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Le Cloud n’aime pas l’orage

Le Nuage est réputé très fiable mais il est aussi sujet aux pannes, aux bugs, aux erreurs humaines.

Les événement météo, ainsi que les années bissextiles peuvent perturber les opérations du Cloud.
Les événement météo, ainsi que les années bissextiles peuvent perturber les opérations du Cloud. – Les événement météo, ainsi que les années bissextiles peuvent perturber les opérations du Cloud.

29 juin 2012, à la fin d’une journée étouffante, une ligne d’orages violents progresse de l’Indiana vers la Virginie, sur la côte est des État-Unis. Le réseau électrique, coupé par des arbres que des rafales ont arrachés, se déséquilibre et provoque des surcharges sur les lignes. Amazon, possède dix centres de données dans cette région, qu’il désigne par « US East-1». Plusieurs de ces centres sont temporairement déconnectés du secteur et les générateurs de secours, de gros moteurs diesel, prennent le relais automatiquement. Mais dans un des centres, les groupes électrogènes, pourtant testés un mois auparavant, n’arrivent pas à fournir la puissance nécessaire. En quelques minutes, les serveurs épuisent leurs batteries de secours et s’éteignent. Au bout de dix minutes, le courant revient et la machinerie redémarre lentement. La remise en service effective prendra encore plusieurs heures. Ensuite, la remise en ligne de milliers de serveurs actionne un bug du logiciel d’équilibrage de charge. Toute la zone US East-1 est touchée.

Un risque systémique

Les événements de ce genre, il y en a plusieurs par an de part le monde. D’après une étude, le black-out est de 7 h 30 par an en moyenne par service, avec des incidents prolongés sur 48 heures, insuffisant pour parler de haute disponibilité. Quelles que soient vos attentes vis à vis du nuage informatique, il faut vous attendre à une panne. Ne faites pas comme ce cardiologue qui, en avril 2011, a perdu le contact avec l’ECG de centaines de patients suivis à distance, lorsque ses serveurs virtuels se sont arrêtés.

Le Nuage est plus fiable que l’informatique maison, beaucoup s’accordent là-dessus. Mais pour Gérôme Billois, senior manager au cabinet Solucom, « la taille des fournisseurs crée un risque systémique ». Dans leur chute, ils entraînent un grand nombre d’entreprises clientes qui chacune peuvent compter des millions d’utilisateurs. Parmi les clients d’Amazon touchés ce 29 juin 2012, on trouve Netflix, Instagram, Heroku, Pinterest, Vines… Et demain, les administrations publiques qui seront de grandes utilisatrices du Nuage.

Perte de données

La perte de données est plus rare mais elle arrive, et pas toujours à cause de pannes, comme ce fut le cas dans l’affaire Megaupload. Ce site de partage de fichiers avait vu son succès gonflé par la lutte des autorités contre les échanges en pair-à-pair. Le 20 janvier 2012, le FBI arrête Kim Schmitz, alias Kim Dotcom, et perquisitionne son luxueux manoir à Auckland, en Nouvelle-Zélande. Les nombreux sites de la galaxie Mega sont fermés et les 25 millions de gigaoctets de données des utilisateurs sont effacées sur ordre de la justice.

Dans l’idéal, on aurait deux fournisseurs distincts, avec des applications identiques et des données synchronisées, ainsi que deux accès à internet. Mais les données et les systèmes – applications ou machines virtuelles – ne passent pas facilement d’un fournisseur à l’autre. Autant d’éléments à prendre en considération avant de se reposer entièrement sur les nuages.

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Philippe Roure