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(Mise à jour) L’Europe vote une directive contre le piratage organisé

Le Conseil des ministres européens a adopté, sans la modifier, la directive européenne sur la propriété intellectuelle. La Commission s’en félicite, mais regrette l’absence de sanctions pénales.

Première parution le 9 mars 2004Destiné à lutter contre les réseaux mafieux liés à l’industrie de la contrefaçon, ce texte concerne aussi bien les CD, les logiciels que les plates-formes d’échanges de fichiers comme Kazaa ou eDonkey.La directive européenne sur la protection de la propriété intellectuelle a été votée aujourd’hui à une large majorité, en première lecture, par le Parlement européen. Ce texte, initialement destiné à lutter contre les réseaux de
contrefaçon, pourrait être adopté définitivement dès le 11 mars si un accord politique se dégage lors du prochain Conseil des ministres européens sur la compétitivité. Les Etats membres disposeront alors de 24 mois pour le transposer dans
leurs législations (après publication au J.O. des communautés européennes).Les nombreuses réserves émises sur le projet de directive n’auront donc pas porté leurs fruits à l’intérieur de l’hémicycle européen. Lundi 8 mars, un collectif d’associations de défense des libertés publiques et d’organisations de
défense des consommateurs avait manifesté devant le Parlement de Strasbourg. Elles reprochaient au texte présenté aujourd’hui devant les eurodéputés d’opérer un amalgame malvenu entre les particuliers utilisateurs de réseaux
peer-to-peer et les mafias du piratage.Comme elles l’avaient fait à l’occasion d’un précédent débat sur les brevets logiciels, les sections virtuelles (fédérations Internet) du Parti socialiste français et du SPD allemand avaient également lancé un appel aux parlementaires
sur ce texte, selon elles ‘ dévoyé de ses objectifs initiaux (…) et détourné pour étendre de façon abusive et dangereuse les droits de propriété intellectuelle. ‘

Les sanctions concernent un usage commercial

A l’issue du vote le rapporteur du projet de directive, la députée du PPE (Parti populaire européen) Janelly Fourtou, citée par l’AFP, a déclaré pour sa part que ‘ l’exception de la copie privée sortait
renforcée ‘
. ‘ Le but n’est pas de poursuivre une personne qui télécharge de la musique ‘, précise son assistante parlementaire, Sarah Cuvelier.Les sanctions civiles et administratives prévues dans la directive ne concernent que les actes commis à l’échelle commerciale, par des acteurs qui en retirent ‘ un avantage économique ou commercial, direct ou
indirect ‘
. ‘ Un réseau comme KaZaA vit ainsi pour partie de la publicité ‘, souligne Sarah Cuvelier.Un discours qui ne convainc pas les opposants au projet de directive. L’eurodéputé écossais Neil MacCormick (Scottish National Party) dénonce ainsi ‘ un texte voté à la hâte ‘, qui pourrait
bien à terme ‘ sanctionner de manière identique des internautes qui téléchargent de la musique depuis leur PC et la fine fleur de la piraterie et de la contrefaçon internationales. ‘Sur un autre volet du texte, le parlementaire regrette que ‘ les brevets soient in fine inclus dans le champ de la directive et s’inquiète des conséquences sur l’avenir de l’industrie du
logiciel libre ou le secteur des médicaments génériques. ‘
Une prise de position qualifiée ‘ d’amalgame ‘ dans l’entourage du rapporteur du texte.‘ C’est une journée noire pour les consommateurs et les innovateurs européens. Ils ont été abandonnés par les partis politiques traditionnels, qui ont montré plus d’empressement à suivre la petite musique des
grosses sociétés quà défendre les droits du consommateur et des petites entreprises ‘
, conclut Neil MacCormick dans un communiqué.

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Philippe Crouzillacq