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Gyricon, l’ère du papier électronique

Dans la société de l’information, les écrans jouent un rôle capital. Pourtant, si leur qualité s’améliore et leur encombrement se réduit, les écrans actuels présentent de multiples inconvénients. Ils sont fragiles, rigides, chers à produire et consomment beaucoup d’énergie.

Le Gyricon, mis au point par le Xerox PARC, se propose de constituer une solution originale pour pallier ces problèmes. Plutôt que de chercher à améliorer les écrans en tant que tels, Xerox veut innover en revenant à des notions plus anciennes, mais modernisées, pour répondre aux besoins actuels. Du coup, le concept du projet est plus proche de celui du papier que de la notion de moniteur.Ainsi, le Gyricon se présente-t-il comme des feuilles totalement souples et susceptibles d’être produites en toutes tailles. Composées de pellicules de plastique transparent emprisonnant plusieurs millions de minuscules ” perles ” bicolores pouvant tourner sur elles-mêmes, les feuilles présentent plusieurs des caractéristiques du papier.Un papier ” électronique “, sur lequel on écrit en faisant passer un faible courant électrique, suffisant pour orienter les perles et composer une image. Le procédé est simple, et n’est pas sans rappeler la notion d’ardoise magique, qui faisait jadis le bonheur des plus jeunes.On peut écrire sur du Gyricon à l’aide d’un banal crayon préalablement chargé électriquement. Et instantanément tout effacer, en appliquant à la surface un courant approprié. Selon Xerox, le matériau peut être utilisé plusieurs milliers de fois (écriture et effacement), tandis qu’une image créée est parfaitement persistante, tant qu’aucun nouveau voltage n’est appliqué à la surface.Les applications potentielles sont bien sûr multiples (à peu près aussi nombreuses que celles du papier traditionnel !). On pourrait avoir sur soi en permanence un rouleau de Gyricon, facilement dépliable et utilisable avec un stylo à pile. Ou encore tapisser une pièce de ce ” papier peint ” susceptible de changer de motifs au fil du temps et au gré de nos envies. Mais aussi imaginer de nouvelles machines, se présentant comme des scanners à main, pouvant jouer le rôle à la fois d’imprimante, de fax, de photocopieur et de scanner. L’emploi du Gyricon pourrait donc se généraliser et constituer une alternative intéressante aux écrans… et aux bloc-notes.On peut tout de même reprocher plusieurs choses à cette technique. D’abord, la résolution. Bien que pratique, le procédé est monochrome et ne permet pas en l’état de composer des images de qualité. On est plus proche des premiers écrans de montres à cristaux liquides que des écrans à plasma.Ensuite, par essence, on peut craindre pour la stabilité des images. Que se passe-t-il lorsqu’une feuille de Gyricon imprimée est posée près d’une source électromagnétique, comme une enceinte audio ou un téléphone mobile ?Mais le plus troublant est le concept lui-même. Après tout, est-il obligatoire de revenir à une notion ?” le papier ?” certes usuelle, mais par bien des aspects dépassée depuis longtemps ? Par exemple, une des applications envisagées par Xerox est un véritable livre électronique. C’est-à-dire un ensemble de feuilles de Gyricon, ” pilotées ” par une reliure électrique affichant à la demande les textes sur les pages. Le concept est plaisant, au moins pour les réfractaires à la lecture sur écran qui ne peuvent se passer de tourner ” physiquement ” les pages d’un livre.Mais cela représente-t-il une véritable valeur ajoutée par rapport aux livres électroniques existants, composés d’un simple écran, autorisant le défilement par simple clic ?Prochaine chronique le mardi 1er mai

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Cyril Fiévet