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Jean-Marie Messier au Zenith devant ses salariés

Dans un grand show de communication interne, le président de Vivendi Universal a réuni hier 4 000 de ses collaborateurs au Zenith de Paris. L’occasion de faire un point sur la stratégie du premier groupe multimédia français et de ses positions sur l’UMTS ou l’Internet. Reportage.

Il est 14 heures au Zenith, à Paris, jeudi 18 octobre. Alors que près de 4 000 collaborateurs de Cegetel, de Canal+, ou de SFR attendent leur président, des messages publicitaires sur écran géant vantent les produits de Vivendi Universal et mettent en avant, sous forme de montages photos, l’esprit d’équipe et la bonne humeur qui règnent dans l’un des plus grands groupes mondiaux du multimédia.Parfois, l’écran se fige. On entend alors quelques airs connus par tous, tous issus du catalogue d’Universal Music.Jean-Marie Messier arrive enfin. Les applaudissements sont unanimes, le président commence son show.

Des résultats qui “confortent notre position de numéro un”

Son introduction sera brève dit-il, mais nécessaire, avant de répondre aux questions des salariés. ” Le chiffre d’affaires du groupe est excellent : 75 milliards de francs cette année rien que pour la France. Les télécommunications rapportent 40 milliards au groupe, la télévision et les films 20 milliards, l’édition 10 milliards, la musique 5 milliards, et les activités Internet 500 millions de francs. Nous sommes leader en France, et en plus nous sommes une entreprise globale “, se réjouit Jean-Marie Messier.Certains salariés sont circonspects : ” Etes-vous sûr de savoir où vous allez aujourd’hui ? “, demande un collaborateur de Cegetel. ” Prouvez-nous que le groupe va bien”, lance aussitôt une autre personne.Messier sourit. Il estime que le groupe a réalisé 10 % de croissance interne cette année, et que la progression des marges s’élève à 35 %. ” Vivendi est le seul groupe à avoir atteint ses objectifs pour 2001 “, affirme-t-il.Pour rassurer ou démontrer qu’il sait effectivement où il va, il explique pourquoi Vivendi s’en sortira, ” même en cas de récession ” : ” Nous avons deux atouts par rapport à nos concurrents. Le chiffre d’affaires qui résiste le mieux en cas de crise est celui des abonnements. Cela représente 44 % de notre chiffre d’affaires. Les revenus les moins résistants proviennent de la publicité et de l’entrée dans les parcs d’attraction, cela représente moins de 5 % pour Vivendi, contre plus de 15 % pour les autres groupe média.”

Une stratégie de synergies

Récession ou pas, Jean-Marie Messier compte tirer profit de toutes les richesses du groupe. ” La mise en place de synergies nouvelles, c’est notre capacité de créer de nouveaux produits, de nouveaux contenus. “Pour exemple, Jean-Marie Messier cite l’accord récemment signé avec Luc Besson pour l’exploitation de son prochain film, mais aussi de sa musique, et évoque un produit éducatif nouvelle génération, qui permettra à tout un chacun d’apprendre l’anglais avec les films des studios Universal dès l’année prochaine. Mais attention, l’information est confidentielle.Puis il lance un appel à la salle : ” Quand vous avez une idée, n’hésitez pas à nous l’envoyer, c’est comme ça qu’on va renforcer note position de numéro un. “En vendant la force de frappe du groupe, il met ainsi dans sa poche tout futur créateur potentiel.

L’inquiétude de certains salariés

Dans de nombreuses questions issues de la salle, transparaissent toutefois quelques inquiétudes. ” Il y a deux ans, vous disiez que rien ne serait vendu. Or vous êtes en train de céder la presse professionnelle. Pendant que vous essayez de faire des profits, nous tentons de défendre la vie “, s’indigne un représentant syndical.Et Jean-Marie Messier de répondre du tac au tac : ” Quand on a créee 20 000 emplois en trois ans, on défend quoi ? Pour la cession des pôles professionnels, nous avons précipité la décision compte tenu de l’offre. Nous n’avons, à ce jour, aucun nouveau projet de vente.”” Et L’Express ? L’Expansion ? ” demande une jeune journaliste. ” Nous développerons des synergies, notamment avec Universal. “Pour ce qui est du secteur Internet, Messier ne promet rien. S’il continue à croire à Internet comme ” formidable canal de distribution et d’accès aux consommateurs”, c’est aussi un vecteur de pertes financières qu’il faut savoir contrôler en ” s’ajustant”.A grands renforts de chiffres, la direction montre qu’elle gère les crises sociales au mieux : priorité est donnée, dans le groupe, aux candidatures internes, et 90 % des personnes touchées par des plans sociaux en 2000 et 2001 auraient été reclassées.Mais une futur ex-salariée de Studio Canal ne reçoit aucune réponse quant à l’avenir incertain de cette filiale.

The show must go on

Après un film publicitaire sur les nouveaux produits du groupe, Jean-Marie Messier raconte alors la véritable histoire de l’UMTS. Il aurait de fait obtenu la parole du gouvernement d’abaisser le prix de la licence avant d’accepter de payer la première échéance.Mettant en avant sa puissance médiatique, mais aussi son pouvoir d’action, il promet à une collaboratrice d’appeler le ministre de la Santé, Kouchner, pour trouver une place dans un hôpital spécialisé à une salariée tombée dans le coma il y a plusieurs mois. Les applaudissements font rage.Une autre salariée monte sur le podium pour lui ” faire la bise ” et se faire prendre en photo avec lui, tout le monde éclate de rire. On demande alors à Jean-Marie Messier s’il avait le trac avant de venir : “Bien sûr”. Car derrière le président surmédiatisé, il y a aussi l’homme.Avec ses séquences ” force de frappes “, et ” émotion “, Jean-Marie Messier a néanmoins prouvé qu’il était capable de ” faire son Zénith “.Reste à savoir si tous ses salariés auront pris ses promesses, publicités et discours pour argent comptant.

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Mélusine Harlé