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Générer une partie de sa consommation électrique : il n’y a pas que le prix du kilowattheure qui compte

Les Japonais commencent à équiper leur foyer en panneaux solaires et autres éoliennes miniatures. Mais pas obligatoirement pour une question de rentabilité financière immédiate.

La France consomme chaque année 420 TW/h d’énergie. A titre indicatif, s’il fallait produire cette énergie à partir de l’énergie solaire, il nous faudrait à peu près 6 milliards de mètres carrés de
panneaux photovoltaïques orientés plein sud… et des systèmes de stockage d’énergie pour pouvoir consommer cette dernière lorsqu’on en a besoin.A l’évidence, ce n’est donc pas par ce bout-là qu’il faut prendre à court terme la question pour résoudre nos problèmes écologiques. Pour être sincère, les façons les plus pragmatiques n’ont rien à voir avec
l’électronique : doubler l’isolation thermique des maisons par exemple amputerait la facture totale d’un quart. Le savoir-faire existe dès aujourd’hui mais un tel programme ne peut s’envisager que sur cent ans
ou plus, le temps de refaire nos maisons…Les installations de chauffage solaire thermique sont par ailleurs aujourd’hui au point mais leur utilisation ne peut s’envisager que couplée à une installation classique pour pallier l’absence de soleil : il
faut donc investir dans deux solutions de chauffage au lieu d’une. C’est là un pur problème d’avantage fiscal (suffisant pour avoir amorcé la pompe au Japon) et… de maintenance.La troisième solution n’est pas aussi mûre mais au moins aussi intéressante du point de vue énergétique : c’est la cogénération dans les immeubles ou les maisons (un moteur alimenté au gaz fournit à la fois
l’électricité et la chaleur nécessaire au chauffage des immeubles avec l’eau de refroidissement du moteur ; l’électricité en surplus, peu coûteuse, est réinjectée dans le réseau). La solution passe par un maintien de la
séparation des deux entités EDF-GDF, la première ayant intérêt à tout faire pour empêcher le développement de cette solution (elle rachète alors l’énergie produite localement et elle vend moins d’électricité…). Seul le Japon est
en avance en la matière : il s’y vend déjà des blocs de cogénération à un prix de moins de 10 000 euros pour l’habitat individuel. Notons que cette solution intéresse l’électronique puisqu’elle nécessite un
convertisseur continu-alternatif synchronisé sur le réseau dans chaque installation. Si cette solution est quasi inconnue et peu étudiée en France, c’est peut-être du fait de ‘ l’inertie ‘
d’EDF.Sauf exception, l’éolien et le photovoltaïque ‘ individuels ‘, vu leur coût et leur disponibilité énergétique aléatoire, ne peuvent être considérés à court terme que comme des solutions d’appoint.
Or qui dit appoint dit pour le particulier budget limité et avantages indirects. Les fournisseurs d’éoliennes ‘ individuelles ‘ au Japon mettent en avant le côté ‘ amusant ‘ de posséder
quelque chose qui tourne en permanence et l’argument ‘ foyer écologique qui fait son devoir ‘. Pour les panneaux photovoltaïques, outre ce deuxième thème, c’est l’aspect aide publique qui est le plus
porteur au Japon.

Quel marketing pour l’énergie renouvelable ?

En France, ces thèmes ne motivent qu’à la marge. L’argument qui ferait mouche serait plutôt : ‘ Tout ce que vous produisez vous-même est déduit de votre facture EDF ‘
(c’est un peu comme les soldes : le Français moyen a plus tendance à s’intéresser aux réductions qu’aux prix ; de toute façon, personne ou presque ne connaît ici le prix d’un kilowattheure). Une facture EDF
motivante serait une facture qui comporterait une ligne : ‘ Ce mois-ci vous avez produit vous-même tant de kilowattheures, ce qui conduit à une réduction de tant. ‘ Autre avantage, indirect
celui-là, pour ceux qui produisent assez d’énergie localement : en cas de coupure de courant, il serait possible d’imaginer que le réseau local alimente au moins la chaudière, le congélateur et l’alarme. Ce réseau de
secours pourrait aussi être apte à recharger des batteries.Les systèmes éoliens individuels ont aujourd’hui deux avantages sur leurs homologues photovoltaïques : ils peuvent être ajoutés à un habitat individuel à tout moment (alors qu’une installation photovoltaïque
s’intègre à un toit, de préférence lors d’une construction nouvelle ou d’une réfection) ; ils peuvent par ailleurs coûter moins de 1500 euros et éventuellement être installés par le propriétaire : 1500 euros,
c’est un ticket d’entrée psychologiquement admissible pour mettre officiellement un pied dans les économies d’énergie. Avec le photovoltaïque, aujourd’hui, pour 1 500?, on ne peut presque rien faire de
vraiment attractif dans un foyer déjà raccordé au réseau EDF. Malheureusement. Mais cela changera un jour.* Directeur de la rédaction d’Electronique International Hebdo

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Jean-Pierre Della Mussia*