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La 4G arrive, on l’a testée pour vous

La 4G va clairement être l’enjeu majeur pour les opérateurs mobiles en 2013. C’est l’occasion pour nous de revenir sur notre première prise en main d’un smartphone 4G. Test effectué il y a moins de trois mois.

Article publié le 28 novembre 2012.

Retrouvez notre dossier complet sur la 4G.

Surfer beaucoup plus vite avec son téléphone portable qu’avec une connexion ADSL ! C’est possible dès aujourd’hui en France grâce à la 4G. Après des mois d’expérimentation dans plusieurs villes, cette nouvelle norme de téléphonie, aussi appelée LTE, est enfin commercialisée pour le grand public. Et c’est SFR qui a ouvert le bal en France, à Lyon le 29 novembre, puis Montpellier le 18 décembre prochain. Tous ceux qui ont expérimenté la 4G parlent de débits phénoménaux, nous faisant miroiter le chiffre magique de 100 Mbit/s. Aussi ai-je voulu la tester in situ, en me rendant dans la ville la plus « rapide » de l’Hexagone.

Plus performante que l’ADSL

Arrivé en gare de Lyon-Part-Dieu, je sors machinalement mon téléphone portable, un Galaxy Note de première génération. Pas de 4G. C’est normal. Il faut un téléphone compatible, le mien ne fait pas partie des heureux élus. En revanche, je suis en H+, autrement dit en 3G+, avec un débit théorique de téléchargement de 21 Mbit/s, le maximum supporté par mon mobile. Un test de rapidité avec la version Android de l’application Speedtest m’indique un débit réel plus que correct de 5,6 Mbit/s. Je sors ensuite la tablette et le téléphone qui m’ont été prêtés par SFR. Il s’agit de versions 4G de l’Asus Transformer Infinity et du Samsung Galaxy SIII. En essayant de me connecter dans la gare avec ces appareils, un logo 4G apparaît sur l’écran, près des barres de réception. Sourire. La principale gare lyonnaise est donc couverte avec la nouvelle norme de téléphonie. Je lance aussitôt mes tests de débits habituels. Premier constat, les vitesses réelles sont hallucinantes avec des pointes à 80 Mbit/s en téléchargement ! C’est plus rapide que l’ADSL, dont les débits dépassent rarement 15 Mbit/s. Et la 3G prend un sacré coup de vieux !

Certes, les utilisateurs de 4G sont encore peu nombreux à Lyon. Et il n’est pas certain que tout le monde puisse profiter de débits aussi élevés par la suite. Concrètement, avec une vitesse de 60 à 80 Mbit/s, un film de 700 Mo met un peu moins de 2 minutes à se télécharger ! Et les pages Web, même les plus complexes, s’affichent en un clin d’œil. Un petit tour sur YouTube pour s’en rendre compte : que ce soit avec la tablette ou le téléphone, les vidéos en streaming s’affichent quasi instantanément, sans temps d’attente.

Mieux, avec la 4G, on peut profiter des vidéos en haute définition de la plateforme de Google. C’est surtout utile sur les tablettes qui disposent d’une surface d’affichage et d’une densité de pixels plus importante que les téléphones. Là encore, même en Full HD (1920 points par 1080), les vidéos se lancent en un clin d’œil et se montrent particulièrement fluides. Mieux, l’image s’affiche immédiatement dès que l’on fait une avance rapide, ce qui n’est pas du tout le cas en 3G.

La 4G trouve aussi son utilité au jour le jour pour le chargement des plans. Ainsi, en plein Lyon, je sors le Galaxy SIII pour m’orienter au milieu des vieilles rues du centre. Un clic sur Google Maps affiche tout de suite le plan de la ville. Un zoom sur ma position est tout aussi rapide. Même constat quand je bascule sur l’affichage Street View : les photos HD de la rue dans laquelle je marche s’affichent sans attendre.

Le rêve du joueur

Autre test révélateur : le téléchargement et l’installation d’une application. Une fois dans le Play Store, le magasin d’applis Android de Google, je cherche un jeu dont l’installation est habituellement un peu longue. C’est le cas d’Angry Birds Star Wars par exemple. En 4G, le téléchargement des 44 Mo du jeu nécessite moins de 5 secondes contre près de 3 minutes en 3G+. C’est tellement impressionnant que je vérifie que le smartphone n’est pas connecté au réseau Wi-Fi public de la gare. Non, je suis bien branché à une antenne-relais téléphonique.

Autre point fort : le faible temps de latence, autrement appelé « ping ». C’est, en quelque sorte la réactivité du réseau. Là, la 4G tutoie les performances de l’ADSL. Un ping aussi bas, 20 à 50 millisecondes (ms) contre près du triple en 3G+, est parfait pour les jeux en réseau, car c’est le laps de temps entre le moment où le joueur effectue une action sur son appareil et celui où elle est répercutée par le serveur du jeu. Cette performance montre que la 4G va changer nos usages et favoriser le développement de jeux en ligne multijoueurs, encore peu présents sur les tablettes et les smartphones. D’ailleurs, SFR nous a fait une démonstration plutôt convaincante : nous étions trois personnes jouant à la même simulation automobile, chacun avec un appareil différent, deux tablettes et un smartphone. En 4G, nous n’avons constaté aucun ralentissement ni saccade au cours de notre partie.

