Passer au contenu

Le très haut débit avance à petits pas

Malgré les promesses des opérateurs et de l’Etat, nous sommes encore peu nombreux à profiter de l’accès à Internet à très haut débit. Etat des lieux.

Le Très Haut Débit (THD) serait-il l’Arlésienne technologique de cette décennie ? Ce serait exagéré que de l’affirmer, car, selon l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (Arcep), le nombre de logements raccordés en fibre optique (en FTTH ou FTTB) dépasse depuis peu le million. Un palier important, même si ce chiffre reste en deçà des prévisions. Près de 10 millions de foyers français ont d’ores et déjà accès au THD à travers deux types de réseaux. D’une part, le réseau câblé Numericable/Completel, utilisé depuis plus de dix ans pour fournir des services de télé numérique et d’accès à Internet. Une partie de ce réseau est desservie par la fibre optique, ce qui permet aux abonnés de profiter d’un débit en réception (ou débit descendant) maximal de 100 mégabits par seconde (Mbit/s). Les autres doivent se “ contenter ” d’un débit de 30 Mbit/s, ce qui est tout de même supérieur de 50 % aux meilleures performances obtenues par l’ADSL. Certains des FAI (Auchan, Bouygues Telecom et Darty), qui proposent le très haut débit, s’appuient sur ce réseau. D’autre part, les FAI “ historiques ” de l’ADSL ? Free, Orange et SFR ? déploient de nouveaux réseaux 100 % fibre optique FTTH, dans le cadre du programme national “ THD ”, lancé par le Premier ministre en juin 2010 et qui vise à permettre à tous les Français d’accéder à l’Internet THD à l’horizon 2025. La Commission européenne souhaite, quant à elle, que ces travaux soient achevés en 2020. Mais de nombreux observateurs estiment qu’ils ne le seront pas avant… 2040. Au grand dam de nombreux élus locaux qui réclament à grands cris le “ fibrage ” des départements ruraux (voir www.ruralitic.org).

Des investissements colossaux

Le principal frein au développement de la fibre optique est économique. Les travaux et les investissements nécessaires sont gigantesques : selon l’Arcep, le coût moyen de raccordement d’un logement est de 2 000 euros. D’où le peu d’empressement des opérateurs. Et ce, malgré la mutualisation des travaux imposée par les pouvoirs publics, et l’aide de 2 milliards d’euros qu’ils viennent d’accorder aux FAI et aux collectivités locales. De plus, selon l’Arcep, au 31 décembre 2010, seuls 2,16 % des 21,3 millions d’abonnés à l’Internet à haut débit, soit 460 000 personnes, avaient opté pour le THD, dont un quart seulement pour le “ 100 % fibre ”. Les Français ne se ruent donc pas sur le THD. L’une des raisons pourrait être un effet pervers de la loi Hadopi : en mettant un frein au partage illégal de musique et de films, elle a limité les téléchargements des utilisateurs et leurs besoins de débits élevés.

De nombreux atouts

Pourtant, le THD présente des avantages : accès Internet rapide avec plusieurs ordinateurs, smartphones et tablettes à la fois, diffusion simultanée de deux ou trois chaînes de télé numériques HD, services de vidéo à la demande à démarrage instantané. Sans oublier que le débit en émission (ou débit montant) augmente lui aussi : il est de 5 Mbit/s sur le réseau câblé, de 10 Mbit/s chez Orange et de 50 Mbit/s chez Free et SFR. Parfait pour les services de webmail, de publication de vidéos et de stockage de documents en ligne actuellement en plein essor.Notre tableau (pages 54 et 55) recense les offres d’abonnements THD actuellement disponibles en France métropolitaine. Sont prises en compte uniquement les offres “ triple play ” (Internet, téléphonie fixe illimitée et télé). En effet, même s’il existe des offres sans télé, plus économiques, il serait dommage d’avoir la fibre optique et de se priver des chaînes de télé numériques en HD. La plupart des opérateurs incluent désormais dans leurs abonnements les appels illimités vers les mobiles en France métropolitaine. Donc les offres quadruple play, qui ajoutent un forfait mobile à l’abonnement, ont été exclues du tableau. Ici, les différences entre les offres concernent la qualité du décodeur télé fourni et les possibilités d’enregistrement des programmes et de contrôle du direct, grâce à la présence d’un disque dur. Ainsi que la zone de couverture… Chez Free, par exemple, la fibre optique n’est disponible qu’à Paris, dans quelques communes limitrophes et dans deux ou trois villes de province. Pour un accès de toute la population au THD, il faudra attendre quelques années.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Christophe Blanc