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Le surf rémunéré ne paye plus

Né aux Etats-Unis, et adopté en France en début d’année, le surf rémunéré traverse une mauvaise passe. La raison: le marché publicitaire ne suffit pas à rendre le système rentable.

En provenance des Etats-Unis, le système de rétribution du surf s’est fortement répandu en France depuis le début de l’année. En échange d’argent, l’internaute télécharge un programme qui affiche des bandeaux publicitaires à l’écran pendant qu’il surf.Généralement, la manne s’élève à 3 francs de l’heure pour l’internaute. La société éditrice se rémunère par la vente de ces espaces publicitaires. ” Nous sommes une sorte de réseau de panneaux d’affichage. Un Giraudy du Net en quelque sorte “, simplifie le directeur général de Mediabarre, Denys Bondeville.

La publicité ne suffit plus

Ce type de services est très lié au marché de la publicité en ligne. Car si les sociétés du secteur s’engagent à rémunérer les internautes, elles n’ont aucune certitude quant au volume d’espace qui leur seront achetés.Et si, en début d’année, l’équation était favorable au développement des entreprises, la réalité est aujourd’hui tout autre. ” Nous avons été dépassés par l’engouement des internautes. Et la capacité d’absorption du marché publicitaire a été dépassée ! “, affirme Guillaume Bernau, président de Winbe.Lancée en mars 2000, la solution Winbe a été téléchargée par près de 150 000 internautes, et plus de 80 % d’entre eux l’ont installée. ” La croissance communautaire a été trop importante. Nous avons été obligés d’arrêter notre offre de surf rémunéré, et de mettre en attente les prétendants “, déclare Guillaume Bernau.Il ajoute : ” Le marché de la publicité ne suffit plus. Les annonceurs traditionnels n’investissent pas. La publicité sur Internet fonctionne en circuit fermé. Les acteurs du Web investissent sur le Web. Pas les autres. 
Même constat pour Denys Bondeville : ” Contrairement à ce que l’on a pu croire, le marché publicitaire reste peu important. En outre, la guerre des tarifs qui s’est déclenchée entre nous n’a pas aidé. 

Les sites américains sont les premiers sinistrés

Les premières secousses ont eu lieu sur le marché américain. Les sites Surfing2Cash et SurfingPrizes ont tous les deux fermé. Le numéro un du secteur, AllAdvantage a lui aussi fait marche arrière. A la fin du mois de juin, AllAdvantage comptait plus de 8 millions de membres. Le phénomène est devenu incontrôlable pour la société, qui même en minimisant le nombre d’heures mensuelles de surf payées, courrait au désastre financier. Elle vient donc d’arrêter son offre. Elle l’a remplacé par une loterie quotidienne à un prix fixe de 50 000 dollars, à laquelle participent automatiquement les abonnés au service.En France, les conséquences sont proportionnelles à la taille du marché. Moindres, donc.

Les sites français changent leur modèle de rémunération

Pour Winbe, elles se bornent à une évolution du modèle de rémunération des internautes. Plutôt que de rémunérer le surf, Winbe rémunère dorénavant ” à l’acte “. Winbe annonce avoir trouvé ses premiers partenaires pour constituer son service : LetsBuyIt, Marcopoly, iFrance. Si, par exemple, l’internaute achète un produit de 500 francs sur Marcopoly, Winbe s’engage à lui payer 5 francs pour 1 heure de surf, pour un maximum de 10 heures par mois. Ce nouveau modèle peut permettre à Winbe de maîtriser ses dépenses en fonction de ses recettes, c’est-à-dire ce qu’il reçoit de ses partenairesMediabarre, pionnier du secteur en France, ressent moins le contrecoup. Son modèle de rémunération, proportionnel au nombre de bannières vues par l’internaute, lui permet de ne pas dépenser plus qu’il ne gagne. Mediabarre ne paye donc qu’en fonction des espaces publicitaires qui lui ont été achetés. De cette manière, ” il n’y a pas de risque d’effet de levier “, indique Denys Bondeville. Avec ses 230 000 utilisateurs, dont 30 000 à 40 000 barres connectées par jour, Mediabarre espère donc atteindre la rentabilité au printemps 2001. En attendant d’optimiser la vente d’espaces.Echaudés par des revenus publicitaires en-deçà de leurs espérances, ces acteurs se tournent de plus en plus vers l’exploitation des données personnelles de leurs utilisateurs. ” Nous n’utilisons que les informations non nominatives “, se dédouane Guillaume Bernau. De Giraudy du Net, ces acteurs évoluent ainsi vers une fonction d’infomédiaire, de collecteurs d’adresses mails, et de créateurs de profils comportementaux.Décidément, la revente des données personnelles semble être l’unique solution de secours de la nouvelle économie.

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Frantz Grenier