4G rime avec partager

En 3G+, j’hésite toujours à envoyer une photo par mail ou une vidéo sur Facebook : cela peut prendre des minutes, quand le transfert ne plante pas tout simplement. Et sur ce terrain aussi, la 4G fait des merveilles. Je ne me pose plus de questions. Avec des débits en émission de l’ordre de 10 Mbit/s, soit dix fois plus rapides qu’avec une connexion 3G+, j’envoie facilement tout un album photo depuis Lyon en haute définition (8 mégapixels). Idem pour les séquences vidéo, impossibles à partager en 3G.

SFR nous a également fourni un boîtier ZTE. Grand comme un paquet de cigarettes, celui-ci fait office de hotspot mobile. Il partage une connexion 4G en créant autour de lui un réseau Wi-Fi auquel cinq appareils peuvent se connecter simultanément. La 4G prend alors tout son sens : chaque personne de notre petit réseau s’est crue connectée à une box ADSL en Wi-Fi ! Cette solution de partage mobile aura un succès garanti auprès des professionnels et des particuliers qui veulent partager un accès rapide à Internet sur leur lieu de vacances ou, pourquoi pas, dans le train ou la voiture. Encore faut-il se situer dans une zone couverte !

Et c’est là que le bât blesse : la France est très en retard sur le déploiement de la 4G par rapport à d’autres pays européens comme l’Allemagne, l’Angleterre ou la Suède. Une chose est sûre : ne comptez pas vous connecter en 4G à la campagne dans les prochains mois. Seules les zones denses en population, autrement dit les grandes villes, vont être couvertes dans un premier temps.

Du côté des opérateurs, SFR est le premier à entrer dans la course (voir carte p. 51), qui sera suivi par Orange en février prochain à Marseille, Lyon puis Nantes. Bouygues Telecom ouvrira son réseau mobile à très haut débit au premier trimestre 2013. Free Mobile expérimente, lui aussi, des antennes-relais 4G à Paris et Montpellier, sans avoir donné de date de commercialisation. La Ville de Paris vient juste de conclure une charte prévoyant le déploiement d’antennes 4G sur les toits de la capitale. La métropole ne devrait donc pas être couverte avant fin 2013-début 2014.

Encore peu d’antennes

Selon les opérateurs, 90 % de la population­ devrait profiter du plus rapide des réseaux mobiles en 2018. En attendant, seules 622 antennes 4G sont actives en France, contre 50 000 antennes 3G. Pour savoir si vous êtes dans une région couverte par la 4G, reportez-vous à notre carte ou allez sur le site www.antennesmobiles.fr, qui répertorie les antennes-relais autorisées à émettre par l’Agence nationale des fréquences (ANF). Attention : si une ville possède des antennes 4G, cela ne signifie pas que la couverture est suffisante. Ainsi, à Lyon, je n’ai pas réussi à me connecter partout en centre-ville. Il manque encore de nombreuses antennes. En l’absence de 4G, mon téléphone s’est alors replié sur la 3G+. Plus ennuyeux, j’ai perdu le réseau 4G à l’intérieur de certains bâtiments comme des centres commerciaux. En cause : l’installation des antennes à l’extérieur. Les ondes émises sur la bande des 2 600 MHz ont alors du mal à pénétrer dans les bâtiments. Des antennes 4G émettant en 800 MHz n’auront pas cet inconvénient, mais elles ne sont pas encore déployées.

Au même prix que la 3G+

Pour accéder à ce réseau ultrarapide, il faut être, bien sûr, dans une zone couverte, mais aussi posséder un appareil et un forfait compatibles. Rassurez-vous, la 4G n’est pas plus chère que la 3G+, chez SFR tout du moins. L’opérateur commercialise une version 4G du Samsung Galaxy SIII au même prix que celui d’origine, soit 550 euros hors subvention. SFR le commercialise à 1 euro avec la formule Carré 6 Go à 90 euros par mois, à 50 euros avec le Carré 4 Go à 70 euros/mois et à 200 euros avec le Carré 2 Go à 50 euros/mois. Chez Bouygues Telecom, le Galaxy SIII 4G est plus cher que le modèle 3G, à 50 euros avec le forfait Eden Smartphone 5 Go à 65 euros/mois, seule offre annoncée comme compatible avec la 4G chez l’opérateur.

D’autres smartphones, des tablettes et des boîtiers de partage sont aussi compatibles (voir notre encadré ci-dessous). Vous ne trouverez pas l’iPhone 5 dans notre liste. S’il est compatible 4G à l’étranger, le modèle actuellement en vente en France ne l’est pas.

Bilan de cette journée à Lyon : il est difficile de se passer de la 4G, à tel point que j’ai eu beaucoup de mal à repasser à la 3G+, une fois rentré à Paris. Attention, on reste cependant dans l’univers mobile avec ses contraintes. Même si on se sent pousser des ailes avec des débits de folie, il ne faut pas oublier les plafonds mensuels de téléchargement (2, 4 ou 6 Go selon le forfait). Sinon, gare à la facture !

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Alexandre Salque (Micro Hebdo)