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La Chine veut faire passer le DVD à l’EVD

Appuyé par le gouvernement local, un consortium d’industriels commercialise un format propre au marché chinois. Avec le lointain espoir d’en faire le successeur international du DVD.

27,4 Go de données, soit 110 minutes de vidéo haute définition. Développé par Beijing E-world, l’ Enhanced Versatil Disk (EVD) est l’un des fleurons de l’offensive mondiale sur les standards lancée par la
Chine. Une offensive qui, dans ce secteur du
remplacement du DVD, fait aujourd’hui du surplace.En effet, depuis leur commercialisation en janvier, seuls une centaine de lecteurs EVD de salon seraient vendus chaque jour en Chine. Un simple contretemps, aux yeux des autorités et des industriels locaux.Selon Shinco, leader chinois du DVD, ‘ Les ventes devraient s’accélérer dans deux ans, et l’EVD devenir le fer de lance de nos produits. ‘ M. Xu, directeur des sciences et technologies
au ministère chinois de l’Industrie de l’Information, semble confiant : ‘ En Chine, nous avons un large marché intérieur, qui peut complètement supporter le développement de l’industrie de l’EVD. A ce
stade, les marchés internationaux suivront. Les firmes internationales veulent pénétrer les marchés et faire des bénéfices, ils produiront donc sans doute selon nos standards. ‘
Le développement de l’EVD a été lancé en 1999 et confié à un consortium de treize firmes, du nom de Beijing E-World Technology. Shinco, leader de ce groupe, a investi 3,7 millions d’euros, complétés à hauteur de
935 000 euros par la commission chinoise pour le Commerce et l’Economie. Dans ce cas comme dans de nombreux autres secteurs high-tech, le gouvernement chinois
subventionne son industrie afin de favoriser l’émergence de conglomérats compétitifs au plan international.

La Chine ne veut plus dépendre de licences étrangères

Sept brevets ont déjà été déposés, sur les vingt-cinq qui composent le ‘ corpus ‘ technologique de l’EVD. Pas assez aux yeux de certains. Pour Byron Wu, analyste pour l’américain iSupply,
‘ Les efforts visant à imposer des normes au niveau international peuvent devenir vains à cause du faible nombre de brevets actuellement détenus. ‘Il est vrai que deux pièces maîtresses des lecteurs EVD dépendent de l’import : le laser servant à lire les disques est principalement produit par des firmes japonaises, et la puce qui décode les informations numériques est
fabriquée par l’américain LSI Logic ?” même si E-World dispose du brevet.Le format de compression VP6 est, lui aussi, américain et est actuellement cause d’un conflit entre E-World et son détenteur, On2 Technologies. Le marché de la compression vidéo reste donc à ‘ siniser ‘.
D’ailleurs, cinq entreprises chinoises développent actuellement l’AVS (audio vidéo coding standard), un concurrent du Mpeg4.‘ Avec le DVD, plus nous vendons, plus nous perdons ‘, s’exclame Fan Wenjian, porte-parole de Shinco. En effet, la Chine produit 60 à 70 % des lecteurs de DVD au monde, mais les
propriétaires de licence sont des géants étrangers comme Hitachi, Matsushita (Panasonic et JVC), Toshiba ou Time-Warner.Les droits réclamés par ces derniers s’élèvent à 13,8 dollars par lecteur. Plutôt que de n’être quun centre de production, la Chine se verrait donc bien imposer ses normes au marché mondial et encaisser les recettes de
leurs licences.

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Georges Favraud, à Pékin