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La France se redresse lentement mais sûrement

Hors stocks, la croissance française atteint 2,8 % en 2001 ! Ce qui signifie que par le simple jeu d’un léger restockage, la croissance du PIB ne peut que s’améliorer dans l’Hexagone sur l’ensemble de 2002.

Le passé est plutôt terne, l’avenir est encourageant. Tel est le message que délivrent les récentes statistiques françaises. En effet, d’un côté, l’Insee a révisé à la baisse la variation du PIB au quatrième trimestre 2001 qui passe de – 0,1 % à – 0,3 %. De l’autre, son enquête dans l’industrie d’avril confirme que la reprise se poursuit lentement mais sûrement.

Une croissance toujours sous-estimée

En ce qui concerne la révision des comptes nationaux sur 2001 mais aussi 2000, la fiabilité de la statistique risque d’être une fois encore mise à mal. En effet, l’Insee nous annonce dorénavant que la croissance économique n’a été que de 1,9 % sur l’ensemble de l’année 2001, mais qu’elle a atteint 4,1 % en 2000. Or, lors la première version des comptes nationaux de 2000, la croissance annuelle était annoncée à 3,2 % : 0,9 point d’écart de croissance uniquement sur la base d’ajustements statistiques, c’est un peu beaucoup. Le plus grave c’est que cette sous-estimation de la croissance française n’est pas nouvelle.En trois ans, cette dernière a donc gagné quelque 1,7 point par le seul effet de la correction des erreurs d’estimation. Et, malheureusement, un tel cafouillage risque encore d’augmenter l’incompréhension des Français à l’égard de l’économie. Dès lors, faut-il vraiment s’appesantir sur le chiffre d’1,9 % de croissance en 2001, qui risque donc d’être fortement révisé ? Et ce d’autant que cette relative contre-performance s’explique essentiellement par un déstockage massif. Hors stocks, la croissance française atteint ainsi 2,8 % en 2001 ! Ce qui signifie que, par le simple jeu d’un léger restockage, la croissance totale du PIB ne peut que s’améliorer progressivement sur l’ensemble de l’année 2002.C’est d’ailleurs ce que confirme une nouvelle fois la remontée du climat des affaires dans l’industrie hexagonale. En avril, ce dernier atteint ainsi un plus haut depuis juin 2001. En outre, les perspectives générales de production enregistrent un bond exceptionnel et se situent désormais à un plus haut depuis avril 2001.Dans le même temps, les perspectives personnelles de production, c’est-à-dire l’indicateur le mieux corrélé avec l’activité effective de l’industrie, demeurent amplement positives, notamment grâce à un redressement notable des carnets de commandes tant nationaux qu’étrangers. Au contraire de la rechute de l’activité industrielle observée outre-Rhin au travers du recul du climat des affaires de l’enquête IFO en avril, l’industrie française est donc bien ancrée sur le chemin de la reprise. Néanmoins, ce rebond reste encore limité. Ainsi, malgré une remontée indéniable à un niveau de 97 aujourd’hui, le climat des affaires français est inférieur de près de 20 points aux niveaux qui prévalaient l’année dernière et encore un point en deçà des planchers observés lors du “trou d’air” de 1999. À l’évidence, l’industrie peut et doit faire mieux.

L’investissement fait encore défaut

D’ailleurs, il faut noter que les carnets de commandes et les perspectives de production dans le secteur des biens d’équipement restent faibles et négatifs. Autrement dit, la reprise industrielle est actuellement liée à un restockage et à une bonne résistance de la consommation, notamment dans le secteur de l’automobile. En revanche, le déclencheur d’une reprise forte, à savoir le retour d’un investissement vigoureux, fait toujours défaut actuellement.On retrouve donc ici notre traditionnel manque d’optimisme et d’esprit d’initiative qui nous coûte si cher. Au total, compte tenu de ce rebond très appréciable (c’est le plus soutenu au sein de l’Europe) mais non-euphorique, nous continuons de tabler sur une croissance annuelle du PIB denviron 1,6 % cette année.* Chef économiste de Natexis Banques Populaires

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Marc Touati*