Passer au contenu

La Chine reste la poubelle de l’Europe

Alors que l’Europe va imposer la collecte des appareils électriques en fin de vie, des sociétés de recyclage continuent à se débarrasser, en Chine, des déchets les plus difficiles à valoriser.

L’Europe n’exporte pas d’e-déchets ! ‘ C’est la version des officiels de l’Union européenne et de l’Ademe (Agence pour le développement et la maîtrise de
l’énergie), en France. A l’heure actuelle, les états membres de l’Union européenne sont en phase d’application de la première partie des directives européennes concernant la collecte et le retraitement des DEEE (déchets
d’équipements électriques et électroniques).Même si ces mesures font de l’Europe un modèle d’action au niveau international, la réalité des faits est moins encourageante. Certaines entreprises européennes de recyclage, qui vont voir leur marché prospérer grâce à
cette nouvelle législation, se débarrasseraient illégalement des e-déchets les moins avantageux et les plus coûteux à recycler en les exportant à l’étranger, et très souvent en Chine.Ce que confirment des témoignages recueillis sur place : ‘ Les déchets venus d’Europe sont les moins valables pour nous car ils sont déjà en grande partie recyclés avant leur mise en
conteneur ‘
, explique monsieur Qiao, dirigeant d’une PME illégale d’e-recyclage, installée à Dacheng, à 200 km au sud de Pékin.

Le réseau de la Chine du Nord

Dacheng est une zone rurale spécialisée dans le recyclage des câbles et autres pièces métalliques, qui servent souvent de paravent légal au recyclage de déchets électroniques et informatiques interdits à l’importation en Chine
depuis 2002.Dans une vaste cour de ferme, on découvre des conteneurs de pièces de moteur, qui peuvent contenir jusqu’à 25 % de déchets interdits. ‘ Mon entreprise dispose depuis 1997 d’une autorisation,
accordée par l’administration d’Etat pour la protection de l’environnement, d’importer des câbles et des pièces de moteur afin de les recycler ‘
, explique monsieur Zhu, dirigeant d’une
entreprise de recyclage dont l’essentiel de l’activité est légal.Sur le document quil nous montre figurent les quatres ports du nord de la Chine par lesquels son entreprise est autorisée à importer : Tianjin-Xingang, Dalian, Yantai et Qinhuangdao. Monsieur Zhu a déjà fait plusieurs voyages
d’affaires en Occident et en France. ‘ Les déchets venus d’Europe peuvent partir de n’importe quel port, mais, à ma connaissance, beaucoup arrivent de Belgique ‘, estime-t-ilMonsieur Qiao collabore quant à lui ‘ avec des importateurs chinois ou étrangers installés dans le port de Tanggu (Tianjin) ‘. L’une des principales difficultés politiques
d’un grand pays comme la Chine est l’application des lois au niveau local.Profitant de cette faille et de la pauvreté, un réseau mafieux s’est constitué, sinistrant des régions entières et pas seulement le tristement célèbre site de Guiyu, dans le sud de la Chine.

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Raphaëlle Pienne et Georges Favraud (à Pékin)