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Marc Simoncini : ‘ Si je devais vendre Meetic, je gagnerais plus d’argent qu’avec iFrance ‘

En France, la palme de symbole des excès du Web revient sans conteste à Vivendi. L’ex-empire de Jean-Marie Messier s’était en effet bâti à coups de…

En France, la palme de symbole des excès du Web revient sans conteste à Vivendi. L’ex-empire de Jean-Marie Messier s’était en effet bâti à coups de centaines de millions de francs, vite disparus. Une frénésie d’acquisitions dont a su
profiter Marc Simoncini.


En 1998, l’homme lançait iFrance, un service d’hébergement de pages perso. En 2000, il le revendait 45 millions d’euros à Vivendi (qui s’en débarrassa discrètement trois ans après). C’est qu’iFrance s’était taillé en peu de temps
une place de choix dans l’Internet français, devenant le deuxième hébergeur de sites, derrière Multimania.


Aujourd’hui, Marc Simoncini est à la tête de Meetic, le service de rencontres en ligne qu’il a créé, et qui s’est emparé en quelques années de la première place de ce marché en Europe. Pas question donc, pour lui, de se contenter de
n’être qu’un des heureux bénéficiaires de la ‘ nouvelle économie ‘.01net. : Que faisiez-vous il y a cinq ans ?


Marc Simoncini : Il y a cinq ans, j’étais en train de vendre iFrance à Vivendi. L’opération s’est faite rapidement, en trois à quatre semaines. Ensuite, je devais rester douze mois au sein de Vivendi mais j’y suis
resté dix-huit, parce je n’avais pas de projet particulier. Bien sûr, j’ai investi une partie de l’argent dans des sociétés Internet qui n’ont pas duré, dans des actions qui se sont ‘ cassé la gueule ‘,
mais je sais que j’ai bien traversé la crise, mieux que ceux qui n’ont pas pu revendre à temps.Pourquoi avez-vous quitté Vivendi ?


Un jour, j’ai eu envie de changer. J’ai alors défini quelles étaient, à mes yeux, les conditions d’un modèle économique très efficace. Il y en avait neuf ; par exemple, pouvoir devenir leader en Europe, avoir une chance d’amener la
société en Bourse…Et c’est devenu Meetic ?


Mes neuf conditions menaient à une société équivalente à celle de Pierre [Kosciusko-Morizet, le PDG de PriceMinister, NDLR]. J’ai développé toute la techno mais, au final, je me suis dit que je n’avais pas envie de me
consacrer à un tel projet, heureusement ou malheureusement. Donc je ne l’ai pas lancé. Et puis un facteur s’est ajouté, l’engouement pour le marché des célibataires, d’où Meetic.Par rapport à l’époque iFrance, quelles sont les principales différences ?


Avec Meetic, nous avons des problèmes de ‘ gros ‘. Nous sommes passés de 3 à 100 personnes, nous avons dû déménager cinq fois, nous avons six millions d’inscrits. D’ailleurs,
aujourd’hui, nous recrutons surtout des gens ayant une expérience auprès d’un opérateur télécoms, ce sont ceux qui ont le plus l’habitude d’une population de cette taille. Alors que, avec iFrance, nous ne nous occupions pas d’argent puisque nous
n’avions pas de revenus.Est-ce qu’une telle expérience ne donne pas de mauvaises habitudes ?


Aux autres, oui. Moi, j’avais bossé onze ans dans une boîte, j’ai levé 20 millions de francs pour iFrance, que j’ai revendu 200 millions de francs, mais, à ce moment-la, mon salaire était de 30 000 euros par an. Alors
que je voyais débarquer des gamins me réclamant 300 k.Quelle est la prochaine étape ? Une nouvelle revente ?


Non, Meetic n’est pas à vendre. De toute façon, plus on avance, moins on a de chances d’être racheté. Si je devais vendre Meetic aujourd’hui, je gagnerais plus d’argent qu’avec iFrance. Et qui pourrait se le permettre, mis à part quelques
groupes américains. Non, la prochaine étape, c’est l’introduction en Bourse, sans doute courant septembre.

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Propos recueillis par Ludovic Nachury