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Frédéric Serre : « il n’y a pas de limite aux usages des drones »

Delta Drone est l’un des leaders français du drone civil à usage professionnel. Agriculture, audiovisuel, secours, énergie ou inspection industrielle, rien ne semble pouvoir lui résister. Interview de Frédéric Serre, son cofondateur.

Au mois de janvier, Delta Drone signait un suprenant partenariat avec le groupe audiovisuel Sporever. Les deux sociétés s’apprêtent à proposer une nouvelle formation pour les opérateurs de prises de vue souhaitant se former au pilotage de drones. Frédéric Serre nous éclaire sur cette association et sur les autres activités de ce leader français du drone. 

01net : Etes-vous en train d’inventer un nouveau métier de cadreur/pilote de drone ?

Frédéric Serre : Nous avons conclu au mois de janvier un partenariat avec le groupe audiovisuel Sporever. Nous préparons une formation à destination d’un public de professionnels avertis qui veut se spécialiser et apprendre à filmer avec des drones. Sporever maîtrise toute la chaîne de l’image, de la prise de vue au montage. De notre côté, nous avons déjà une école de pilotage de drones. Ce nouveau centre de formation devrait ouvrir ses portes à la rentrée à Clichy. Et nous devenons, en plus, le prestataire exclusif de Sporever pour toutes ses productions audiovisuelles. C’est un secteur qui se développe mais les drones ne remplaceront jamais complètement les hélicoptères car ils ne peuvent transporter que des dispositifs légers de prise de vue et n’ont pas le droit de survoler les habitations.

A quel stade se trouvent vos tests avec les agriculteurs ?

Nous avons signé un accord avec Airbus Defence & Space et l’Institut du végétal Arvalis pour un nouveau service que nous testons depuis 2013 : Farmstar Expert. Nous proposons une expertise agronomique à partir d’informations provenant de trois sources différentes : des images satellites de grandes parcelles fournies par Airbus, d’autres prises par nos drones de type « avion » à voilure fixe qui peuvent couvrir de longues distances, et enfin des images captées par nos petits drones à hélice pour avoir davantage de précisions. Tout cela permet de dresser un diagnostic très précis de l’état des végétaux à l’échelle d’une parcelle. On distingue même des termites de 3 millimètres sur des vignes ! Ce qui permet de procéder à une agriculture dite de précision avec l’utilisation ciblée d’engrais et de produits phytosanitaires. On est capable de le faire aujourd’hui pour du colza, du maïs, du blé, de l’orge, des pommes de terre et de la betterave ! A terme, on pense que ce seront les coopératives qui stockeront nos drones, certains pouvant être pilotés par les agriculteurs eux-mêmes.

Pouvez-vous nous en dire plus sur votre partenariat avec la SSII indienne Wipro Limited ? (une des principales sociétés de services informatiques dans le monde ndlr)

Nous faisons le pari de développer à la fois le hardware et le software. Il faut pouvoir analyser, exploiter et partager les données collectées par les drones. C’est pour cette raison que nous nous sommes associés à Wipro Limited. Je pense que le développement du cloud sera l’une des clefs du succès des drones. Nous sommes en train de développer avec eux des solutions dans les secteurs de l’énergie, des mines et des carrières. Et grâce à eux, nous mettons un pied par la même occasion aux Etats-Unis où ils sont bien implantés.

 

Quels sont les autres secteurs qui présentent un gros potentiel de développement ?

La thermographie, par exemple. En 2015 en France, une contribution climat énergie sera appliquée à tous les utilisateurs d’énergies fossiles. Mais le Diagnostic de Performance Energétique peut concerner potentiellement tous les bâtiments du monde. C’est un marché planétaire car les drones permettent d’affiner les images thermiques des toitures et des façades. 

Leur utilisation est sans limite : inventaires de stocks dans les mines, surveillance de forêts ou inspection de bâtiments industriels, etc… On a maintenant des capteurs olfactifs capables de détecter une fuite de gaz mais aussi des micros pour communiquer avec des gens accidentés, par exemple. On peut même utiliser la traduction instantanée pour parler à distance avec des touristes anglais !

Et je suis de ceux qui trouvent réaliste le projet d’Air Prime d’Amazon. Nous avons d’ailleurs eu l’autorisation de déposer un ballon de rugby par un drone dans un stade de 20 000 personnes sans aucun problème de sécurité et avec une belle précision à l’atterrissage. On peut imaginer dans un futur proche que des couloirs aériens seront réservés aux drones qui feront des sauts de puce et se rechargeront sur les toits des stations de service, par exemple. Bref, le potentiel de ce marché est gigantesque et nous comptons bien en devenir l’un des acteurs mondiaux !

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Amélie Charnay