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Le capital-séduction reste intact

Particulièrement rentable, le capital-risque rallie désormais les groupes financiers et industriels.

Ces temps économiquement troublés pour les valeurs des technologies, médias et télécoms (TMT) annonceraient-ils la fin du capital-risque européen ? Loin s’en faut. Les TRI (taux de rendement interne) des sociétés non cotées sont de loin supérieurs à ceux des entreprises cotées. Selon l’EVCA (European Private Equity and Venture Capital Association), la moyenne des TRI des fonds européens de capital-investissement sur 5 ans se monte à 25,8 %, contre 20,3 % pour les actions et 10,6 % pour les obligations internationales. De quoi attirer une foule d’investisseurs !

Les institutionnels sont là

Les institutionnels, tels les assureurs ou les banques, financent 66 % des fonds de capital-risque du Vieux Continent. Une part qui, estiment les spécialistes du secteur, devrait augmenter dans les prochaines années puisqu’aujourd’hui encore les assureurs européens n’investissent dans le non-coté qu’avec parcimonie. Ils y consacrent entre 1 à 3 % de leurs actifs, contre 5 % pour leurs homologues américains. Christophe Bavière, président du directoire d’AGF Private Equity, filiale dédiée au capital-investissement des AGF, confirme cette prévision : “Investir dans le capital-risque fait partie d’une logique de diversification pour notre groupe. Nous y allons toutefois avec une stratégie d’exposition progressive, puisque le non-coté ne représente que 2 % de nos actifs. Mais il est fort probable que ce pourcentage augmentera dans les années à venir, chez nous comme chez nos concurrents.” Que de chemin parcouru pour AGF Private Equity depuis sa création, il y a trois ans ! Aujourd’hui, la filiale gère trois FCPI (fonds communs de placement pour l’innovation), trois FCPR (fonds communs de placement à risque), et a investi 400 millions d’euros dans une quarantaine de fonds. Si l’assureur allemand Allianz Dresner reste discret sur les montants qu’il allouera au capital-risque, nul doute que ce dernier fera, cette année encore, partie de sa stratégie d’investissement. En effet, celui qui figure comme l’un des principaux investisseurs européens dans le non-coté, avec 6,5 milliards d’euros, vient de rassembler toutes ses activités de capital-investissement dans une structure dédiée : Allianz Private Equity Holding. Face aux assureurs, les banques restent discrètes. “Si elles investissent peu en fonds propres, il y a fort à parier [qu’elles] ne résisteront pas longtemps encore aux sirènes du capital-risque, au vu des forts TRI”, commente un professionnel.Quant aux industriels, ils n’entendent pas laisser la poule aux ?”ufs d’or leur échapper, même s’ils ne représentent que 10 % des bailleurs de fonds du capital-investissement européen. Ainsi, EDF, qui a financé 33 fonds pour 150 millions d’euros, devrait annoncer d’ici à une quinzaine de jours le premier closing de Coventex, un véhicule dédié aux logiciels et aux services informatiques. Étonnant ? Non. Si, malgré la débâcle annoncée de plusieurs fonds TMT, le capital-risque à toujours le vent en poupe, c’est “parce que nous avons appris, comme les capital-risqueurs, que le retour sur investissement se faisait sur le long terme. Il n’y a donc aucune contradiction à financer les fonds aujourd’hui. Bien au contraire”, conclut Christophe Bavière.

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Hélène Puel