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Marc Jirou, directeur Recherche & Développement d’Ex Machina :”Ce qui stresse le processeur c’est le calcul volumétrique”

Le groupe Ex Machina est né en juillet 1999 du rapprochement de plusieurs sociétés. Il est prestataire pour le monde de la communication et de la fiction audiovisuelle : cinéma, télévision, publicité, radio, animation, jeux vidéo, internet, etc. Marc Jirou en dirige la recherche et le développement.

Que vous apporterait demain un processeur 12 fois plus puissant que ceux que vous utilisez aujourd’hui ?Il faut toujours une heure pour calculer une image. La différence, c’est qu’il y a dix ans on calculait 3 sphères sur un plan, aujourd’hui on peut calculer un personnage complexe, avec des vêtements et des cheveux, et dans 10 ans on calculera la même chose avec un modèle de diffusion de lumière beaucoup plus élaboré. Si le gain de temps est de deux, alors nous mettrons deux fois plus d’éléments, de personnages, les effets gourmands en calcul seront utilisés plus largement, et il y aura plus de détails. On est dans une économie où il faut des ordinateurs toujours plus puissants pour arriver à un temps de calcul identique à la génération précédente, ce qui est parfois difficile à faire passer au décideur d’achats de la société. L’image à calculer se sophistique tout le temps. Le temps de calcul reste quasiment identique d’une génération de processeur à l’autre. Les algorithmes de demain existent déjà, mais ils sont trop lourds pour entrer en phase de production (pour une série ou un long métrage par exemple). Mais dès que les machines gagneront en puissance, ces algorithmes pourront être utilisés en production. Les pré-rendus seront peut-être plus rapides à visualiser, la façon de travailler sera peut-être un peu plus souple, mais il y a fort à parier que le temps de calcul pour l’image finale sera identique à celui d’aujourd’hui. La puissance de calcul sert aux créateurs à se rapprocher encore plus de l’idée qu’ils ont en tête.Quelles sont les opérations les plus gourmandes en terme de puissance de calcul ?Ce qui stresse le plus le processeur, c’est le calcul volumétrique. Il suffit de rajouter du brouillard à une scène, et le temps de calcul peut être multiplié par 4.La course au réalisme atteint-elle ses limites et cela sonnera-t-il le glas de la recherche de puissance, la différence se faisant alors sur la qualité et la créativité des intervenants ?Non, la limite, s’il y en a une, est très loin d’être atteinte. Nous pourrons juste faire les mêmes choses plus vite, pour de la pub ou pour de la série. Qui dit qualité dit temps, dit un grand nombre de machines et de licences. Si la puissance augmente de façon importante, nous pourrons faire la même chose plus vite avec moins de matériel pour des concepts éprouvés. Nous pourrons donc, logiquement, baisser le budget. Ce qui est haut de gamme sera encore plus haut de gamme, et ce qui est bas de gamme sera encore moins cher, tout en augmentant qualitativement.Selon vous, un particulier peut-il être intéressé par un tel type de processeur ?Oui, dans le cadre du temps réel. Au lieu de travailler sur un flux vidéo (montage numérique, développement important de la vidéo numérique chez le particulier, ndlr), il serait possible de travailler sur quatre flux vidéos en même temps, et de faire de mixage en temps réel. Certains effets spéciaux utilisés à Ex Machina pourraient être utilisés sur la machine de monsieur Tout-le-monde grâce à ce type de processeur. Je ne sais pas ce que les gens en feront, mais moi je sais ce que jen ferai !

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