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Messagerie et faux usages professionnels

Selon Mikaël Gléonnec, enseignant-chercheur à Paris-XIII.

Comme sur internet, un service de ‘ chat ‘ en entreprise crée un effet de communauté. Mikael Gléonnec a recueilli, de juillet à décembre 2001, tous les chats publiés sur l’intranet d’une
grande entreprise française (plus de 100 000 salariés), dont les établissements sont répartis sur toute la France.1 454 utilisateurs ont envoyé au total 639 097 messages. Heure, date, pseudonyme(s) de l’usager, adresse IP de son ordinateur et contenu du message : tout a été enregistré. Puis stocké dans une base, où ces messages ont
été comptabilisés, classés, étudiés.Leur analyse qualitative ‘ met en évidence l’autorégulation de cette communauté ‘. Mikaël Gléonnec relève surtout à la fois la crainte d’être surpris en train de chatter et une
complémentarité entre le chat et les autres modes de communication ?” téléphone, e-mails et rencontres physiques.Les verbes ‘ se voir ‘ et ‘ se rencontrer ‘ ont été dénombré respectivement 100 et 129 fois. Tandis que le terme
‘ chef ‘ a été recensé 697 fois ?” surtout sur le mode ‘ Mon chef est rentré dans le bureau, j’ai dû me déconnecter vite fait… ‘.Enfin, 2 % seulement des discussions avaient un caractère professionnel ?” une demande de renseignement sur une machine ou d’assistance informatique, par exemple.Au final, tous ces usagers du chat ont été confrontés à une contradiction : l’attribution de pseudonymes leur a permis de jouer des rôles différents de ceux qu’ils tiennent professionnellement, mais cette liberté les a empêchés de
tisser des relations de confiance. L’individu qui communique anonymement peut être très différent du personnage qu’il met en scène sous son pseudonyme.Par ailleurs, l’annuaire de l’entreprise facilitait les recherches. A partir de quelques informations, il était possible d’identifier le lieu de travail et la fonction d’un chatteur. Résultat : la direction de l’entreprise a
préféré mettre fin à son expérience en février 2002, estimant que les usages de cet outil n’avaient pas leur place dans le contexte professionnel.* Directrice adjointe de la rédaction de 01 Informatique

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Andrée Muller*