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Les règles de modération de Facebook ont fuité

Un Marocain, qui a travaillé comme modérateur sur Facebook, a fourni au site gawker.com un document détaillant les pratiques de modération sur Facebook.

Le site Gawker a publié les règles de modération du plus grand réseau social au monde, tout en dévoilant le quotidien difficile des employés chargés de les faire respecter. Ce document, il l’a obtenu d’un Marocain de 21 ans, Amine Derkaoui, qui a été employé plusieurs mois par oDesk, à qui Facebook sous-traite une partie de sa modération. 

Cet emploi, Amine Derkaoui l’a quitté depuis, littéralement dégoûté. Il travaillait chez lui, passant sa journée à vérifier les contenus signalés contraires aux règles de Facebook. Pour chaque vidéo, photo ou texte signalé, il devait soit confirmer que le contenu posait problème, soit infirmer le signalement, soit le transmettre aux employés de Facebook en cas d’entorse grave. Une mission payée seulement un dollar de l’heure… Remonté contre le réseau social, il a expliqué à Gawker que c’était « humiliant » et que « Facebook exploite le tiers-monde ».

Il faut dire que le jeune homme, comme les autres modérateurs de Facebook, a pu être confronté à des contenus particulièrement horribles. « Pédophilie, nécrophilie, décapitations, suicides, etc. », un autre modérateur interviewé par Gawker n’a tenu que trois semaines « parce qu’il tenait à sa santé mentale ».

Il est intéressant de noter que jamais oDesk n’indique que le site pour lequel travaillent ses modérateurs n’est autre que Facebook. Qui a toujours préféré rester discret quant à cette tâche difficile – comment modérer efficacement 800 millions de comptes ? – et ingrate pour ceux qui l’effectuent. 

Facebook plus permissif avec la violence qu’avec la nudité.

Le document fourni par Derkaoui est riche en enseignements… Et en détails sordides. On savait déjà que Facebook avait une politique de modération particulièrement rigoriste par rapport au sexe et à la nudité. Cette présentation confirme que les photos de mère donnant le sein sont interdites si le téton est visible. 

Abuse Standards 6.2 – Operation Manual

On apprend en revanche que le site est plus laxiste avec la violence : si les images de torture et de mutilation ou encore les décapitations sont interdites, certaines images pourtant gores, comme les « têtes et membres écrasées » sont autorisées « tant qu’on ne voit pas l’intérieur », précise le document, lui-même très gore, il faut bien le dire.

On apprend aussi que Facebook ne censure pas les drogues « douces » et demande à ses modérateurs de laisser passer tous les contenus en rapport avec le cannabis, à moins « qu’il soit clair que celui qui l’a posté en vend, en achète ou en fait pousser ».

Le papier fourmille de détails pour chaque catégorie d’abus, qu’il s’agisse de discours haineux, d’images violentes, d’intimidations ou de menaces. Plus étonnant, la section consacrée au « blocage IP et à la conformité internationale » demande à ce que soient transmis à Facebook les contenus reniant l’holocauste, mais aussi « toutes les attaques concernant Ataturk », les « plans du Kurdistan », des images de « drapeaux turcs en feu » et bien entendu les références au PKK. Ces règles spécifiques à la Turquie sont surprenantes, sachant qu’il doit exister bien d’autres règles spécifiques de ce genre. Le document fourni par A. Derkaoui pourrait-il être une version localisée des règles qui gouvernent le réseau social ?

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Eric le Bourlout