, quand ils veulent et où ils veulent.  Et ils sont prêts à payer pour cela. Dans le même temps, la télévision traditionnelle rend les contenus plus difficiles à atteindre, augmente le piratage. Ce que nous essayons de faire. Ce que nous essayons de faire, c’est d’offrir une programmation de qualité pour le consommateur, pour qu’il ait vraiment envie de payer pour ça et pour vivre grande expérience. Nous voulons offrir un service meilleur que ce qui est disponible gratuitement. C’est indispensable dans l’économie d’aujourd’hui.

L’autre chose, c’est que nous devons nous adapter à ce que les consommateurs veulent en ligne, même si cela n’est pas en accord avec le business model. Quand on a lancé tous les épisodes d’une série le même jour, la plupart de gens sur le marché de la télévision disaient que nous étions complètement dingues. Parce que tout le business de la télévision repose sur le fait de gérer la satisfaction du spectateur en ne diffusant qu’un épisode par semaine, en gardant les gens en haleine en revenant, en revenant, et en revenant encore. Mais en réalité, la plupart des gens veulent voir plus d’épisodes en une seule fois. Alors, on a essayé de tenir cette promesse. Dites-nous ce que vous avez envie de voir et nous vous apporterons les programmes !

A lire aussi : notre interview de Reed Hastings, patron de Netflix (15/09/2014)

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Amélie Charnay avec Jean-David Duarte