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La France craque toujours pour le piratage logiciel

Près d’une application sur deux est utilisée illégalement dans l’Hexagone. Le montant total du piratage place même la France à la troisième place mondiale.

Les méthodologies changent, les conclusions restent. Confiée cette année à IDC*, en lieu et place d’IRP, l’enquête 2003 sur le piratage de la Business Software Alliance (BSA), qui représente l’industrie logicielle
mondiale, n’a constaté aucune baisse en termes de copies illégales et de licences absentes. ‘ Les tendances sont les mêmes ‘, explique Bertrand Salord, porte-parole de BSA France et responsable
antipiratage d’Adobe.Le taux mondial de piratage a bien diminué, avec un chiffre de 36 % cette année, contre 39 % en 2002. Mais IDC précise qu’il ne s’agit pas d’une réelle baisse, car les chiffres (voir encadré) ne sont pas comparables avec ceux
de la précédente enquête.En appliquant sa méthodologie aux chiffres de 2002, le cabinet conclut en fait à une progression de quelques points du taux de piratage. La raison ? La montée en puissance de marchés émergents et la disponibilité grandissante de
logiciels piratés sur Internet.Pour la France, le constat n’a guère évolué. Le pays conserve un taux de piratage des logiciels très élevé, 45 %, contre 43 % en 2002. Il dépasse ainsi de 8 points le taux de l’Union européenne. Avec quasiment un logiciel
sur deux illégal, l’Hexagone se place dans l’Union derrière la Grèce (63 %) et l’Italie (49 %).Pire : la valeur totale des logiciels piratés en 2003 ?” 2,3 milliards de dollars ?” l’installe en 3e position du classement mondial, derrière les Etats-Unis (6,5 milliards) et la Chine
(3,8 milliards) et loin devant le pays suivant, l’Allemagne (1,9 milliard).Pour BSA France, ‘ c’est le côté latin ‘ de l’Hexagone qui explique sa position. ‘ Le contournement des règles est un sport national dès lors que cela n’est pas
moralement intolérable, et touche d’autant plus facilement le logiciel que ce dernier est numérique, immatériel et facile à copier. ‘

Les entreprises dans le collimateur

Des PME aux grands comptes, c’est surtout le secteur professionnel français, qui achète en valeur plus de logiciels que le grand public, que montre du doigt la BSA. ‘ Il y a un fort taux de piratage dans le grand
public, mais sans ce segment de marché, le taux de 45 % ne serait inférieur que de quelques points. Les PME piratent énormément, et les grands comptes sont aussi en cause, avec beaucoup de licences
défaillantes. ‘
Devant ces chiffres ‘ bleu-blanc-rouge ‘ jugés alarmants, la BSA attend des pouvoirs publics une action qui ressemblerait à celle menée avec efficacité en matière de prévention routière.
‘ Il faut qu’ils tiennent un discours clair de respect de la propriété intellectuelle. Les entreprises doivent prendre conscience qu’un logiciel est un outil de production et doit être géré de façon
professionnelle ‘,
souligne Bertrand Salord. La BSA a d’ailleurs mené, au mois de mai, une
grande campagne d’information sur le piratage logiciel auprès des revendeurs.La BSA souhaite, ensuite, une mise en ?”uvre rapide de la ‘ Directive européenne relative au respect des droits de la propriété intellectuelle ‘ et la transposition de celle sur ‘ les droits
d’auteur et droits voisins dans la société de l’information ‘, pour laquelle la France a dix-huit mois de retard.* IDC a mené l’étude 2003 en s’appuyant sur ses données mondiales de ventes de logiciels et de matériels et réalisé 5 600 entretiens dans 15 pays. Le cabinet a eu recours à ses antennes locales, que ne possède
pas IRP. Par ailleurs, l’étude intègre de nouveaux segments, tels que les OS, les logiciels grand public et les logiciels ‘ nationaux ‘.

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Guillaume Deleurence