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La terre tremble sur formulaire virtuel

A la suite du séisme de Besançon, le Bureau central sismologique français collecte les témoignages sur son site Internet. Cette méthode, pratiquée depuis quatre ans, est devenue aujourd’hui essentielle.

Besançon, il y a deux jours, un tremblement de terre de magnitude 5,1 sur l’échelle de Richter. Mais aussi Rambervilliers, dans les Vosges, le 22 février 2003, magnitude 5,4 ; Pontaumaur, près de Clermont-Ferrand, le
19 août 2003 (3,6), Lorient, le 30 septembre 2002 (4,1 et 5,4) ou dans la mer au large de Nice, le 25 février 2001 (4,5)…L’an dernier, une demi-douzaine de secousses sismiques ont touché la France. Depuis l’an 2000, le Bureau central sismologique français (BCSF), qui traite les données sur les séismes dans l’Hexagone depuis 1921, met en ligne un
formulaire d’enquête permettant de recueillir les témoignages des populations de la région concernée, qu’elles aient ressenti la secousse ou non. Ce formulaire existait avant
Internet, mais, pour des raisons pratiques, il était distribué sur une zone plus restreinte et avec une approche centrée sur la commune, pas sur l’individu.Pour la secousse de lundi, ‘ nous allons diffuser les formulaires papier sur une vingtaine de départements de Strasbourg à Grenoble et jusqu’à Lyon pour la partie ouest, explique Christophe Sira, chargé
des enquêtes macrosismiques en métropole, alors que nous recevons des témoignages Internet sur des zones plus éloignées. ‘Le témoin était-il dehors, dans une maison, un immeuble, à quel étage ? A-t-il senti un balancement, une vibration ? La secousse l’a-t-il réveillé ? A-t-il perdu l’équilibre ? Les objets pendus au plafond ont-il
oscillé ? Le mobilier a-t-il tremblé ? Des objets sont-ils tombés des meubles ? Les poutres ont-elles craqué ? Le plâtre s’est-il détaché des murs ? Le chien a-t-il hurlé à la mort ?Sur cinq pages, ce document très formalisé va chercher tous les détails. Mercredi matin, après le tremblement de terre de Besançon, 5 463 personnes l’avait déjà rempli. Un bon début, dans la logique de l’évolution du nombre de
témoignages depuis 2000. En 2001, la secousse de Nice en avait entraîné 1500, celle de Lorient, en 2002, 3 500 et celle de Rambervilliers, l’an dernier, 16 000.‘ Après quinze jours ou trois semaines, on arrête de traiter les témoignages qui arrivent, explique Christophe Sira. Nous en recevons encore pour Rambervilliers, mais nous ne les utilisons
plus. ‘
Le but de ces récits est de permettre d’évaluer une ‘ échelle d’intensité ‘ de la secousse, sans rapport avec la magnitude. C’est-à-dire, connaître les effets sur les individus, les objets,
l’environnement, enregistrer les différences d’expérience d’un lieu à l’autre.‘ Dans un premier temps, Internet a rajouté une procédure d’enquête supplémentaire à notre travail. Mais il faut voir que nous cherchions à tout prix à collecter les témoignages individuels pour valider nos
réponses collectives et permettre surtout l’étude des effets de site (variation de la secousse en fonction de la structure géomécanique du sol).
Des informations ‘ tout à fait
majeures ‘
impossibles à remonter avec le formulaire collectif et pour un investissement limité.Les données servent à une meilleure évaluation du risque sismique en France et à adapter ensuite les procédures de catastrophes naturelles. Grâce à l’identification des zones sensibles comme de la manière dont les séismes se manifestent
en surface. Toutes ces données, très complètes, sont en ligne, sur le site du
BCSF, et remontent jusqu’à lannée 1993.

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Arnaud Devillard