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Le ” WAP-lockage ” interdit en appel

France Télécom avait fait appel contre la décision du Tribunal de commerce de Paris du 30 mai dernier suspendant la commercialisation de ses terminaux GSM ” WAP-lockés ” jusqu’au 30 septembre prochain. Mal lui prit : la Cour d’appel de Paris a prolongé cette période d’interdiction ” jusqu’à ce qu’une autorité compétente se prononce sur le fond de cette affaire “.

Ce jugement ne manquera pas d’inciter les opérateurs mobiles à plus de circonspection. Le WAP-lockage ne pourra plus être traité à légère. C’est une question plus importante qu’on ne l’imagine de prime abord. Ses implications sont multiples, ainsi que le souligne le document intitulé “Les enjeux concurrentiels du WAP et du GPRS”, que l’Afim (Association française de l’Internet mobile) vient de rendre public.Les possibilités de verrouillage WAP sont en effet multiples. L’opérateur mobile peut préconfigurer les terminaux qu’il vend. Il peut commander la fabrication de terminaux qu’il verrouille de manière à empêcher tout changement de leur configuration d’accès à Internet. Il peut aussi empêcher l’adjonction d’autres paramètres d’accès.En distribuant des téléphones qu’il est impossible de reconfigurer automatiquement par l’envoi de SMS, l’opérateur oblige l’utilisateur à procéder à une reconfiguration manuelle, beaucoup plus fastidieuse.L’opérateur peut interdire ou filtrer le trafic vers des numéros d’accès Internet différents des siens. Il peut choisir d’offrir l’option Data par défaut et restreindre l’accès à ses seuls numéros d’appel. Pour profiter des offres d’accès d’autres fournisseurs, l’utilisateur doit alors souscrire une option Data payante, ce qui crée une discrimination par le prix.L’opérateur mobile peut également exercer un contrôle sur les contenus. Il détermine le contenu de la page d’accueil. Même si l’utilisateur peut changer les paramètres de son terminal, l’opérateur peut forcer la première page affichée sur ce terminal et fixer les contenus qui seront directement accessibles à l’utilisateur. Ces contenus seront forcément favorisés en termes de trafic.En offrant des services par défaut, l’opérateur peut interdire l’accès aux contenus concurrents. C’est ainsi que les abonnés de Club Internet ou de Mageos ne peuvent recevoir et écouter leurs mails sur un terminal Itineris. Ce service est réservé aux clients de Wanadoo.L’opérateur mobile a aussi la possibilité d’envoyer aux utilisateurs qui consomment des services concurrents des publicités ciblées en faveur de ses propres services et contenus. C’est ainsi que le moteur de recherche Voila de France Télécom ignore tous les sites de vente de livres à l’exception de Alapage.com, filiale de l’opérateur public.Les opérateurs mobiles sont seuls à déterminer le prix des appels. Aucune offre tarifaire concurrente ne peut être introduite. C’est ainsi qu’il n’y a toujours pas de numéros verts pour les mobiles.Les opérateurs mobiles peuvent refuser de vendre des terminaux non verrouillables ou reconfigurables par SMS. Ils limitent ainsi le choix de l’utilisateur et diffusent des terminaux de moindre qualité.En maîtrisant la fourniture de l’accès et son prix, ils interdisent la mise en place de kiosques, rémunérant les éditeurs et fournisseurs de contenus au temps passé. Les contenus qui ne trouvent pas place sur les pages d’accueil des opérateurs sont marginalisés, sinon éliminés.Les opérateurs mobiles sont seuls à connaître les comportements des utilisateurs. L’Internet mobile gratuit, fondé sur la gestion de la relation client par les fournisseurs eux-mêmes, ne peut donc se développer. Les sites non hébergés par l’opérateur ou non raccordés par liaison spécialisée à l’opérateur ne pourront pas bénéficier de solutions sécurisées. Pour être suffisamment sécurisées, les applications Intranets mobiles devront elles-mêmes être hébergées chez les opérateurs.Les offres de collecte ” données fixe-mobile ” des opérateurs alternatifs, comme l’offre de collecte WAP proposée par 9 Télécom aux fournisseurs d’accès Internet mobile, ne pourront être viables. Le marché des solutions spécifiques ne peut prendre son essor. Les opérateurs mobiles seront seuls à avoir besoin de solutions logicielles de passerelles et de proxies WAP.

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Jean-Claude Streicher