Passer au contenu

L’archiviste qui veut donner une mémoire au web

Julien Masanes élabore les solutions de conservation des pages de la toile pour la Bibliothèque nationale de France.

Conserver une empreinte, la plus large possible, de la toile. Permettre à nos petits enfants d’accéder aux sites de campagne 2002 de Jospin et Chirac ?”un rêve ?”, aux portails d’information des débuts du net ?” quels dinosaures ?”, aux premières ?”uvres du web-art ?” devenues hors de prix ? ?”, c’est à cette tâche méritoire et somme toute un peu folle que Julien Masanes, 33 ans, consacre ses heures ouvrables.Fan d’ordinateurs depuis l’âge de 12 ans, adepte du mail dès 1992, cet ancien enseignant en philosophie, passé par la recherche en neurobiologie, décroche, à l’aube du troisième millénaire, un diplôme de conservateur des bibliothèques et entre à la prestigieuse Bibliothèque nationale de France (BNF). Au département de la bibliothèque numérique, il prépare les procédures de conservation des documents électroniques (ce qui revient à spéculer sur la date d’obsolescence des formats et sur le moment opportun pour migrer les contenus dans des standards plus actuels ou pérennes), mais surtout teste l’archivage du web.Son quotidien ? “Comprendre comment se structure l’information sur la toile, comment elle est techniquement accessible et élaborer les bonnes méthodes pour la sauvegarder, en adaptant, dans le même temps, les compétences des bibliothécaires.” L’homme participe à plusieurs groupes de réflexion sur les principes d’archivage du net dans le monde, et pilote les expérimentations de la BNF ?” collecte automatique des sites liés aux élections 2002, snapshot (copie) du domaine.fr de juin, etc…“Pour le web visible, essentiellement les pages HTML, il s’agit de traiter des volumes de masse, ce que fait un robot collecteur automatique, à condition de bien choisir les critères de sélection ?” notoriété, indices linguistiques, etc.” Pour le web invisible (bases de données, pages soumises à mots de passe), la tâche est plus ardue : “On procède à une sélection manuelle, faite par les bibliothécaires, et on propose aux sites choisis de tester avec nous le dépôt légal, par exemple, de nous envoyer une capture du site sur CD.”

Besoin de formation

Autant de procédures qui perturbent, voire inquiètent, les archivistes traditionnels, peu rompus à l’informatique. “Les conservateurs des bibliothèques ont des compétences scientifiques, rappelle Julien Masanes, des notions de chimie, par exemple, pour conserver le papier. Mais linformation électronique entre tout juste dans les cursus.” En attendant, les Archives nationales, pas si poussiéreuses, ont rédigé un manuel, “Les Archives électroniques”, en ligne sur www.archivesdefrance.culture.gouv.fr.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Sophie Janvier-Godat