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Ingénieur d’études de 36 ans à nouveau sur le carreau

Derrière les annonces triomphantes de la baisse des chiffres du chômage, des informaticiens continuent à pâtir de pratiques plus ou moins douteuses. Et de pointer aux Assédic.

‘ La prestation s’est arrêtée début juin. Mon employeur a rompu mon contrat le dernier jour de ma période d’essai de trois mois ! Pour autant, le client était satisfait de mon
travail. ‘
Selon Tristan, cette rupture est intervenue pour des raisons budgétaires. Dernier arrivé sur le projet, il en a été le premier exclu ! Il s’agissait de travaux en tierce maintenance applicative pour la
maîtrise d’?”uvre. Et le voilà, à 36 ans, à nouveau sur le carreau.Son employeur, petite société de services informatiques, a clairement préféré s’en séparer plutôt que de le recruter et de le garder en intercontrat. Rentabilité oblige ! Et voilà notre informaticien encore au chômage.
Pourtant, il ne manque de courage ! Formé sur les grands systèmes et bien conscient de l’obsolescence qui guette ses compétences, il n’a pas hésité à se lancer dans une formation de trois mois à Java. Le langage à la mode qui,
selon les recruteurs, est un vrai sésame. Hélas, pas pour tous.La réalité est plus compliquée. En effet, lorsque Tristan, fort de ses nouvelles connaissances, a répondu à des offres d’emploi demandant des compétences en Java, sa candidature n’a pas fait le poids face aux profils plus
jeunes ou disposant déjà d’une expérience en la matière. Notre ingénieur d’études, s’est ainsi retrouvé ‘ piégé ‘. Son expérience ?” dix années derrière lui dans des environnements mini et
grands systèmes ?” lui colle à la peau. Et le saupoudrage en Java ?” hors l’intérêt personnel ?” ne vaut plus grand-chose sur son CV, dans la mesure où la formation n’a pas été immédiatement mise en
pratique puisqu’il a été recruté sur ses compétences anciennes.Le voilà donc à nouveau pointant aux Assédic. La situation de Tristan, à bien des égards, est significative des informaticiens dont on ne parle pas. Ils ne se targuent pas de hauts diplômes. Ils ne sont pas dans une niche pointue.
Pourtant, quand on a besoin de leurs compétences, ils assument. Mais dès que l’entreprise n’en veut plus, elle s’en sépare avant que cela ne lui coûte trop cher. Quitte à embaucher un remplaçant à moindre prix. On comprend, dans
ces conditions, que le nombre de chômeurs en informatique ?” de l’ordre de 36 000 ?” reste conséquent pour une profession qui se plaint de pénurie.*Rédactrice en chef adjointe de 01 Informatique.

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Anne-Françoise Marès*